Getting your Trinity Audio player ready...
|
Les intervenants et intervenantes en relation d’aide peuvent mobiliser diverses approches et stratégies pour donner une ou plusieurs couleurs d’intervention à leur travail d’accompagnement.
Parmi ces couleurs, la zoothérapie est une des stratégies d’intervention relativement récente qui leur est possible d’intégrer.
Toutefois, cette stratégie tend à demeurer plutôt méconnue, notamment en raison de son exclusion des cursus scolaires universitaires des professions de la relation d’aide (et bien qu’il existe une AEC et également des formations privées de différentes durées). Cet article propose d’explorer ce qui motive les professionnels à intégrer la zoothérapie dans l’intervention en relation d’aide. Dans le cadre d’un mémoire de maîtrise en sciences de l’orientation réalisé de 2021 à 2023, nous avons mené des entretiens individuels auprès de sept intervenants et intervenantes de différents domaines de la relation d’aide (p. ex., psychologie, psychoéducation, orientation, etc.) qui font partie d’un ordre professionnel et qui mobilisent la zoothérapie dans leur travail.
Cela a permis d’en apprendre davantage concernant leurs parcours ainsi que les divers motifs les ayant menés à intégrer la zoothérapie à leur pratique.
La prochaine section présente trois grandes catégories permettant de répondre à la question suivante : Qu’est-ce qui motive les spécialistes en relation d’aide à intégrer l’animal à l’intervention?
- L’influence des pairs
L’inspiration d’une personne marquante peut être au cœur de leur motivation. Connaître une personne qui intègre elle-même la zoothérapie à sa pratique d’accompagnement en relation d’aide ou qui travaille dans le domaine animalier peut influer sur le choix de cette stratégie d’intervention.
- Donner une valeur ajoutée à l’intervention
Le choix d’intégrer l’animal à l’intervention peut avoir été motivé par le souhait d’y apporter de la créativité et une valeur ajoutée. De plus, il est possible que l’intervenant ou l’intervenante souhaite intégrer la zoothérapie dans le but de rejoindre le plus de personnes possibles, incluant les clientèles moins motivées à s’engager dans le processus d’intervention. Des personnes participantes ont évoqué que la présence de l’animal aide à créer rapidement le lien avec la clientèle, et ce, dès les premiers contacts. De plus, plusieurs intervenants ont la conviction que la présence animale peut modifier le cours de certaines rencontres plus complexes pour leurs clients et clientes.
J’avais une cliente qui a vécu un accident de voiture et qui se situait souvent dans l’impuissance […]. Avec cette cliente, j’ai eu l’intuition que ça pourrait l’aider de vivre une expérience avec mon X [nomme l’animal]. Je l’ai fait. Je n’avais pas de mots pour décrire ce qui s’est passé. Cette expérience-là a eu un gros impact sur la cliente qui a pris la décision de retourner aux études pour faire une formation qui l’intéressait […]. – Laurie
- À la suite d’un événement marquant
Plusieurs intervenants et intervenantes partagent leur vie avec les animaux depuis l’enfance, ces derniers étant intégrés à leurs activités quotidiennes. Ces personnes ont été amenées à vivre bon nombre d’évènements et d’expériences significatives. Cela peut être à l’occasion de compétitions de sports canins ou dans le cadre de prestations ou de spectacles avec leur animal de compagnie. Les expériences peuvent avoir été vécues pendant des voyages porteurs de sens avec leur animal ou avec des animaux croisés durant leur périple. D’autres ont expliqué avoir été témoins des bienfaits que peut avoir la présence des animaux auprès des hommes et des femmes. Ainsi, des intervenants et intervenants ont rendu visite à un proche, en compagnie de leur animal, ce qui leur a permis de constater des modifications au niveau de l’attitude et de la motivation de leur proche en présence de l’animal. Par exemple, un regain d’espoir en l’avenir chez des personnes plus âgées a pu être constaté. L’ensemble de ces expériences a amené les personnes participantes à se former en zoothérapie. Par ailleurs, des intervenants et intervenantes ont choisi d’intégrer la zoothérapie à la suite de la découverte d’une maladie ou d’une blessure qui a impacté leur quotidien. Ainsi, le choix d’intégrer l’animal peut avoir pour but de pallier une situation de handicap.
Je venais juste de m’acheter un chien […] Puis là, je me dis, mon dieu, est-ce que je pourrais concilier l’animal à ma condition!? – Clara
En somme, les motifs ayant mené à l’Intégration de la zoothérapie à la profession en relation d’aide sont divers. Ce choix peut avoir été motivé par un membre de l’entourage, il est possible que ce soit dans l’optique d’ajouter des bienfaits aux interventions ou bien à la suite d’un événement ou d’une expérience marquante dans la vie personnelle ou professionnelle.
Véronique Dion et Émilie Giguère coanimeront l’atelier “Stratégie d’intervention en orientation : La zoothérapie” au congrès canadien Cannexus24 du CERIC, qui aura lieu en mode hybride (en virtuel et en présentiel) et ce, à Ottawa du 29 au 31 janvier 2024. Pour en savoir davantage et/ou pour vous inscrire : cannexus.ceric.ca
Référence :
Robichaud, V. (2023). Comment la médiation animale – zoothérapie en tant que pratique d’intervention est-elle en mesure de contribuer à l’accompagnement des personnes en relation d’aide, plus spécifiquement dans le champ du counseling et de l’orientation? [mémoire de maîtrise, Université Laval]. Corpul. http://hdl.handle.net/20.500.11794/124423
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre
Véronique Dion est bachelière en psychologie et intervenante en zoothérapie, Véronique termine actuellement la maîtrise en science de l’orientation. Étudiante-chercheure, ses intérêts de recherche portent sur la zoothérapie dans le champs du counseling et de l’orientation.
Émilie Giguère est professeure à l’école de counseling et d’orientation de l’Université Laval. Ses intérêts de recherche portent notamment sur le travail des cadres et les transformations des formes d’organisation du travail.
Véronique Dion est bachelière en psychologie et intervenante en zoothérapie, Véronique termine actuellement la maîtrise en science de l’orientation. Étudiante-chercheure, ses intérêts de recherche portent sur la zoothérapie dans le champs du counseling et de l’orientation.
Émilie Giguère est professeure à l’école de counseling et d’orientation de l’Université Laval. Ses intérêts de recherche portent notamment sur le travail des cadres et les transformations des formes d’organisation du travail.