Les polarités de l'entrepreneuriat et des métiers d'accompagnement : naviguer entre le monde des affaires et l'aide à la personne
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Les polarités de l’entrepreneuriat et des métiers d’accompagnement : naviguer entre le monde des affaires et l’aide à la personne

Lorsqu’on se lance en affaires dans le domaine de la relation d’aide, par exemple en pratique privée en tant que praticien de la carrière, on se retrouve au carrefour de deux polarités complexes : l’entrepreneuriat et l’aide à la personne.

Deux domaines de pratique qui peuvent parfois sembler inconciliables et être perçus socialement et par les pairs comme contradictoires.

Afin de faire de ces polarités vos alliées et de chasser la culpabilité intériorisée, il est essentiel de comprendre la véritable relation entre les deux mondes professionnels et de les équilibrer afin de réussir dans cette aventure.

Ici, j’explore avec vous ces polarités que j’ai moi-même vécues (et que je vis encore), à la lumière de mon expérience comme praticien passionné par l’aide à la personne et maintenant propriétaire d’un cabinet-conseil en pleine expansion dans le monde des affaires.

 

Polarité 1 : Altruisme et Entrepreneuriat

Lorsqu’on entreprend le projet d’une carrière en développement de carrière, la formation initiale met l’accent sur l’altruisme et le désir d’aider les autres. Et il n’y a évidemment rien d’étonnant ici, et c’est même nécessaire, car c’est là la vocation première de l’intervention en relation d’aide.

Il est souvent inculqué la doctrine qu’on ne choisit par l’intervention pour « faire de l’argent » (j’ai osé prononcer le mot qu’il ne fallait pas dire, à l’image de Voldemort), mais seulement pour contribuer au bien-être des individus et de la collectivité. Malheureusement, l’entrepreneuriat est faussement associé à l’idée d’enrichissement (essayer la pratique privée, nous pourrons nous reparler de cette fausse représentation). Cette norme sociale inculquée aux intervenants a pour ma part suscité beaucoup de culpabilité au départ : puis-je avoir de profondes valeurs altruistes et tout de même désirer bâtir un projet d’affaires qui fasse à la fois sens et qui soit lucratif?

Tenons-nous le pour dit : après quelques années de pratique dans le monde des affaires, je n’ai jamais autant aidé concrètement les gens que j’accompagne. Je me dévoue chaque jour, ne comptant pas mes heures, afin de construire un projet qui puisse réellement servir à un pan de la société. Comme il faut de tout pour faire un monde, je reviens à la base quand le sentiment de culpabilité me chatouille la conscience : lorsque l’on devient entrepreneur, il devient nécessaire de générer des revenus pour assurer sa subsistance et développer son entreprise.

 

Polarité 2 : Aide à la personne versus le juste paiement de vos services

Comme je le mentionnais précédemment, le professionnel du développement de carrière en entrepreneuriat est souvent aux prises avec la polarité de la culpabilité : comment demander aux clients de payer pour des services qui visent à les aider? Quel est le juste milieu entre un prix qui apporte la rentabilité, mais qui reste accessible pour la clientèle?

La croyance que l’aide devrait être gratuite peut effectivement créer un dilemme moral important lorsqu’il s’agit de facturer ses services (attention, les services publics et gratuits sont essentiels, ce n’est pas là le discours). Cependant, il est essentiel de comprendre que la rémunération équitable est nécessaire pour valoriser son expertise et maintenir sa pratique.

En effet, d’un côté, la tarification de vos services est le reflet de l’expérience que vous avez développée au cours de votre carrière, que ce soit en relation d’aide ou sur le marché du travail en général. Elle est aussi une source de crédibilité de votre offre et un moyen d’établir certaines limites à celle-ci. De l’autre côté, le taux horaire demandé doit s’ajuster afin de répondre aux exigences financières de votre pratique. En affaires, les dépenses sont nombreuses et la marge de profit est petite. La difficulté à demander un prix juste pour soi tout en étant juste pour le client est d’ailleurs l’une des difficultés principales des jeunes entrepreneurs de la relation d’aide que je coache au quotidien, mais également la raison pour laquelle leur pratique devient un boulet financier.

 

Polarité 3 : Déontologie ou marketing ?

Lorsque l’on exerce sous une association ou un ordre professionnel, les principes déontologiques et éthiques sont au cœur de notre pratique. Maintenant, l’entrepreneuriat implique souvent (toujours?) des stratégies de marketing pour promouvoir ses services. Alors, le respect de la déontologie et le marketing peuvent-ils être compatibles? Évidemment que oui, mais avec un niveau de prudence plus élevé dans un contexte de relation d’aide ou lorsque nous sommes membres d’un ordre professionnel.

Cette polarité peut générer des inquiétudes (voire de l’anxiété) chez le professionnel qui se lance en affaires quant à la manière dont le marketing peut être perçu en contradiction avec les principes éthiques. Plusieurs décideront de ne pas s’aventurer trop loin dans cette avenue afin de ne pas avoir de problème et souffriront d’un manque de visibilité, souvent nécessaire à l’acquisition de clients, et donc au succès de leur projet d’affaires.

Trouver un équilibre entre la promotion de mes services et le respect des normes déontologiques de ma profession demeure un défi constant pour moi et pour tous les entrepreneurs de la relation d’aide que je côtoie. Cela peut même devenir un stress envahissant, ayant toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête dans l’attente de recevoir une réprimande de mon ordre ou pire, une plainte.

Afin de vous soutenir dans cette angoisse latente, je vous invite à revisiter en profondeur votre code de déontologie et faire l’exercice de définir les véritables limites de celui-ci par rapport à celles qui sont perçues. Pour ma part, j’ai même entamé une démarche avec une superviseure de pratique afin de réfléchir plus profondément à la question. Cela vous permettrait certainement de vous rassurer, de relativiser et de mieux jongler avec ces polarités.

 

Polarité 4 : Visibilité ou effacement ?

Plusieurs approches de la relation d’aide traditionnelle encouragent souvent les intervenants à se mettre en retrait et à mettre de l’avant leurs clients. Entendons-nous, c’est le principe même de l’intervention : l’écoute active et profonde d’abord, le soutien et le conseil ensuite. Et maintenant, en tant qu’entrepreneur, il est nécessaire d’avoir une certaine visibilité pour attirer des clients. Cette polarité entre l’effacement et la mise en avant de soi peut être délicate à gérer.

Je me souviens que l’on m’a déjà fait remarquer que je devais avoir de la difficulté à écouter mes clients au regard de mon grand flot d’énergie et mon intérêt certain pour la communication.

J’étais surpris (lire ici froissé) par cette perception, car mes clients me renvoient justement l’impression que mon écoute est mon plus grand outil, c’est ce qui permet notamment de puissantes rétroactions.

J’ai répondu tout bonnement à cette personne qu’un intervenant avait aussi d’autres forces et intérêts que l’écoute, tout comme le plus introverti des politiciens n’a pas nécessairement de la difficulté à s’exprimer en public. Surtout, je lui ai rappelé que mes compétences en communication et en « prestation de soi » sont des compétences très intéressantes pour mon rôle de conseiller d’orientation et coach certifié, et même que l’on m’approche pour de l’accompagnement à ce niveau. Ce sont effectivement des compétences essentielles dans le monde du travail et qui font souvent défaut à nombreuses personnes. Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, revenir à la zone grise des perceptions est parfois un moyen de se réconcilier avec ces polarités.

 

Polarité 5 : Succès en versus la jalousie

Enfin, d’un côté le succès peut parfois susciter de l’envie ou de la jalousie. De l’autre, se démarquer et vivre une certaine croissance d’affaires est essentiel pour réussir en entrepreneuriat. Le succès peut parfois être perçu comme une menace par ceux qui le convoitent.

Les gens qui ont une certaine visibilité et qui prospèrent dans leur domaine vous le diront : l’entrepreneuriat les amène à faire de merveilleuses rencontres, à tisser des liens profonds avec de nombreuses personnes, mais également à attirer de moins bons humains, qui attendent seulement votre première faute afin de crier à l’imposture.

Ici, un travail en profondeur sur les raisons pour lesquelles vous vous êtes lancé en affaires vous aidera à revenir à l’essentiel lorsque des gens jaloux jetteront leur dévolu sur vous. De plus, cela peut être une bonne idée de travailler sa confiance en soi, afin d’avoir une armure solide pour affronter le regard des autres et se rappeler l’intention noble qui se cache derrière votre choix de vous lancer en pratique privée.

Rappelez-vous que vous ne pouvez contrôler ce que les autres pensent de vous, mais vous avez un pouvoir sur ce que vous pensez de vous-même et sur l’impact qu’a le regard des autres sur votre santé mentale.Plus vous serez exposé, plus les polarités seront présentes dans la perception du public sur vos actions : retenez que vous ne pouvez plaire à tout le monde. La personne jalouse ne vous mérite pas et vous ne la voulez surtout pas dans votre vie. Ma maman m’a déjà dit : « Remercie la vie Maxime pour ce « ménage » naturel! »

 

En route vers Cannexus

Dans le cadre du prochain congrès Cannexus 2024, la conférence Démarrer sa pratique privée en développement de carrière : récit d’une expérience vécue offre une occasion unique d’explorer ces polarités en profondeur.

En tant qu’entrepreneur chevronné, je partagerai avec vous mes trucs et astuces pour réussir à naviguer entre l’entrepreneuriat et l’aide tout en construisant une pratique autonome, éthique, rentable et qui répond à vos aspirations.

Un atelier-conférence ancré de la pratique qui vous permettra d’explorer les dessous de ce monde passionnant, mais rempli de défis.

Si le sujet vous intéresse, j’ai présenté une série de webinaires en novembre 2023 sur le lancement de sa pratique privée en tant que praticien de la carrière. Cette série de quatre webinaires est toujours accessible sur le site du CERIC. Les critiques sont unanimes : webinaires très pertinents et instructifs, accompagnés de nombreux outils pour soutenir le lancement de votre pratique. La combinaison de cette série de webinaires et de l’atelier présenté à Cannexus vous permettra de marier des éléments très concrets au vécu authentique d’un entrepreneur en action.

 

En espérant que cette réflexion sur les polarités vous permette d’amorcer une réflexion sur le sujet et peut-être même de vous réconcilier face à votre choix de vous lancer en affaires dans le monde de la relation d’aide.

 


Maxime Dumais animera : Vivre sa pratique privée en DDC : regard sur expérience ”  au congrès canadien Cannexus24 du CERIC, qui aura lieu en mode hybride (en virtuel et en présentiel) et ce, à Ottawa du 29 au 31 janvier 2024. Pour en savoir davantage et/ou pour vous inscrire : cannexus.ceric.ca 


 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre

Maxime Dumais Author
Maxime Dumais est conseiller d’orientation et coach professionnel. Il est également entrepreneur et leader-fondateur du cabinet-conseil Création Carrière (https://www.creationcarriere.com/). La relation d’aide est sa deuxième carrière : il évolua d’abord dans le monde de la communication et des arts avant de s’y lancer. Aujourd’hui, il conjugue ses passions pour la transmission du savoir et la création de contenu par le biais de ses nombreux projets, y compris sa collaboration avec l’AQPDDC dont il est membre professionnel et actif.
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Maxime Dumais Author
Maxime Dumais est conseiller d’orientation et coach professionnel. Il est également entrepreneur et leader-fondateur du cabinet-conseil Création Carrière (https://www.creationcarriere.com/). La relation d’aide est sa deuxième carrière : il évolua d’abord dans le monde de la communication et des arts avant de s’y lancer. Aujourd’hui, il conjugue ses passions pour la transmission du savoir et la création de contenu par le biais de ses nombreux projets, y compris sa collaboration avec l’AQPDDC dont il est membre professionnel et actif.
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