C’est là que nous nous sommes rencontrés. Vincent cherchait à mettre en mots son expérience. Il m’a demandé de collaborer à son projet documentaire à titre de professionnelle de l’orientation. Voici l’essentiel des questions qu’il m’a posées et certaines d’entre elles seront utilisées dans son documentaire. Bien sûr, Vincent m’a autorisée à partager son expérience.
Selon vous, quelle est la situation actuelle en ce qui a trait à la connaissance de soi dans la société?
La question est large, Vincent.
La connaissance de soi est un sujet peu fréquenté. Aujourd’hui, comme il y a sans doute plus de 100 ans. Pas intéressant? Non, mais la connaissance de soi nécessite qu’on se dépose un moment. Et ça, très peu de gens le font à moins d’y être contraints. Toutefois, on peut dire que la connaissance de soi relève de la philosophie. Les philosophes de l’Antiquité savent en parler avec brio. Ces lectures sont d’ailleurs toujours d’actualité et méritent qu’on s’y attarde si on s’intéresse au bonheur.
Qu’est-ce que la connaissance de soi?
Pour moi, il s’agit d’une démarche visant à situer ce que nous sommes véritablement, sans masque social, sans perceptions ni croyances, sans conditionnement matériel. En orientation professionnelle, le concept de soi fait référence aux perceptions et croyances que nous entretenons face à nous-même : celles qui sont fondées sur les appréciations positives ou négatives de nos proches, nos propres perceptions de nos comportements et les comparaisons que nous faisons entre nos performances et celles des autres autour de nous.
Quelle est l’importance d’apprendre à se connaître et comment y parvient-on?
Il importe de se connaître pour pouvoir prendre des décisions pertinentes et adaptées aux situations. Lorsqu’on ne se connaît pas, on s’égare et on perd beaucoup de temps dans une si courte vie. On y parvient comment? En se détachant temporairement du regard des autres pour consulter son propre système d’autoguidage. On a tous un GPS. Quand on prend des décisions ou qu’on vit sa vie en fonction du GPS programmé pour autrui, on se perd. Ainsi, les questions suivantes peuvent nous guider :
- Qu’est-ce qui m’inspire?
- Qu’est-ce qui me rend satisfait?
- Qu’est-ce qui me donne de l’énergie? Qu’est-ce qui m’en tire?
- Qu’est-ce que je sais faire avec facilité? Communiquer, rire, écouter…
- Comment j’aime bouger, me vivre dans mon corps?
- Quelles valeurs me tiennent à cœur?
Il y a 1000 questions qu’on peut se poser personnellement pour mieux se connaître. Le cumul de ces réponses permet de prendre des directions, des décisions, d’apprendre à dire oui et à dire non, de poser ses limites.
Parlez-nous des peurs qui nous bloquent, de la peur du jugement d’autrui
La peur est notre principal mécanisme de survie. C’est une fonction très utile pour répondre à une menace imminente. Or, si c’est la peur du jugement d’autrui qui nous bloque, là on est à risque d’erreur dans nos décisions et actions. La peur du jugement d’autrui renferme un fort contenu émotionnel. Si l’on agit avec intelligence émotionnelle, on va pouvoir exprimer à qui de droit, qu’on risque de déplaire mais qu’on ne peut éviter de prendre telle ou telle décision, car ça répond à une motivation justifiée, réaliste et réalisable. On mesure sans cesse combien un projet nous tient à cœur en motivant notre intérêt ou en l’abandonnant.
Les phénomènes abordés dans mon documentaire peuvent-ils s’appliquer à différents moments de la vie : les jeunes de 20 ans, comme ceux de 60 ans?
La connaissance de soi n’a pas d’âge. Tout au long de la vie, nous apprenons à nous connaître, surtout par nos erreurs et nos échecs. Les succès nous confortent ou nous donnent l’énergie pour nourrir de nouveaux projets. Nous traversons plusieurs stades de développement au cours de la vie : enfance, adolescence, jeune adulte, maturité, vieillesse… Chaque stade comporte ses défis, ce qui nous force ou nous invite à nous connaître davantage. On n’est cependant pas obligé de mieux se connaître. C’est une démarche qui s’adresse uniquement à ceux et celles qui ont soif d’apprendre à être heureux.
Les personnes introverties/extraverties et comment abordent-elles leur propre connaissance de soi et les défis?
Les personnes introverties l’aborderont davantage en observant leurs réactions, leurs émotions face aux situations de vie. Elles souhaiteront mieux les comprendre, leur donner un sens. Les personnes extraverties se connaîtront davantage à travers leurs interactions avec autrui. Ce sera souvent par essais-erreurs. Elles apprendront à se connaître de façon beaucoup plus comportementale qu’analytique.
Si tu avais un seul conseil à offrir à tes enfants pour s’accomplir…
Je répèterais alors celui que j’ai offert aux miens : Découvre et expérimente tout ce que tu souhaites pour ta vie. Tout. Rappelle-toi aussi que tu es totalement et le seul responsable de ta vie.
Vincent navigue présentement les étapes de postproduction de son documentaire. Voici un lien vers son site : https://www.vincentboily.com/