Êtes-vous parmi ceux ou celles qui ont vécu dernièrement un changement de garde? Certains d’entre vous penseront qu’en fait plusieurs changements de direction ont été expérimentés dans les dernières années! Cette simple évocation fait peut-être resurgir une sensation de soulagement et pour d’autres, c’est plutôt de la colère ou de la tristesse qui sont ressenties à l’évocation du visage d’un ancien gestionnaire.
J’ai discuté avec certains professionnels en orientation qui accompagnent des élèves du secondaire et ils ont souligné qu’un changement de garde fréquent est devenu un facteur anxiogène envers leur propre santé psychologique au travail. À la suite des nouvelles priorités mises en place par la nouvelle direction, ils ont malheureusement été des témoins impuissants face aux difficultés vécues par des élèves qui tombent alors entre deux systèmes.
Est-ce que le conflit moral découlant de cette réalité ou une impression d’impuissance sont les seuls facteurs anxiogènes? Absolument pas et il faut devenir habile à découvrir ces autres facteurs, ceux qui sont intangibles et trop souvent inconscients afin de demeurer créatif et apte à accompagner vos chers élèves au mieux des circonstances. Si vous ne pouvez avoir un impact direct sur le roulement du personnel de direction, sur un budget ou sur une collaboration rompue, vous avez celui d’identifier ce qui pourrait vous empêcher de trouver, au sein de cette nouvelle réalité, le chemin du succès!
En fait, nous sommes très compétents à identifier les effets externes des changements et nous négligeons de regarder comment ceux-ci peuvent nous affecter intérieurement.
Que signifie le départ de votre gestionnaire? Pour certains, ce sera la fin d’une relation toxique et pour d’autres, ce sera la fin d’une collaboration saine ou même peut-être exceptionnelle. Peu importe ce qu’aura été cette relation, le soulagement ou la tristesse ressentie à la vue de sa chaise vacante fera inéluctablement place à la crainte de devoir tout recommencer à zéro. Il faudra démontrer sa compétence, entériner ses besoins et vous assurer à nouveau une place au soleil afin que vos élèves continuent de profiter de l’aide si difficilement identifiée, justifiée et accordée préalablement.
Comme nous avons la faculté de projeter le passé dans le futur et que, tout en sirotant notre café du matin ou notre thé de l’après-midi, nous utilisons allégrement celle-ci, nous voyons des scénarios prendre forme dans lesquels nous sommes soit le super héros qui défend ardemment ses acquis auprès du nouveau patron, puisque nous avons toujours su le faire avec brio, ou à l’inverse, nous endossons le rôle de victime, puisque c’était celui que nous avions avec son prédécesseur!
Deux scénarios ayant le même objectif : assurer sa propre existence.
1. Pour exister, il faut être dans le moment présent, donc évitez de projeter le passé dans le futur.
Pour travailler votre capacité à demeurer dans le moment présent, vous avez besoin de prendre conscience de ces scénarios imaginaires et de valider si cette pratique est nécessaire. Vous pensez probablement : « Voyons MJ, il est normal que je prévoie mon plan afin d’être incontesté! ».
Pour ceux ayant vécu une relation difficile ou malsaine avec leur gestionnaire, ou qui auront vécu trop d’évènements en lien avec un conflit moral, il faut faire attention à votre propre capacité d’adaptation. Sans entrer dans les détails de la neuroscience, il s’agit simplement de comprendre que durant plusieurs semaines, mois ou années, la structure chimique découlant d’une relation ou situation toxique a conduit votre cerveau à développer une vigilance accrue, afin de détecter les dangers potentiels perçus ou imaginés. Ce phénomène ne s’arrêtera pas tout seul, c’est-à-dire sans une déprogrammation consciente de votre part.
2. Apprenez à voir votre état d’alerte interne afin d’éviter de déformer la réalité ou les propos d’un individu.
Cet état d’alerte risque de vous faire déformer la réalité. Malgré un sourire et une poignée de main chaleureuse échangés avec votre nouveau patron, vous serez le héros ou la victime observant, comparant, analysant afin de valider que ce nouvel individu n’est pas de la même trempe que le dernier et cette vigilance, alimentée par la peur que l’expérience passée se reproduise à nouveau, risque, inconsciemment, de remplacer la personne réelle par cette silhouette du passé!
Vous commencez probablement à comprendre qu’il y a donc une période consciente de deuil à accomplir face à votre passé, afin de pouvoir réellement entrer en relation avec votre nouvelle réalité. Comment débuter concrètement et consciemment ce deuil?
3. Faites le deuil de votre passé afin de bien percevoir votre nouvelle réalité.
Tout en sirotant votre thé, faites une liste des gestes, des mots ou des situations déplaisantes vécus avec d’anciens patrons. N’oubliez pas aussi de noter ce que vous craignez de perdre avec ce changement. Lorsque vous vous retrouverez en face de votre nouveau gestionnaire, soyez branché à vos perceptions physiques, détecter ce point au plexus, cette soudaine envie de serrer la mâchoire. Ce sont là les signes physiques d’une peur ou d’une colère qui provoquera votre amygdale. Le fait de percevoir consciemment cette sensation physique vous permettra de revenir ici et maintenant et votre émotion cessera, n’ayant plus besoin de vous brancher sur un chemin neuronal bloquant l’accès à vos cortex. Vous garderez ainsi la faculté d’analyser quel sera le meilleur chemin menant au succès, désormais conscient que le passé, n’est pas nécessairement garant du futur!