Ce n’est pas seulement dans les relations amoureuses que le mythe du Prince charmant a la vie dure! Au travail également. En effet, nombreuses sont les personnes qui espèrent trouver l’emploi parfait, celui qui les comblera en tous points, qui leur offrira l’occasion de se réaliser, de s’épanouir, d’avoir un bon salaire, une sécurité d’emploi, des possibilités d’avancement, des collègues sympathiques, etc. La liste peut être longue, mais dans les faits, rares sont les personnes qui arrivent à trouver ce « prêt-à-porter professionnel » dès leur entrée sur le marché du travail. Certaines n’y arriveront jamais au cours de leur vie active. Pire, bien des gens continuent à chercher l’emploi idéal, passant d’un emploi à l’autre, déçus à chaque fois que celui-ci ne comble pas toutes leurs attentes, comme en témoignent les nombreuses demandes de consultations pour une réorientation. C’est comme si le même phénomène que l’on peut observer lorsque nous souhaitons être en relation – espérer trouver quelqu’un qui va nous comprendre, nous combler, répondre à nos besoins, de façon quasi idéale – s’observe également dans la relation au travail que bien des gens entretiennent.
Inévitablement, il y a déception. On a beau choisir un domaine et s’imaginer y être heureux, un monde existe entre ce point de départ et la réalité du terrain. Ne serait-ce que parce qu’un milieu de travail est composé d’humains, avec leurs besoins, leurs comportements et leurs codes respectifs. Ajoutez à cela les environnements de travail, dont certains peuvent être agréables, d’autres malsains, voire toxiques, les exigences liées à un poste donné, le manque de reconnaissance, les problèmes de communication et ainsi de suite, les probabilités qu’un domaine, un milieu, un emploi ne nous conviennent pas totalement sont assez grandes.
Si, en plus, on entretient toujours ce rêve, ce fantasme de l’emploi idéal qu’il nous suffit de trouver, il devient difficile d’accepter de s’engager dans un travail qui nous laisse sur notre faim.
D’où l’analogie du prêt-à-porter : tel un habit qu’un tailleur nous ferait sur mesure, notre cerveau nous entraîne dans la quête de l’emploi parfait, celui qui est « fait pour nous ».
Loin de moi l’idée de m’opposer au changement d’emploi ou de domaine. Le changement peut être salutaire, voire nécessaire, dans plusieurs cas. Pensons aux travailleurs en situation de harcèlement ou d’épuisement professionnel, à certains milieux toxiques, et j’en passe.
Bien que plusieurs personnes aient fait des virages à 180 degrés et se soient réinventées dans un autre domaine qui leur convient mieux, mon expérience m’a démontré que la plupart des gens qui consultent pour une réorientation restent, finalement, dans le même domaine. Ce qui a changé? Le regard que ces personnes posent sur elles-mêmes, sur leurs perceptions et leurs besoins, mais aussi, sur l’impact qu’elles peuvent avoir au niveau professionnel pour être davantage satisfaites. En ce sens, la démarche d’orientation (ou de réorientation) les a aidées à recadrer leurs besoins de changement et leurs insatisfactions, et surtout, à revoir de façon plus réaliste les critères de « l’emploi parfait ». Celui-ci sera davantage en accord avec elles-mêmes et ainsi, la route à construire pour y arriver deviendra plus accessible.
*Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.