Prendre des décisions n’est pas toujours facile! Et pourtant, c’est une épreuve qui revient souvent, car nous avons des choix à faire chaque jour, plusieurs fois par jour! Certaines personnes ont davantage de difficultés à prendre des décisions et peuvent consacrer beaucoup de temps et d’énergie à réfléchir aux différentes options. Pour d’autres, sélectionner une option semble se faire assez naturellement et sans trop de difficultés.
Pourquoi? Pourquoi sommes-nous si différents dans nos façons de décider?
Il existe beaucoup de théories associées aux processus de prise de décision. Avec cet article, j’aimerais partager avec vous une de mes préférées et également l’une des plus simples.
Dans son livre The Paradox of Choice, Barry Schwartz, un chercheur américain, propose deux profils décisionnels : les maximiseurs et les satisfaits.
Lorsqu’ils se retrouvent devant un choix, les maximiseurs, veulent trouver LA meilleure option. Celle qui, non seulement comblera tous leurs critères, mais représentera aussi LE meilleur choix qu’ils pouvaient faire. Ils sont donc prêts à consacrer beaucoup de temps et d’énergie à chercher les options et à comparer les possibilités avant de se positionner.
Les satisfaits, quant à eux, vont avoir en tête leurs critères de choix et chercheront jusqu’à ce qu’ils trouvent une option répondant à ces critères et cesseront ensuite de faire des recherches.
Généralement, je ne suis pas tellement friande de théories qui proposent des typologies, car je ne suis pas convaincue que le monde puisse se diviser parfaitement dans de petites cases. Je trouve souvent que ces théories manquent de flexibilité. La théorie de Schwartz ne fait pas exception, et je pense que certaines personnes se retrouvent parfois un peu entre les deux profils. Par contre, ce que j’aime de la théorie de Schwartz, c’est qu’elle est flexible au niveau intra-individuel.
Ce qui est intéressant, c’est que les deux profils ont leurs avantages et inconvénients. D’après Schwartz, les efforts des maximiseurs sont généralement récompensés. Au niveau professionnel, ils occupent généralement des emplois significativement mieux rémunérés, avec de meilleures conditions, qui correspondent davantage à leurs intérêts, etc. comparativement aux satisfaits. Par contre, la quête du meilleur choix, dans un contexte professionnel toujours en changement et incroyablement vaste fait que leur niveau de satisfaction envers leur vie professionnelle est significativement plus faible que celle des satisfaits.
Bref, être un maximiseur semble faire en sorte de sélectionner effectivement des options qui devraient être plus satisfaisantes en fonction de leurs critères, mais la personne ne vit quand même pas autant de satisfaction qu’elle le pourrait. Être un satisfait rétrécit de beaucoup le temps consacré à faire un choix, ce qui fait que l’option sélectionnée n’est pas nécessairement la meilleure, mais le satisfait ne s’en préoccupe pas vraiment et il est… satisfait.
Dans le contexte du choix professionnel, cette théorie peut s’avérer pratique pour déterminer l’accompagnement dont le client pourra bénéficier.
Les enjeux de chaque profil seront tout à fait différents.
La personne de type satisfait pourra avoir besoin d’aide pour cibler ses critères et pour explorer les options, mais elle devrait parvenir à faire son choix sans trop de problèmes, si elle a les bons outils.
La personne de type maximiseur voudra plutôt être certaine de prendre la bonne décision, ce qui influera certainement sur la façon dont elle s’investit dans sa recherche. Comme la décision professionnelle comporte toujours une part de risque et qu’il est impossible de savoir parfaitement si un emploi conviendra avant de l’avoir essayé, il peut être très difficile pour ces personnes d’en arriver à se positionner et faire un choix.
Que peut-on faire concrètement avec cette théorie dans un contexte d’intervention?
Personnellement, j’aime beaucoup résumer cette théorie à mes clients parce qu’elle est simple et facile à comprendre. Je donne un ou deux exemples tirés d’autres sphères de la vie comme les choix vestimentaires ou même le choix des relations amoureuses si le lien de confiance est assez fort avec mon client. Je demande ensuite à la personne quel est son profil au niveau professionnel. C’est toujours intéressant de voir comment la personne se positionne. Souvent, les clients qui s’identifient comme maximiseurs vivent une certaine forme de soulagement, en exprimant qu’ils sont heureux de savoir qu’ils ne sont pas seuls à avoir besoin de prendre la bonne décision. D’autres vivront un stress à l’idée de n’être jamais satisfaits, et nous travaillerons cela ensemble.
Je leur demande ensuite de réfléchir, parfois à l’aide d’une activité écrite, aux coûts et bénéfices de leur profil.
Qu’est-ce que cela vous apporte d’être un maximiseur? Dans quel autre domaine de votre vie avez-vous ce profil de décision? Quels sont les coûts dans ce domaine? Quels sont les bénéfices que vous en retirez? Donnez-moi un exemple où être un maximiseur a été un avantage? Un inconvénient?
Nous pouvons ensuite explorer ensemble s’il y a des coûts qu’ils ne sont plus prêts à payer et quels sont les bénéfices qui sont les plus difficiles à laisser tomber s’ils essaient d’être moins maximiseurs.
On peut faire le même exercice si la personne est un satisfait. D’après mon expérience, les satisfaits ont généralement davantage besoin d’apprendre à se connaître et d’avoir les bons outils pour cibler leurs critères envers leur vie professionnelle et explorer les options.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Référence :
Schwartz, B. (2016). The Paradox of Choice: Why More is Less. New York: Ecco.