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Le présent billet clôt un quadriptyque sur l’IA commencé avec mon pote Chatbot.
À l’ère de l’IA, de nombreuses tâches matérielles et immatérielles peuvent être et sont effectivement exécutées dans différents secteurs d’activité avec son aide. Les niveaux d’équipements et de formation des personnels sont très inégaux selon les secteurs. Certains utilisateurs s’en servent à la maison pour ensuite introduire le résultat de leurs « recherches » en milieu de formation et au travail. Ni tous les milieux de formation ni tous les milieux de travail n’ont encore pris la mesure de ce qu’il se passe actuellement avec l’IA. Par exemple, des élèves et des étudiants utilisent régulièrement l’IA, notamment ChatGPT et DALL.-E2, pour réaliser leurs travaux. Des gestionnaires s’appuient sur les mêmes outils pour leur présentation en réunion d’équipe, en comité de direction ou en conseil d’administration. Des techniciens de tous les secteurs d’activité, y compris la santé et la sécurité nationale, disposent d’outils de l’IA.
Ces tâches sont exécutées rapidement, sans état d’âme, sans plaintes, sans pauses, sans sentiment, sans humanité… Les milieux de travail ont-ils besoin d’êtres humains libres, capables d’intuition et de réflexion? Parions que oui.
Les tâches exécutées grâce aux applications de l’IA le sont sans caractéristiques éthiques et intentionnelles. Elles sont exécutées sans les caractéristiques sensibles et émotionnelles qui nous rendent potentiellement intuitifs, pensants, créatifs et capables d’agir.
Reconnaissons que l’efficacité et la rapidité d’exécution de ces tâches sont perfectibles et impressionnantes. Ces tâches sont programmables dans le temps et dans l’espace. Les applications issues de l’IA permettent d’obtenir des résultats plus précis, plus structurés, plus synthétiques, plus ajustés à la demande des utilisateurs. Lorsqu’elles sont exécutées à la demande et sous le contrôle d’une personne, alors l’IA occupe la place d’assistant automatisé ou d’assistant virtuel.
Mais toute l’IA qui nous entoure n’est pas installée à notre demande et ne fonctionne pas sous notre contrôle. De plus, certaines applications de l’IA nous concernent mais elles sont les assistants virtuels d’autres individus ou organisations.
Alors nous les subissons au quotidien. Nous les subissons de différentes manières.
- En étant fournisseurs de données personnelles et professionnelles avec notre consentement éclairé ou parfois sans éclairage ni consentement tout court.
- En étant utilisateurs contraints de passer par LA procédure automatisée imposée.
- En étant de fait en concurrence avec les autres professionnels, utilisateurs d’assistants automatisés, qui deviennent plus rapides, précis, informés, ajustés…
- En étant contraints de s’informer, de se former et d’utiliser les nouveaux outils de l’IA, ne serait-ce que pour éviter les risques d’obsolescence professionnelle.
- En étant contraints d’ajouter du temps et un effort de prise en main, de mise en route et d’utilisation dans notre emploi du temps ou en dehors de celui-ci.
- En étant face à une quantité plus importante d’informations générées par des utilisateurs de plus en plus nombreux et par l’IA elle-même sans y avoir été préparés.
- En étant face à la rapidité des réponses sans y avoir été préparés et sans réelle possibilité de les intégrer dans un temps humainement acceptable et souhaitable.
- En étant face à une charge mentale de plus en plus intense et une nécessité de traitement (notamment la vérification des informations) sans y avoir été préparés.
- En étant techniquement en arrêt et humainement frustrés lorsqu’il y a une panne ou un dysfonctionnement de l’application ou de l’outil informatique ou du réseau.
- En étant face à des raisons de passer du temps supplémentaire devant nos écrans et à l’effacement des frontières entre vie personnelle et vie professionnelle.
L’IA est censée faciliter notre vie personnelle et professionnelle, réduire notre charge mentale en formation et au travail, optimiser notre recherche de solution et la pertinence de nos interventions. Mais pour quoi faire? Quelle en est la finalité? Pour se lancer immédiatement dans la résolution d’un autre problème, dans une autre recherche ou bien dans un temps de repos ou de convivialité?
L’utilisation de l’IA fait de nous des superviseurs, des « cyberviseurs », qui chapeautent et donnent une direction aux applications utilisées, et nous restons face à des questions philosophiques (le juste), morales (le bien) et éthiques (le bon).
Comment faire preuve de discernement et prendre soin de nos valeurs dans le cadre d’un développement de carrière face aux prouesses virtuelles vertigineuses?
En devenant un méta-utilisateur? En se posant les bonnes questions? En posant les bonnes questions à notre assistant virtuel? En rétablissant nos limites et notre équilibre vie-travail? En instaurant des frontières et des temps distincts entre réel et virtuel? En veillant à notre santé et en ressentant notre niveau de bien-être? En laissant guider par notre intérêt et notre plaisir plutôt que par notre assistant virtuel? Un méta-utilisateur serait-il un utilisateur conscient de ses intentions et décisions?
Ce n’est pas l’IA qui décide de ce que nous ferons du temps gagné. Les décisions relatives à ce que nous faisons de notre temps s’appuient sur des valeurs : nos valeurs personnelles, nos valeurs professionnelles, les valeurs de notre organisation, les valeurs de notre communauté, les valeurs de notre région, les valeurs de notre pays et les valeurs de notre continent.
Si mon assistant virtuel a de la valeur sur les plans technologique, utilitaire et marchand, il n’a ni intention ni objectif ni émotion ni compréhension de lui-même ni sens ni conscience des valeurs humaines. Un assistant virtuel ne sait pas ce qui est important pour lui, pour autrui et pour moi.
Les utilisateurs de l’IA se connaissant suffisamment peuvent prendre de meilleures décisions les concernant et concernant leur organisation. Une personne qui se connaît a conscience de ce qui est important pour elle. Elle connaît ses intentions, ses valeurs, ses besoins, ses attentes et ses limites. Si ce n’est pas le cas, alors la relation d’aide en général et le counseling de carrière en particulier deviennent des ressources pour les utilisateurs dans l’ombre d’eux-mêmes. Qu’ils soient étudiants, employés, indépendants, en recherche d’emploi ou à la retraite, ils peuvent s’engager dans une exploration de soi, parce que tout être humain a des valeurs!
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.