En juin, le CERIC a publié un sondage éclair sur les services d’orientation professionnelle et de la gestion de carrière à l’échelle du Canada. Près de 1 150 spécialistes de l’orientation professionnelle et du développement de l’employabilitée de partout au pays ont répondu. Les résultats ont révélé une résilience et une innovation remarquables de la part des professionnels de carrière qui ont repensé leur travail. Cependant, il a également mis en évidence des défis pour les organisations et les groupes de clients.
Pour mettre en évidence les expériences des spécialistes de l’orientation professionnelle travaillant dans différents domaines du secteur pendant le COVID-19, Thierno Diouf, Coordonnateur, Réseautage avec les partenaires, Marketing et communications du CERIC, a contacté des participants au sondage pour savoir comment leur travail avait été affecté par la pandémie, obtenir leurs conseils pour leurs pairs et plus encore.
Cet entretien avec Nathalie Benoit du Carrefour jeunesse-emploi Rivière-des-Prairies est la première d’une série d’entretien sur Le sondage éclair du CERIC qui seront publiées sur le site Web d’OrientAction au cours de l’été.
Pouvez-vous me parler de votre organisation?
Je travaille pour le Carrefour jeunesse-emploi Rivière-des-Prairies (CJE-RDP) situé dans la région Est de l’ile de Montréal. Nous sommes un organisme qui offre des services gratuits aux jeunes adultes de 16-35 ans. Nos services sont offerts dans les deux langues officielles à une population d’origine multiculturelle. Notre mission est d’offrir des services d’employabilité par l’accompagnement dans une démarche de recherche d’emploi, d’accompagnement psycho-social pour les jeunes éloignés du marché du travail, des occasions d’engagement envers la communauté par le volontariat, l’entreprenariat ainsi que des services d’aide aux devoirs/persévérance scolaire en partenariat avec une école secondaire du quartier. LE CJE-RDP offre aussi un service d’orientation professionnelle d’accompagnement réflexif dans un processus décisionnel dans un démarche de retour aux études, de réorientation de carrière. Tous ces services, en tout ou en partie, sont subventionnés par Emploi-Québec.
Pouvez-vous me parler de votre rôle?
Je suis conseillère d’orientation depuis 2012. J’exerce également comme conseillère en employabilité depuis 1997. Je travaille au CJE-RDP depuis 2018.
J’adore mon travail de conseillère! J’aime interagir avec les personnes qui sont en démarche réflexive face à l’identification de leur projet professionnel. L’aide que je peux apporter à travers mon rôle d’intervention-conseil est très satisfaisant.
Comment la COVID19 a-t-il affecté votre façon de travailler?
La pandémie a apporté des changements à notre façon d’offrir nos services. Dès avril nous avons procédé à des modifications importantes. La télé-pratique a été mise en place rapidement et la direction du CJE-RDP a été à l’écoute des besoins du personnel pour s’assurer que chacun ait les outils pour continuer à offrir les services à distance. En ce qui a trait à la pratique à distance de l’orientation, j’ai adapté mon approche à la réalité virtuelle notamment par la création d’outils variés répondant mieux à l’intervention à distance, favorisé et explicité l’utilisation de la vidéoconférence (et du téléphone) comme moyen de rencontre afin de venir en aide à nos participants. De plus, j’ai intégré des horaires de travail légèrement plus flexibles pour accommoder la nouvelle réalité de certains participants ayant de jeunes enfants.
Comment la COVID19 a-t-il affecté le fonctionnement du Carrefour jeunesse-emploi?
Après la fermeture de nos bureaux en mars dernier, nous avons tous fait la transition vers le télétravail. Tous ont conservés leur emploi, mais certains d’entre nous avons vu nos tâches régulières être légèrement modifiées afin de conjuguer avec la nouvelle réalité imposée par la pandémie.
L’adaptation, mot-clé de la pandémie, a été cruciale. Lors de la réouverture de nos bureaux aux participants, nous avons adapté nos aires de travail selon les directives gouvernementales. Nous avons réaménagé nos espaces pour nos clients en fonction de la distanciation sociale ainsi que nos bureaux respectifs. Nous avons eu accès à des masques de procédure(chirurgicaux), des paravents en «plexi-glass» favorisant l’intervention en présentiel avec les clients.
Qu’est-ce qui vous a surpris dans la façon dont vous vous été adapté au changement?
Nous avons obtenu le support proactif de notre direction lors de ces changements. La rapidité de la mise en place des recommandations et obligations gouvernementales a été surprenante. La mobilisation des ressources a facilité la transition vers le travail à distance et en ligne et au retour graduel à nos bureaux.
Qu’avez-vous appris de vos clients durant cette période sur ce dont ils ont le plus besoin en ce moment?
Aussi, une présence tangible de stress et d’anxiété, associée à la détresse parentale, a été constatée lors de mes interventions auprès de certaines femmes participantes. En plus de leur démarche d’orientation et des réflexions/actions qui en découlent, elles ont dû orchestrer et souvent assumer plusieurs rôles, soit être maman à temps plein de jour sans garderie, travailler pour leur employeur, s’occuper de la maisonnée, faire l’école aux plus âgés et se retrouver devant moi … sans énergie pour leur propre démarche et leur propre besoin.
Quels conseils donneriez-vous à une institution ou d’autres personnes occupant des postes similaires en fonction de votre expérience?
Il est important que les organisations s’assurent d’écouter attentivement les besoins et d’être réceptives aux non-dits en lien avec la capacité adaptative de ses employés. Il est important de maintenir les pratiques collaboratives au travail et ce, même à distance, de s’adapter aux nouvelles technologies mais surtout, de maintenir les liens avec les clients.
Y a-t-il autre chose que vous souhaitez partager?
Notre organisme s’est adapté rapidement afin de maintenir les services et le lien avec la population desservie. Malgré les directives claires des divers paliers et instances gouvernementaux, certains partenaires semblent éprouver des difficultés à faire l’arrimage entre les besoins réels de la population en lien avec la nouvelle réalité et à faire face aux défis posés par cette pandémie et ce, sur l’accès aux services de première ligne en santé mentale, notamment.
Cet enjeu était déjà présent avant la pandémie mais devient crucial et incontournable pour mieux desservir la population en contexte de pandémie.