Les obstacles à la carrière des jeunes après la pandémie et les prochaines étapes
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Cet article fait partie de la série thématique « Préparation des jeunes à la carrière ». Restez à l’affût sur OrientAction dans les jours à venir pour plus d’articles thématiques, ou inscrivez-vous à notre infolettre hebdomadaire OrientAction en bref pour recevoir les publications thématiques.
La pandémie a eu des répercussions sur tous les aspects de notre vie, et ses effets se font encore sentir aujourd’hui, en particulier chez les jeunes vivant dans des communautés à faible revenu. Pour de nombreux élèves avec lesquels Passeport pour ma réussite travaille, le retour à la « normale » s’est accompagné d’une nouvelle série d’obstacles auxquels ils sont confrontés, et leurs besoins sont différents de ce qu’ils étaient avant la pandémie.
Voici quelques-uns des changements que nous avons constatés de visu :
Difficultés scolaires
La pandémie a perturbé l’apprentissage de manière durable. Certains élèves continuent à éprouver des problèmes de motivation, d’organisation et de concentration. Les résultats des tests standardisés sont en baisse, notamment en langue, en mathématiques et en sciences (OCDE, 2023, en anglais seulement).
La reprise de l’apprentissage en personne a également créé de nouveaux obstacles. Des classes plus nombreuses et une plus grande diversité des besoins des élèves (Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2025), notamment une proportion plus élevée de jeunes nouveaux arrivants et d’élèves ayant des styles d’apprentissage différents (Smith, Crooks et Baker, 2021, en anglais seulement). Cependant, les écoles et les enseignants ne disposent pas des ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins (Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2025; Dubinski, 2025, en anglais seulement; Meilleur, 2025, en anglais seulement).
Difficultés économiques et besoins financiers
Les difficultés financières peuvent avoir une incidence intrinsèque sur l’apprentissage des élèves. Dans certains cas, ces derniers sont obligés de travailler davantage pour subvenir aux besoins de leur famille, ce qui leur laisse encore moins de temps pour se concentrer sur leurs études. En outre, la hausse rapide de l’inflation a contribué à l’augmentation du coût des aliments. Selon Statistique Canada, le coût des aliments a augmenté de 19,1 % de 2018 à 2022, ce qui a entraîné une hausse persistante de l’insécurité alimentaire (Statistique Canada, 2024).
Par exemple, 34 % des Canadiens vivant dans la pauvreté indiquent se trouver en situation d’insécurité alimentaire (Statistique Canada, 2024).
Ces pressions financières accrues signifient que les jeunes doivent naviguer dans un environnement de plus en plus complexe, caractérisé par la crainte du chômage, le manque de moyens de transport abordables et l’insécurité alimentaire.
Entraves au développement socio-affectif
Les effets de l’isolement à long terme, provoqués par la pandémie, ont profondément affecté les réseaux communautaires des jeunes – des réseaux qui, dans les communautés à faible revenu, étaient déjà vulnérables (Barker et coll., 2022, en anglais seulement). De nombreux jeunes connaissent des niveaux préoccupants d’anxiété sociale et de dépression (Association canadienne pour la santé mentale, 2023; Statistique Canada, 2025), ce qui peut entraver leur participation à des réseaux de soutien qui encourageraient leur réussite à long terme. Sans la possibilité de nouer des liens avec des mentors de confiance ou des adultes qui les soutiennent, il leur est plus difficile d’acquérir la confiance en eux, les aptitudes à communiquer et la résilience dont ils ont besoin pour s’épanouir.
Quelles sont les prochaines étapes?
Ces difficultés soulèvent une question importante : comment les organismes au service des jeunes peuvent-ils aider ces derniers à s’adapter et à réussir dans un monde post-pandémique? À Passeport pour ma réussite, nous avons constaté que la clé pour répondre à ces changements est d’adapter les programmes et d’allouer des ressources pour soutenir ces nouveaux besoins au fur et à mesure qu’ils apparaissent, afin de rencontrer les élèves là où ils se trouvent.
Prenons l’exemple d’Andrea, une ancienne élève de notre établissement de Lawrence Heights à Toronto. Pendant ses études secondaires, elle assumait de nombreuses responsabilités à la maison, s’occupant de sa jeune sœur et des tâches ménagères pendant que sa mère travaillait. Elle devait donc souvent manquer des cours ou arriver en retard, ce qui lui causait des problèmes à l’école.
Grâce aux séances de mentorat organisées dans le cadre du programme de Passeport pour ma réussite, Andrea a pu surmonter les obstacles auxquels elle était confrontée et repenser son avenir. Elle a trouvé une communauté de personnes qui l’ont soutenue et qui l’ont aidée à rester concentrée sur ses études, indépendamment de ce qui se passait dans sa vie. Après le programme de Passeport, elle a étudié la planification d’événements spéciaux au collège George Brown, tout en travaillant comme superviseure à MLSE et comme superviseure d’établissement pour un groupe hôtelier. Andrea a récemment obtenu son diplôme collégial et souhaite travailler dans le domaine des salons commerciaux et des événements en direct.
Pensons aussi à Fatima, une ancienne élève de notre établissement de Pointe-Saint-Charles, à Montréal. Celle-ci était aux prises avec des problèmes familiaux et de santé mentale qui nuisaient à ses résultats scolaires. Grâce au soutien de Passeport pour ma réussite, elle a pu acquérir des techniques d’étude qui lui ont permis de mieux se concentrer sur ses devoirs. Fatima a également été mise en contact avec des ressources thérapeutiques, ce qui l’a aidée à prendre des mesures positives pour améliorer sa santé mentale. Au fil du temps, Fatima a commencé à prendre confiance en elle et à améliorer ses notes, ce qui lui a valu d’obtenir son diplôme d’études secondaires. Elle étudie maintenant à l’université pour devenir pharmacienne.
Des histoires comme celles d’Andrea et de Fatima soulignent la façon dont des réseaux de soutien dévoués, l’accès à des ressources en santé mentale et la possibilité de tisser des liens avec des adultes bienveillants contribuent au bien-être général et à la réussite à long terme des élèves vivant dans des communautés à faible revenu. Nous en profitons tous en bâtissant une économie plus équitable et en brisant le cycle de la pauvreté. Tandis que le paysage post-pandémique continue d’évoluer, nous espérons que ces données viendront motiver et éclairer d’autres personnes travaillant aux côtés des jeunes – afin qu’ensemble, nous puissions veiller à ce que tous les jeunes aient la possibilité de réussir.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.

