Entrevue d'embauche
Marché du travail

Recruter en 2025 – comment éviter de perdre vos talents… avant leur arrivée

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Imaginons : vous venez tout juste de recruter la bonne personne. Le processus a été long, rigoureux, coûteux. Vous avez épluché des dizaines de CV, mené plusieurs entrevues, appliqué vos outils de sélection et pris une décision.
Youpi! Votre candidate idéale accepte l’offre.

On célèbre? Pas tout de suite…

Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. Votre nouvelle recrue vous annonce que son employeur actuel lui a fait une contre-offre : une augmentation, une promotion, peut-être même plus de vacances. Ce scénario, autrefois rare, est aujourd’hui devenu fréquent. En contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, les entreprises n’hésitent plus à « racheter » leurs talents… juste avant qu’ils ne quittent.

Recruter ne suffit plus, il faut séduire jusqu’au bout

Aujourd’hui, les candidats et candidates pèsent chaque décision. Ils sont influencés par leur entourage, leur gestionnaire actuel… et leurs propres hésitations.

C’est là que le rôle des employeurs visionnaires prend tout son sens. Pour prévenir ces revirements de dernière minute, voici quelques mesures concrètes à intégrer dès maintenant dans vos pratiques de recrutement.

1. Parlez des contre-offres dès l’entrevue

Demandez clairement à la candidate ou au candidat quelle serait sa réaction si leur employeur actuel tentait de retenir ses services. Les signaux d’alerte sont souvent visibles dès le départ. Autant les voir venir.

2. Comprenez les vraies motivations

Si le changement est uniquement motivé par une hausse de salaire, attention! Ce type de motivation est facilement récupérable par leur employeur actuel. Ce n’est pas à vous de jouer à qui paie le plus.

3. Maintenez le lien jusqu’au jour 1

Le moment où une offre est acceptée est crucial. Un silence entre l’acceptation et l’entrée en poste est un terrain fertile pour les doutes… et les contre-offres. Restez en contact. Démarrez l’accueil et l’intégration.

4. Clarifiez ce qui vous distingue

Parlez de votre culture, de vos valeurs, de vos projets. Présentez votre organisation, et non pas juste le poste. C’est souvent l’expérience globale qui fait pencher la balance votre faveur.

5. Multipliez les points de contact

Offrez une rencontre additionnelle avec un membre de l’équipe ou un gestionnaire. Cela renforce la relation et développe la confiance dès le départ.

6. Travaillez avec des pros RH

Des recruteurs expérimentés savent repérer plusieurs drapeaux rouges. Ils vous éviteront de perdre du temps avec ceux qui « magasinent » une augmentation chez leur employeur actuel.

7. Sachez quand lâcher prise

Une personne qui hésite aujourd’hui risque fort d’être instable demain. Recruter, c’est aussi savoir faire preuve de jugement.

Et si une contre-offre survient… chez vous?

Et si, cette fois, la contre-offre ne vient pas de l’employeur du candidat ou de la candidate … mais d’un membre de votre équipe?

Un matin, un membre clé de votre équipe vous annonce qu’il a reçu une offre ailleurs et qu’il s’apprête à l’accepter. Que faire?

D’abord, évitez de paniquer. Écoutez. Ensuite, posez les bonnes questions : Qu’est-ce qui motive ce départ? Est-ce une question de salaire, de reconnaissance, d’environnement de travail?

Si c’est une question purement financière et que vous disposez de la marge de manœuvre, une contre-offre peut être envisagée.

Mais, attention! Celle-ci ne doit pas devenir un réflexe.

Elle n’est utile que si elle s’inscrit dans une démarche sincère de réajustement à long terme.

Si la personne part en raison d’un manque d’évolution, d’une perte de sens ou d’un climat d’équipe difficile, ajouter des zéros sur une paie ne changera rien. Une contre-offre mal alignée peut même avoir un effet boomerang.

Attention surtout au précédent que cela peut créer. Si les membres de votre personnel constatent que seul un avis de départ déclenche une révision de leur valeur, vous encouragez malgré vous une culture de chantage silencieux. Cela nuit à la loyauté et fragilise la confiance collective. Les données sont claires : une personne qui accepte une contre-offre quitte souvent au cours de l’année suivante. Pourquoi? Parce que les causes profondes – manque de reconnaissance, absence de perspectives, climat toxique – ne sont pas réglées par une simple hausse de salaire.

