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En échangeant avec des collègues au cours de rencontres de codéveloppement, en formation ou en supervision, il est souvent question du déroulement, de la durée et de la fréquence des réunions de consultation et des difficultés à y répondre. J’ai pensé vous faire part de ce qui me guide pour me donner les conditions gagnantes afin de maximiser mes interventions.
Durée et déroulement des rencontres
- Ai-je informé la personne relativement au déroulement de la démarche et des rencontres ainsi que de leur durée?
La durée de la plupart des rencontres professionnelles varie de 50 à 60 minutes. J’exclus les ateliers ou des réunions qui visent un aspect technique requérant souvent une séance de travail prolongé, entre autres l’aide à la rédaction d’un CV, les méthodes de réseautage ou la préparation d’une entrevue avec ou sans simulation. Je parle plutôt ici de sessions de counseling.
Le domaine de l’orientation et du counseling a évolué depuis ses débuts, il y a plus de 80 ans, cependant plusieurs ont gardé une conception plutôt réductive de notre pratique et de notre rôle. Ainsi, commencer la démarche en précisant comment nous travaillerons ensemble, en clarifiant notre rôle et le sien, est habituellement efficace pour que la personne comprenne ce qu’est le counseling de carrière. Cela impliquant des interventions qui abordent son indécision, sa démotivation, les difficultés ainsi que les obstacles rencontrés sur le plan psychologique; bref, cela ne concerne pas seulement des activités d’exploration ou des tests psychométriques qui, malheureusement, nous collent encore à la peau professionnelle.
- La personne a-t-elle un moyen de savoir que nous arrivons à la fin de la rencontre?
« C’est déjà terminé! » Un commentaire que l’on peut entendre si la personne n’est pas en mesure de voir passer le temps. Un moyen d’y remédier : mettre une horloge bien en vue pour éviter la surprise et l’inconfort de fin de rencontre. Simpliste, me direz-vous. Oui peut-être, mais efficace et moins frustrant.
De plus, s’arrêter cinq à dix minutes avant la fin du temps prévu pour, d’abord, faire le point et s’assurer que la personne comprend bien les observations et les activités qu’elle a à exécuter d’ici le prochain rendez-vous. Et s’assurer d’obtenir une rétroaction afin de mesurer l’impact de nos interventions, en posant deux questions simples : « Qu’est-ce qui a été utile? » et « Qu’est-ce qui aurait pu rendre la rencontre plus utile? » Très éclairant.
- Prolongez-vous volontairement ou non une rencontre de counseling? La prolonger est-elle plus efficace?
Elle montre sa vulnérabilité. Elle fait preuve de concentration et d’introspection. Cela provoque parfois même de vives réactions et émotions qui l’ont amenée à une prise de conscience importante. Alors, respecter l’horaire prévu et s’arrêter est probablement la meilleure chose à faire. Comme le suggère une phrase de l’écrivain Éric Emmanuel-Schmitt : « Quand on s’est beaucoup ouvert, il faut savoir se replier. »
- Quelle est mon intention quand je poursuis la rencontre au-delà du temps prévu?
Si c’est à la demande de la personne, pourquoi j’accepte de le faire? Quel est le but visé? Est-ce que je réagis à un malaise face à l’issue de la rencontre? Faut-il que la personne reparte satisfaite, contente? Cette demande provient-elle d’un comportement problématique de sa part? Reproduit-elle ce comportement dans d’autres aspects de sa vie? Si c’est le cas, mon rôle est justement de l’aborder. Cependant est-ce le bon moment de le faire?
- Ai-je un plan d’intervention? Un plan pour la structurer?
J’utilise une Fiche entre les rencontres afin d’aider la personne à poursuivre le travail amorcé ensemble. Elle l’utilise pour observer et noter ce qui se passe entre les rendez-vous. De mon côté, cette fiche me guide pour adapter mon plan d’intervention selon les informations recueillies. Que s’est-il passé? Qu’a-t-elle observé? Qu’a-t-elle mis en place?
Rappelons-nous que la plus grande partie des changements que l’on vise s’effectue en dehors des rencontres.
Fréquence des rencontres
- À quel intervalle dois-je les prévoir?
Il va sans dire que l’intervalle varie selon la situation et le contexte. Plus d’une rencontre par semaine s’il y a crise ou urgence, une difficulté imprévue, un besoin immédiat comme une entrevue prochaine ou encore le fameux 1er mars.
Des rencontres plus espacées, aux deux ou trois semaines, au mois, seront plus appropriées selon des contextes différents. Par exemple, un budget limité, une urgence dans un autre domaine de sa vie, un échéancier éloigné, un examen à venir, un horaire chargé dû à un travail à temps plein exigeant, un déplacement professionnel, un parent avec garde partagée, un coaching de perfectionnement ou de performance.
La question à se poser après une séance de counseling : selon mon jugement clinique, quel est le temps nécessaire pour que la personne chemine dans sa démarche, en tenant compte des éléments qui précèdent?
Pour faire participer la personne et l’aider à se responsabiliser dans sa démarche, je l’invite à répondre à la question suivante : « À quelle fréquence aimerais-tu qu’on se voie? ». En lui demandant ce qu’elle suggère plutôt que lui dicter la marche à suivre, j’évalue si sa réponse contribue au progrès de sa démarche ou si elle manifeste une stratégie d’évitement face à un quelconque obstacle ou à une décision difficile à prendre. Se sent-elle impuissante et me remet-elle ainsi le problème entre les mains? Au besoin, j’interviens sur sa suggestion : je questionne, je valide et, ensemble, on s’adapte.
En fait, tout cela est issu d’une pratique réflexive et revient à mettre la personne au cœur de la démarche. À tout moment, je me rappelle que mon rôle est d’accompagner la personne dans une démarche pour laquelle j’ai une obligation de moyens et non pas une obligation de résultats.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre




