L’apprentissage intégré au travail a toujours été un élément crucial de l’éducation dispensée dans les collèges et instituts. Toutefois, comme bien d’autres activités ayant cours en temps habituel, ce type d’apprentissage a été remis à plus tard dès que sont entrées en vigueur les mesures de distanciation physique visant à freiner la propagation de la COVID-19. Dès qu’il sera possible, le redémarrage des programmes de stage, de placement en entreprise et d’autres modes d’apprentissage pratique constituera une priorité pour les collèges et instituts de tout le Canada. Ces diverses occasions d’apprentissage intégré au travail pourraient bien jouer un rôle important dans la reprise économique du pays, surtout si elles sont centrées sur l’innovation.
Depuis une dizaine d’années, les activités de recherche appliquée auxquelles participent des étudiants se sont multipliées dans les collèges et les instituts, lesquels ont mis à profit leurs liens avec les entreprises pour encourager l’innovation. Sachant que ces activités de recherche sont centrées sur l’apport de solutions concrètes qui répondent aux besoins des collectivités et aident les entreprises locales à relever divers défis, il va de soi qu’elles seront d’une importance cruciale dans la lutte contre la COVID-19. Chose plus importante peut-être, elles seront aussi déterminantes dans le soutien aux entreprises canadiennes à la recherche d’un nouveau mode de fonctionnement adapté à la réalité postpandémique.
De fait, les collèges et les instituts et leurs étudiants n’ont pas attendu pour apporter leur aide dans la lutte contre la pandémie. Que ce soit par la production de respirateurs et d’autres pièces de l’équipement de protection personnelle du personnel de santé à partir de l’impression 3D et d’autres techniques de fabrication avancée, ou par la création d’un système de suivi en temps réel de la propagation de la COVID-19 à partir de l’informatique en nuage, ils se sont mobilisés dans de nombreuses initiatives pour aider le Canada en ce temps de crise.
Une fois que la période critique sera passée, tout le monde devra faire preuve d’innovation et d’adaptation.
Ce sera notamment le cas des PME qui devront pour la plupart adapter leur modèle d’affaires. Pour y parvenir, le recours aux étudiants peut être profitable à tous : les PME, qui peuvent s’inspirer des perspectives inédites des étudiants pour relever les défis qui se posent à elles, et les étudiants, qui peuvent obtenir de précieuses occasions d’apprentissage en milieu de travail dans les PME.
C’est là que les centaines de centres de recherche appliquée et de laboratoires situés dans les collèges et les instituts canadiens ont un rôle à jouer. Du fait du large éventail de domaines dans lesquels ils opèrent, qui peuvent aller de la fabrication de pointe à l’agroalimentaire, en passant par les technologies numériques et les technologies écologiques, les ressources naturelles, les sciences de la santé, le tourisme ou encore l’innovation sociale, ils peuvent favoriser la création de liens entre les entreprises et les étudiants. Ils donnent par ailleurs l’occasion à ces derniers de démontrer leurs talents, tout en stimulant l’innovation dans les collectivités locales.
Pour la seule année 2017-2018, les établissements membres de Collèges et instituts Canada ont établi plus de 7300 partenariats industriels en vue de produire plus de 4400 prototypes, produits, procédés ou services dont 87 % ont abouti en moins d’un an. Notons que 77 % de ces partenariats ont été noués avec des entreprises du secteur privé, des PME pour la plupart.
Durant cette même année, ce sont 53 000 étudiants qui ont pris part à des projets de recherche appliquée menés dans des laboratoires et centres de recherche des collèges et instituts, et ainsi apporté un soutien aux divers secteurs économiques du pays. Ces projets leur ont donné l’occasion de mettre en application leurs connaissances et compétences pour résoudre des problèmes concrets et travailler avec des employeurs potentiels dans leur domaine d’études.
Pour que les étudiants aient accès à un plus large éventail de possibilités de ce genre, CICan a signé en février dernier une entente sans précédent avec Mitacs Canada afin de créer jusqu’à 1000 stages de recherche au cours des cinq prochaines années. Cette entente donnera à un plus grand nombre d’étudiants de collèges et d’instituts de tout le Canada l’accès à des possibilités d’apprentissage intégré au travail liées à des projets de recherche.
Elle leur permettra de nouer des liens avec des partenaires de l’industrie et d’autres chercheurs. Elle contribuera par ailleurs à accroître l’impact déjà important qu’ont les collèges et les instituts sur les collectivités locales de l’ensemble du pays, notamment en milieu rural et nordique. Elle permettra aussi de renforcer les relations qu’ils entretiennent avec leurs partenaires communautaires et économiques. Enfin, cette entente élargira l’accès aux possibilités de recherche pour les étudiants de groupes sous-représentés qui étudient traditionnellement dans le collège ou l’institut de leur région d’origine.
Dans le cadre de la lutte contre la pandémie, Mitacs a par ailleurs obtenu du gouvernement fédéral 40 millions de dollars de financement additionnel pour favoriser les projets de recherche liés à la COVID-19 et créer 5000 nouveaux stages pour les étudiants du postsecondaire. Cette aide complémentaire contribuera à multiplier les possibilités de collaboration, en particulier dans le secteur de la recherche en santé, comme celle qui a lieu entre l’Algonquin College, le Centre de recherche novatrice sur le cancer et l’Institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa. Cette collaboration a permis à des étudiants du collège d’acquérir des compétences de recherche de base en sciences de la santé, notamment pour analyser des cellules cancéreuses et en faire la surveillance.
Le gouvernement du Canada a aussi adapté son programme de stages pratiques pour étudiants afin d’aider étudiants et employeurs durant la pandémie en continuant d’offrir aux employeurs des subventions salariales pour le recrutement d’étudiants. Sachant que la date du début du stage et la durée de celui-ci risquaient d’être affectées par la pandémie, il a pris des mesures temporaires pour faciliter l’accès au programme et permettre aux étudiants d’effectuer leur stage à distance.
Comme le montrent les aides fédérales actuelles, même en temps de crise, la mobilisation des étudiants demeure une façon habile d’encourager l’innovation communautaire. En multipliant les possibilités d’apprentissage intégré au travail qui leur sont offertes, nous veillons non seulement à les préparer au monde du travail de demain, mais aussi à leur donner l’occasion de jouer un rôle véritable dans la vie du pays. En temps de pandémie comme celle que nous traversons en ce moment, où chacun doit faire sa part pour relever des défis sans précédent, cela est sans doute plus important que jamais.