Depuis quelque temps, je fais face à une augmentation importante du nombre de demandes de consultation. À partir de juillet dernier, j’ai dû référer de nombreuses personnes au site de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec afin qu’elles trouvent une nouvelle ressource au privé. En effet, je suis incapable de répondre à cette demande grandissante actuellement. Que se passe-t-il? Voyons voir quelles possibles raisons seraient à la source de cette situation.
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- Je suis trop bien référencée sur Google?
- Nous sommes peut-être trop peu de conseillers d’orientation à fournir des services à distance.
- Les gens quittent massivement les métiers « non essentiels » et souhaitent se réorienter?
- L’Ordre a fait un excellent boulot de visibilité pour promouvoir le rôle des c.o. dans la société?
- Les gens sont plus enclins à opter pour une démarche à distance qu’à se déplacer en cabinet de consultation?
- Aucune de ces réponses ou toutes ces réponses? Je n’en ai sincèrement aucune idée.
Première découverte
Je suis portée à croire que les c.o. sont trop peu nombreux à offrir des services au privé, surtout maintenant. En temps de pandémie, les gens réfléchissent. Ils remettent en question des tas de concepts, de priorités, de valeurs et de choix. Ils ont peur. Ils souhaitent sécuriser leurs acquis et explorer des possibilités. Le contexte actuel place à un niveau supérieur la valeur et l’importance du rôle des conseillers d’orientation dans notre société.
Le fait qu’une majorité de c.o. travaillent dans le réseau public, principalement auprès des jeunes, prive les adultes de services de consultation, services dont ils ont grandement besoin.
Bien sûr, impossible d’intervenir auprès des adultes comme on intervient auprès des jeunes; les besoins, valeurs et priorités ainsi que le contexte de vie diffèrent grandement. Il importe alors de s’outiller, de bien comprendre les stades de développement, d’élaborer une approche de coaching qui favorise l’écoute des besoins et la prise en compte des réalités personnelle et familiale.
Deuxième découverte
Nul besoin d’équipement technologique sophistiqué pour intervenir à distance. L’important, c’est encore le lien. Sans la vidéo, on peut entendre les silences et être davantage présent aux hésitations. On peut percevoir les sourires, les crispations, les émotions. L’écoute active et bienveillante prend des couleurs encore plus sensibles à la réalité d’autrui. À distance mais liés, on découvre une façon vraiment différente de s’intéresser à autrui.
En fait, la distance n’a pas beaucoup d’importance lorsque notre intérêt est centré sur la personne et ses besoins. Les règles qui régissent le travail à distance sont claires. Lorsqu’on vit bien avec les conditions du travail entourant la pratique à distance, la relation d’aide se révèle tout aussi qualitative qu’en mode présentiel.
Troisième découverte
Aussi, il importe de suivre toutes les formations présentées par l’Ordre ou promues par le CERIC afin de mieux s’outiller et de réaliser un travail qui répond aux normes d’éthique et de déontologie. À lui seul, le consentement éclairé doit être revu et bonifié en intervention à distance. On doit aussi se munir d’outils pratiques qui facilitent l’introspection du client et les échanges. Plusieurs collègues c.o. ont utilisé le site de Kitdecoaching pour s’outiller en fichiers Word et PDF. Tant mieux si mon site peut contribuer à aider en ce sens. Depuis que le site est en ligne, c’est la francophonie européenne, africaine et celle des îles françaises qui en bénéficie le plus. Bien sûr, on peut développer ses propres outils. Cela permet de s’approprier une intervention et de clarifier le type de parcours à offrir à sa clientèle afin qu’elle puisse prendre des décisions éclairées.
Intervenir à distance, c’est vivre autrement la relation client. Souplesse, flexibilité, une certaine dose de créativité et de débrouillardise sont certes des atouts. D’abord et avant tout, il importe de se donner le droit d’expérimenter, de s’ajuster et de prendre le temps de faire les choses avec professionnalisme. Les gens nous font confiance et ont besoin d’être rassurés. De tout temps, mon but en intervention est de sécuriser les parcours. À distance ou en mode présentiel, pas de différence, je continue en ce sens.