Pire encore, une contre-offre peut envoyer un message nuisible : « Ici, on t’écoute… seulement quand tu annonces ton départ. » Cela crée un précédent dangereux, qui mine la confiance et encourage la négociation par le chantage.

Parfois, malgré tous vos efforts, la personne partira quand même. Et c’est très bien. Ce qui importe, c’est de tirer des leçons et d’ajuster votre approche globale de fidélisation.

Comment répondre à cette contre-offre?

La question inévitable : devez-vous faire vous-même une contre-offre pour garder la personne que vous venez tout juste de recruter?

Parfois, cela est justifié, puisque :

• le coût du remplacement est élevé ;
• la personne possède une expertise difficile à transférer ;
• devoir reprendre le processus pourrait déstabiliser toute l’équipe.

Dans ces cas, la contre-offre peut être un geste stratégique.

Vers une culture d’intéressement (et non de rétention)
Même le mot « rétention » est en transformation dans le monde des RH.

Il évoque l’idée de retenir, donc de forcer. En 2025, on parle plutôt d’intéressement. Comment créer un environnement où les gens ont envie de rester, de s’investir et d’évoluer.

Oui, cela commence par une rémunération équitable. Mais ça ne s’arrête pas là. L’évolution professionnelle, le sens au travail, la reconnaissance authentique et la confiance sont les vrais leviers de fidélisation durable.

Conclusion : prévenir plutôt que rattraper

Recruter aujourd’hui, c’est anticiper demain. Une stratégie d’intéressement ne doit pas être une réponse à une démission, mais une culture vivante, incarnée, qui valorise les gens avant même qu’ils se posent la question de partir.

Si, malgré tout, un bon employé ou une bonne employée s’en va? Il faut parfois avoir l’humilité d’accepter que son cycle chez vous est terminé.

L’objectif n’est pas d’empêcher les départs. C’est de donner envie de rester.

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.

Julie Belley est une professionnelle passionnée et expérimentée en gestion des ressources humaines, avec plus de 25 ans d’expérience. En tant que fondatrice de Rebelleyus Consultations RH, elle a su bâtir une entreprise reconnue pour son approche stratégique, humaine, inclusive et bienveillante, qui lui a valu le Prix Distinction 2024 de la Chambre de commerce francophone de Saint-Boniface. Titulaire d’un baccalauréat en relations industrielles de l’Université de Montréal, elle met son expertise au service de divers organismes et entreprises au Manitoba, en mettant particulièrement en avant la communauté francophone. Son parcours diversifié inclut des contributions significatives dans des secteurs allant de la petite enfance aux organismes communautaires, en passant par des entreprises privées et des institutions publiques. En tant que chargée de cours à l’Université de Saint-Boniface, Julie s’investit dans la formation de la relève et le développement professionnel continu. Formatice engagée et polyvalente, elle transmet son savoir-faire avec enthousiasme, rigueur et authenticité, valorisant tant le savoir-être que le savoir-devenir. De plus, elle est chroniqueuse pour « Vie au Travail » à Radio-Canada, où elle partage ses réflexions et conseils sur les dynamiques professionnelles. Son engagement consiste à optimiser les environnements de travail pour les rendre plus respectueux et inclusifs, contribuant ainsi au bien-être de tous
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Julie Belley est une professionnelle passionnée et expérimentée en gestion des ressources humaines, avec plus de 25 ans d’expérience. En tant que fondatrice de Rebelleyus Consultations RH, elle a su bâtir une entreprise reconnue pour son approche stratégique, humaine, inclusive et bienveillante, qui lui a valu le Prix Distinction 2024 de la Chambre de commerce francophone de Saint-Boniface. Titulaire d’un baccalauréat en relations industrielles de l’Université de Montréal, elle met son expertise au service de divers organismes et entreprises au Manitoba, en mettant particulièrement en avant la communauté francophone. Son parcours diversifié inclut des contributions significatives dans des secteurs allant de la petite enfance aux organismes communautaires, en passant par des entreprises privées et des institutions publiques. En tant que chargée de cours à l’Université de Saint-Boniface, Julie s’investit dans la formation de la relève et le développement professionnel continu. Formatice engagée et polyvalente, elle transmet son savoir-faire avec enthousiasme, rigueur et authenticité, valorisant tant le savoir-être que le savoir-devenir. De plus, elle est chroniqueuse pour « Vie au Travail » à Radio-Canada, où elle partage ses réflexions et conseils sur les dynamiques professionnelles. Son engagement consiste à optimiser les environnements de travail pour les rendre plus respectueux et inclusifs, contribuant ainsi au bien-être de tous
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