Dans une perspective existentialiste, et même humaniste, un choix serait « logiquement » ce qui conduit une personne à agir en conscience, c’est-à-dire avec liberté et responsabilité. Notre action est influencée, voire déterminée, par de nombreux facteurs conscients et inconscients ainsi que par certaines rencontres. Si la plupart des déterminants environnementaux et personnels échappent à notre pouvoir (perspective déterministe), certains facteurs sont influençables (perspective interactionniste). La conscience de ces déterminants qui influent sur nos choix et limitent nos actions se présente conséquemment comme une étape de lucidité. Aussi, la combinaison de ces facteurs internes et externes rend le concept de déterminants et la notion de choix éclairé complexes et de fait, inextricablement liés.
Par exemple, la théorie de l’autodétermination (TAD) appliquée en orientation et la pratique de l’entretien motivationnel permettent aux conseillers d’aider leur clientèle à sortir d’une impasse liée à leur ambivalence en clarifiant la motivation autonome, ce qui va « allumer la flamme », qui suscitera le passage à l’action. Les processus issus de la TAD consistent grosso modo à favoriser l’intégration des raisons personnelles de passer à l’action. Les processus utilisés en entretien motivationnel conduisent la clientèle à s’appuyer sur les avantages de passer à l’action.
Voyons 3 niveaux d’action
Choisir d’aller chercher de l’information préalablement à un choix de carrière est un premier niveau d’action. Cette recherche d’informations peut être ponctuelle ou continue selon le besoin et les facilités d’accès aux ressources pertinentes. Ce recueil d’informations peut susciter de nouvelles questions et provoquer un besoin de réflexion. Toutefois, il est des circonstances où une personne doit faire avec un manque, voire une absence d’informations. Parfois, la réponse à nos questions n’existe tout simplement pas à un moment donné et en un lieu donné.
Choisir de réfléchir préalablement à un choix de carrière représente un second niveau d’action. N’entrons pas ici dans le dilemme de l’œuf et de la poule, et disons que l’information et la réflexion peuvent survenir soit simultanément ou l’une après l’autre, et peu importe dans quel ordre et à quel rythme. Aussi, ce temps de réflexion peut faire émerger de nouvelles questions, une nouvelle recherche d’informations, puis de nouvelles questions, et ainsi de suite. C’est un processus. Lorsque les informations réduisent suffisamment l’incertitude, lorsqu’elles sont intégrées et lorsqu’elles présentent plus d’avantages que d’inconvénients, alors logiquement l’individu peut passer à la phase de décision, puis de concrétisation de sa décision.
Lorsque le contexte fait pression pour que l’individu passe à l’action sans temps d’information et sans période de réflexion, il y a peut-être lieu de prendre justement le temps de se poser des questions. Il peut être utile de se poser les questions apportées par le contexte (lorsque ces questions existent) et de chercher des réponses (lorsqu’elles existent). Il peut être tout aussi utile à l’individu de produire ses propres questions, car elles le dynamiseront davantage et de façon plus personnelle. Le counseling de carrière peut contribuer à l’émergence de ce questionnement personnel, qu’il soit d’ordre scolaire, professionnel, voire d’ordre existentiel.
Produire son propre questionnement permet d’alimenter la motivation intrinsèque à aller chercher de l’information, par exemple de l’information sur le marché du travail.
Ce questionnement permet entre autres d’alimenter la motivation à intervenir sur l’environnement et sur soi-même parce qu’un facteur unique ou isolé n’existe pas.
Un troisième niveau d’action est requis lorsque l’information manque ou lorsqu’elle n’est pas disponible pour différentes raisons. L’incertitude, l’indécision ou même l’anxiété suscitées par l’absence d’informations fiables va paradoxalement nécessiter d’intervenir sur l’environnement et sur soi-même. Bien sûr, l’impossibilité de faire un choix suffisamment éclairé va générer de l’anxiété.
Cette anxiété peut provoquer de l’inertie, de la procrastination, de la culpabilité et au fond de cette anxiété naitrait l’ambivalence. Cette ambivalence peut augmenter l’anxiété, mais cette ambivalence n’est pas forcément négative. Bien au contraire, il semble parfois judicieux de pouvoir produire soi-même de l’ambivalence! Mais pourquoi donc, me demanderez-vous? Pour retarder consciemment le passage à l’action, pour inhiber volontairement l’action de façon à pouvoir tout simplement se préparer à l’action, accueillir ses émotions, clarifier ses valeurs, reconnaître ses besoins, déterminer ses buts et stratégies afin de mieux s’engager dans son action.
Ainsi, les perspectives déterministes et interactionnistes coexistent. Pourquoi ignorer les données sociologiques, les facteurs génétiques, notre biologie et l’inconscient? Pourquoi ignorer les données probantes issues de la psychologie et du counseling, les facteurs culturels ainsi que le pouvoir de la conscience réflexive et de l’action?
La peur, comme le désir, représente une somme d’informations sur notre rapport au monde, une somme d’informations que la conscience et l’action peuvent éclairer.
Oui, l’ambivalence peut représenter une occasion d’accueillir nos peurs, de faire un deuil, de respirer, d’accepter nos limites, mais aussi une opportunité de se projeter dans le futur, de mieux se préparer à concrétiser un futur particulier, un rêve, un projet, une envie, un désir, un souhait, un objectif, une intuition, un nouveau soi…
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre