Les compétences comportementales essentielles ou « compétences douces » (traduction du terme anglais « soft skills ») sont de plus en plus considérées par les employeurs. Ces derniers ne recherchent plus uniquement des candidats qui possèdent une expertise et les aptitudes techniques requises pour bien performer dans un poste précis, mais désirent également embaucher un(e) employé(e) qui saura bien s’intégrer dans l’équipe, qui communiquera efficacement avec ses collègues (notamment par le biais des plus récentes technologies de l’information et des communications), qui fera preuve de créativité et d’innovation, qui saura prendre en charge son développement et sa formation continue, etc.
Comme le souligne Sylvie Ann Hart dans son article « Des compétences de base aux compétences du futur », publié sur le site de l’Observatoire compétences-emplois de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) : « Au tournant des années 2000, on voit surgir la notion de ‘’compétences essentielles ‘’. Celle-ci repose sur le constat que les compétences de base ne sont plus suffisantes dans le monde actuel. Elles doivent être complétées par des qualités humaines sociales et personnelles (soft skills) de même que par des capacités relatives à l’utilisation des technologies de l’information et des communications. »
Si des divergences existent entre les pays industrialisés en ce qui a trait à la définition et au dénombrement de ces compétences, Mme Hart précise « qu’un certain nombre d’entre elles font consensus, comme la collaboration, la communication, les compétences liées aux technologies de l’information et des communications, les habiletés sociales et culturelles, la créativité, la pensée critique, la résolution de problèmes ».
Le gouvernement canadien, pour sa part, a créé une liste de neuf compétences essentielles clés pour les milieux de travail en cette quatrième révolution industrielle.
Il s’agit de :
-
- Calcul
- Communication orale
- Travail d’équipe
- Formation continue
- Lecture
- Rédaction
- Capacité de raisonnement
- Utilisation de documents
- Compétences numériques
En tant que conseillère d’orientation ayant travaillé plus de douze ans dans un centre d’éducation aux adultes et de formation professionnelle, j’ai moi-même abordé la notion des compétences essentielles dans quelques ateliers en lien avec le monde du travail. Dans le cadre d’un groupe de soutien appelé les « Pairs-évérants », je me souviens de l’expression de cette jeune femme de dix-sept ans, plutôt discrète, qui avait roulé les yeux lors de mon animation sur les compétences essentielles. Cette dernière, de nature introvertie, avait l’habitude de prendre la parole en groupe seulement s’il y avait un élément d’information ou une précision importante qu’elle sentait devoir apporter. Son intervention me déstabilisa. Elle s’exprima ainsi :
« Je n’y arriverai jamais. Il n’y a pas de place pour les gens comme moi. Vous dites qu’il faudra améliorer notre communication, travailler en équipe et réseauter pour trouver les emplois qui ne sont pas affichés. Mais moi, je n’aime pas ça parler, communiquer avec tout le monde. Je peux le faire, parfois, mais pas tout le temps. Personne ne voudra de moi ».
Je me suis alors mise à la place de cette jeune femme qui recevait toute cette information en lien avec ce qu’elle avait à développer, ce qu’elle devait devenir pour se conformer aux exigences du monde du travail actuel. J’ai ensuite repris l’animation en précisant qu’il était possible de développer certaines de ces compétences, sans tenter d’aller à l’encontre de qui nous sommes. Par exemple, la personne de nature plus discrète et réservée pourra recourir à la communication écrite (mémos, courriels) pour véhiculer ses idées, auxquelles elle aura préalablement réfléchi. Elle pourra également privilégier le réseautage par le biais de réseaux sociaux comme LinkedIn, où il est possible de développer son réseau de contacts avec un minimum d’échanges en personne. Ces précisions ont paru la rassurer quelque peu. Cette expérience m’a toutefois sensibilisée à l’impact que peut avoir toute l’information véhiculée en lien avec les compétences essentielles ou « soft skills » sur les jeunes et les adultes en recherche d’emploi. En somme, lorsqu’il est question des compétences essentielles requises dans le marché du travail, il apparaît judicieux, dans le but d’aider les personnes à maintenir un sentiment de confiance et d’espoir en lien avec leur insertion socioprofessionnelle future, d’inviter ces derniers à se les approprier (dans le sens de « faire siennes »), sans pour autant se dénaturer.