La technologie peut-elle sauver l’éducation préscolaire d’un exode massif de la main-d’œuvre?
Marché du travail

La technologie peut-elle sauver l’éducation préscolaire d’un exode massif de la main-d’œuvre?

Les milieux de la formation, de l’éducation et du travail sont très au fait de la pandémie et des enjeux que celle-ci a soulevés à travers le monde. Chaque milieu de l’écosystème du monde du travail ou académique, voire gouvernemental, a dû revoir ses façons de travailler, de proposer des cours, des formations et de poursuivre son but d’assurer sa pérennité. Bien que la pandémie chamboule de nombreux milieux, elle a mis en relief, la plupart du temps, les problématiques déjà existantes. 

L’utilisation des technologies des communications et de l’information a pris un essor majeur dû, entre autres, au télétravail qui s’est imposé comme une norme dans plusieurs milieux. De ce fait, malgré un retour possible sur les lieux de travail, de nombreux employeurs ont conservé ce mode de travail ou l’utilisent de façon hybride, soit en alternance avec des journées de travail au bureau. 

Au Québec, la pénurie de main-d’œuvre était un phénomène déjà reconnu avant l’arrivée de la COVID -19 au regard des départs massifs à la retraite de la génération des baby-boomers. Cette situation a pris des proportions gigantesques et les employeurs doivent se montrer créatifs pour attirer et retenir la main-d’œuvre.  

Une pénurie de main-d’œuvre, l’absence de service de garde de qualité et des femmes qui doivent rester ou retourner au foyer contribuent à la pénurie.
Ces points m’amènent à aborder la situation des éducatrices en services de garde. Celles-ci aident au développement et aux apprentissages de la génération future. Ce travail, souvent sous-estimé, est louable et devrait être encensé, car il permet à l’économie de fonctionner, puisque les travailleurs mettent entre leurs mains, en toute confiance, leur chère progéniture. En outre, si nous reculons un peu dans l’histoire du Québec, la création des Centres de la Petite Enfance (CPE) a permis aux femmes d’accéder au marché du travail plus aisément. Cependant, dans ce milieu, que l’on juge typiquement « féminin », comme de nombreux autres qui portent la même étiquette, l’on constate que l’équité salariale, des conditions de travail et des avantages sociaux ne font que poursuivre la mise en silo de ces travailleuses. 

Le milieu des services de garde peine à attirer des éducatrices formées et se voit incapable de les retenir. Le constat est que la mère, qui a très souvent les responsabilités familiales, ne peut entrer ou retourner sur le marché du travail. En ce sens, on constate une boucle. Une pénurie de main-d’œuvre, l’absence de service de garde de qualité et des femmes qui doivent rester ou retourner au foyer contribuent à la pénurie. 

Il existe mille et une solutions, mais une partie de celles-ci sont en lien avec la formation initiale, puis la formation en emploi. Dans une optique de facilitation de la conciliation travail-famille, ces solutions devraient valoriser l’utilisation des diverses technologies. Le Métavers, bien que toujours en développement, offre des possibilités infinies.

Cette technologie permettrait à une éducatrice de vivre une situation de vie réelle dans un milieu de garde, d’interagir et de pouvoir corriger ses actions.

Par exemple, elle pourrait se retrouver dans une formation dans laquelle elle devrait gérer son groupe alors qu’un enfant est en crise. En ce qui a trait à la formation initiale – suivie assis dans une classe la plupart du temps et devenue un peu archaïque –, elle gagnerait à valoriser davantage les outils interactifs. Il est question ici du Métavers et de ses possibilités, mais cette technologie est toujours en construction. Bien que prometteuse, cette technologie reste à explorer et deviendra un incontournable dans tous les milieux. Néanmoins, ce nouveau terrain de jeu technologique devra faire l’objet de recherches, car à ce jour, aucune législation, norme ou encadrement n’existe et son utilisation peut occasionner, par exemple, des problèmes de confidentialité. 

Il serait pertinent que ces milieux de travail et scolaires revoient leurs façons d’offrir les formations, en utilisant les technologies qui évoluent de façon dynamique, dans une optique d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Les divers outils des technologies de l’information et des communications offrent de multiples possibilités que ce soit par l’utilisation d’outils collaboratifs, de communication, pour l’organisation du travail d’équipe, et j’en passe. Le monde du travail est en pleine transformation et nous ne pouvons qu’entrevoir les possibilités offertes par ces technologies tant dans le milieu du travail que dans le monde de l’éducation/formation. Comme toute médaille a son revers, nous constatons une fracture numérique où tous n’ont pas les mêmes ressources financières, matérielles et humaines donc, un manque d’équité quant à l’accès à ces mêmes technologies. Bien entendu, dans le cas des éducatrices en service de garde comme dans de nombreux autres métiers, il faut valoriser l’équité salariale et les conditions de travail. Cela ne peut être que des mesures gagnantes. Si la technologie est la solution miracle dans ce domaine, il serait judicieux de voir les choses dans son ensemble. Tout un écosystème gravite autour des éducatrices en service de garde, le gouvernement provincial légifère le milieu, des syndicats veillent au bien-être de leurs membres, les cégeps forment la main-d’œuvre. L’attraction et la rétention, dans ce domaine, sont dans un engrenage qui évolue en synergie avec le monde du travail et de l’éducation. 

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.    

Étudiante au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, Emilie est titulaire d’un MBA en gestion des affaires numériques, d’un certificat d’excellence pour le programme court de 2e cycle en gestion contemporaine de la TÉLUQ et d’un baccalauréat en administration concentration ressources humaines. Elle est également membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés depuis 2015. Elle cherche toujours à apprendre, à contester les silos des milieux académiques, puis de travail, et à maximiser l’utilisation des technologies. Elle s’intéresse principalement au Métavers, à la réalité virtuelle, augmentée, voire hybride. Ses recherches ont une tendance féministe, afin d’offrir des formations favorisant l’équité d’accès aux formations et aux conditions de travail.
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Étudiante au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, Emilie est titulaire d’un MBA en gestion des affaires numériques, d’un certificat d’excellence pour le programme court de 2e cycle en gestion contemporaine de la TÉLUQ et d’un baccalauréat en administration concentration ressources humaines. Elle est également membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés depuis 2015. Elle cherche toujours à apprendre, à contester les silos des milieux académiques, puis de travail, et à maximiser l’utilisation des technologies. Elle s’intéresse principalement au Métavers, à la réalité virtuelle, augmentée, voire hybride. Ses recherches ont une tendance féministe, afin d’offrir des formations favorisant l’équité d’accès aux formations et aux conditions de travail.