L’engagement… à notre époque, on dirait que pour plusieurs ce mot a un côté un peu vieillot, dépassé. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, l’engagement était mis de l’avant autant par les personnes que par les institutions. Si on se mariait, c’était pour la vie; il était fréquent que les gens travaillent pour le même employeur pendant 30 ans; les joueurs du Canadien avaient le CH tatoué sur le cœur et ainsi de suite.
Des questions en découlent : Est-ce que les gens étaient plus engagés avant? Est-ce que le fait de travailler 30 ans pour la même compagnie fait de moi quelqu’un d’engagé? Est-ce que le fait d’être en couple pendant 30 ans fait de moi quelqu’un qui s’est engagé dans ce couple? La réponse à ces questions n’est pas automatique : on peut travailler 30 ans pour une même compagnie et détester chaque minute de ces 30 ans. De même, il y a des couples qui ont passé leur vie ensemble et de qui on apprend, après coup, qu’ils ne se parlaient presque plus ou que leur vie au quotidien était l’enfer. Où est l’engagement dans ces deux cas?
Mais au fait, qu’est-ce que l’engagement? Dans le domaine professionnel, on parlera souvent d’un état psychologique qui amène la personne à éprouver de l’attachement envers un métier et les pratiques qui en découlent, envers un domaine, envers son milieu professionnel. Au point de vue amoureux ou relationnel, la définition est similaire, car là aussi on parlera d’attachement. L’engagement peut également être défini comme le fait de se consacrer à quelqu’un, à quelque chose; comme le fait de se donner une direction et de, littéralement, creuser son sillon. J’ajouterais à cela le fait que l’engagement, par la notion d’attachement, ne signifie donc pas de faire les choses ou d’être en relation en mode « pilote automatique ».
La nuance est importante, car elle fera vivre, à la personne engagée et à ceux et celles qui la côtoient, une expérience différente de celle d’être face à une personne qui fait les choses du bout des lèvres.
Pensez-y : préféreriez-vous rencontrer un professionnel de la santé qui aime son métier et qui s’investit auprès de ses patients ou un professionnel qui vous regarde à peine et pour qui vous n’êtes qu’un dossier de plus ?
Nous avons tous connu des enseignants ou des enseignantes qui nous ont marqués. Plus près de nous, nous avons peut-être eu des parents qui nous ont montré ce chemin par leur propre exemple. Les personnes que nous admirons sont souvent des personnes qui se sont engagées, justement, dans leur profession, dans leur couple, envers leurs enfants. Pourquoi alors avons-nous, pour beaucoup, perdu ce désir de nous engager? Sans doute parce que l’engagement présuppose de ne pas garder toutes les options ouvertes (alors qu’il est souvent bien vu de le faire); il demande qu’on se consacre à une personne, à une profession, à une cause; il nous fait vivre des moments plus « plates », moins passionnants, voire astreignants. Ce ne sont pas des mots très à la mode présentement.
Il ne s’agit pas ici de juger négativement les personnes qui, pour toutes sortes de raisons, ont mis fin à leur couple ou ont quitté leur profession. Il y a toutes sortes de raisons – bonnes ou moins bonnes (la pandémie actuelle en est une) qui amènent les gens à devoir prendre des décisions de rupture qui peuvent être parfois de leur fait, parfois non. La vie moderne est complexe et n’est pas toujours propice à favoriser l’engagement sous toutes ses formes.
Alors, si on simplifiait le tout (sans être simpliste)? Dans le domaine professionnel, on constate que l’engagement des employés est directement lié à leur sentiment de bonheur et de satisfaction. En s’engageant, on augmente ainsi les possibilités de donner du sens à sa vie. Que ce soit en faisant nos tâches, toutes les tâches, avec cœur, avec présence. Que ce soit en approfondissant un sujet, un domaine. Que ce soit en prenant soin des personnes qui nous entourent. Chaque petit geste compte, si on le fait avec présence, avec attention, en s’y adonnant. En s’engageant.