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Récemment, j’ai eu l’occasion de discuter avec Jérémie Le Guern-Lepage et Laurence Audet, les animateurs du balado Les Orientateurs explorateurs, respectivement étudiant et étudiante à l’Université Laval, ainsi qu’avec Sophie St-Denis, étudiante à l’Université de Sherbrooke. Cette dernière et moi-même, étudiant à l’Université du Québec à Montréal, étions invités à leur épisode pour la Semaine québécoise de l’orientation 2024.
En présentant nos parcours respectifs, Laurence m’a appris avoir choisi le baccalauréat en orientation directement après ses études collégiales. Dans son histoire, deux choses m’ont particulièrement intéressé.
La première, c’est la manière dont la conseillère d’orientation (c.o.) de son école secondaire lui a dit qu’elle ne pouvait pas l’aider, car elle avait trop d’intérêts. Laurence a ainsi vécu une expérience négative avec une c.o. qui était censée lui apporter l’aide dont elle avait besoin.
La seconde, c’est le fait qu’elle a choisi l’orientation directement après ses études collégiales.
Sa professeure a demandé à sa classe de 80 personnes en orientation à l’Université Laval : « Qui a choisi directement l’orientation après le cégep? » (Audet et al., 2024). Tu devines probablement que très peu d’étudiants et d’étudiantes ont levé leur main. Pour être plus précis, Laurence et une de ses collègues sont les seules de la classe à avoir osé lever la main. Cette anecdote est similaire aux observations que j’ai moi-même faites dans mon parcours au baccalauréat en développement de carrière et maintenant à la maîtrise.
Pendant mes études, j’ai surtout rencontré des étudiants aux parcours diversifiés, certains ayant étudié dans d’autres programmes à des niveaux professionnels, collégiaux et universitaires ainsi que des personnes ayant d’abord travaillé avant de se diriger vers l’orientation et le développement de carrière.i. Parmi les personnes ayant fait des études universitaires avant l’orientation, nombreuses étaient celles qui avait choisi l’orientation après des études au baccalauréat en psychologie.
Choisir l’orientation après avoir étudié au baccalauréat en psychologie ou dans un autre programme
D’autres, comme Sophie St-Denis, choisissent l’orientation après un refus au doctorat en psychologie. La quête vers le doctorat en psychologie est reconnue pour créer beaucoup de stress aux étudiants et étudiantes qui en sont au baccalauréat. Sophie soulève d’ailleurs l’ironie d’étudier en « santé mentale et puis […] « scrap[er]» [l]a sienne » (Audet et al., 2024). Au cours de cet échange, Sophie a partagé l’existence d’un groupe privé Facebook qui compte plus de 4000 abonnements et qui porte le nom Le doctorat en psycho n’est pas loin du mythe. Je la remercie d’ailleurs de m’avoir fait découvrir ce groupe qui, selon elle, aurait attiré l’attention de journalistes.
Effectivement, des journalistes ont porté leur attention sur ce groupe qui semble avoir mené à la rédaction d’un article dans La Presse (2022), dans lequel il était mentionné que « quelque 2000 nouveaux étudiants entreprennent chaque année un baccalauréat en psychologie dans une université québécoise. » Un ratio de « moins d’un [étudiant au baccalauréat] sur six » est admis. Un autre article de La Presse (2024) citait la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Elle mentionnait que « [si] vous n’êtes pas accepté au doctorat clinique et si vous ne souhaitez pas faire le doctorat, vous étiez un peu dans un cul-de-sac ». Pour répondre à cet enjeu, Québec souhaite offrir davantage de débouchés aux diplômés du baccalauréat en psychologie. Pourtant, il existait des programmes passerelles pour les titulaires d’un baccalauréat en psychologie.
Diversifier davantage les parcours, une bonne idée?
Et si la solution n’était pas de diversifier davantage les parcours, mais plutôt de miser davantage sur des programmes menant à des professions axées sur la relation comme l’orientation, la sexologie, le travail social, la psychoéducation et la criminologie? Et ce, avant même l’obtention du baccalauréat en psychologie.
Le MES recommande aux universités qui ne le font pas déjà de mettre sur pied un programme de soutien, d’orientation et d’accompagnement pour les étudiants au baccalauréat en psychologie qui envisagent un parcours autre que le doctorat en psychologie, soit par choix, soit parce qu’ils ne possèdent pas le dossier qui leur permettrait d’être admis dans un programme clinique de doctorat. L’accompagnement envisagé leur offrirait des cheminements alternatifs pour accéder au marché du travail en santé mentale et aux autres types d’emplois offerts aux bacheliers en psychologie;
Sensibiliser rapidement les étudiants en psychologie aux autres chemins possibles
La mise en place d’un tel programme permettrait aux étudiants et étudiantes de connaître avant leur diplomation les débouchés professionnels leur permettant de mettre à profit leurs compétences et leur volonté de poursuivre dans une profession de la relation d’aide dans des programmes existants et professionnalisants. Cette quête d’avenues devrait être encouragée pour l’ensemble des étudiants en psychologie.
L’orientation, une profession de la relation d’aide
Parmi les domaines de la relation d’aide, j’ai envie de m’arrêter sur l’orientation comme domaine propice à accueillir des étudiants et étudiantes ainsi que des bacheliers et bachelières en psychologie. Pourquoi? Parce que c’est la Semaine québécoise de l’orientation (SQO) et parce que c’est un domaine connexe qui offre des perspectives intéressantes pour intervenir auprès d’une variété de personnes. L’intervention en orientation peut être représentée par un « triangle [… aux pôles] de ce triangle-là [on retrouve] : l’individu, la formation et le contexte de travail » (Andraos cité dans Bernard-Poulin, 2024). Un certificat, une majeure, une propédeutique ou un baccalauréat en orientation ou développement de carrière facilitent l’accès à une grande diversité de professions liées au domaine de la relation d’aide (aide pédagogique individuelle, conseiller et conseillère en emploi, ou en information scolaire et professionnelle, etc.). Avec une maîtrise, il est possible d’accéder à l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation (OCCOQ) et dernièrement, un projet visant à permettre au c.o. de poser des diagnostics a été déposé (OCCOQ, 2024).
Et si tu n’étudies pas en psychologie
L’orientation et le développement de carrière sont des programmes qui gagneraient à être considérés comme premier choix.
Ce sont des domaines où il est possible d’intervenir avec différentes clientèles à différents niveaux de leur employabilité ou de leur maturité vocationnelle.
Expliquer davantage ce qu’est l’orientation
Pour moi, le développement de carrière est un processus qui se construit tout au long de la vie. Au cours de notre progression, nous sommes amenés à nous questionner, à réfléchir sur notre avenir professionnel. Cette réflexion peut survenir au cours de périodes de transition, de crise ou de prise conscience. Lorsque ces périodes surviennent, il peut être intéressant d’avoir une personne pour nous accompagner dans notre processus d’orientation. Les c.o. sont les professionnels tout indiqués pour nous accompagner dans notre cheminement de carrière et le choix d’un cheminement professionnel en cohérence avec nos intérêts, nos valeurs, nos aptitudes et notre personnalité.
Les programmes en orientation et en développement de carrière préparent les étudiants et étudiantes à accompagner des personnes dans leur processus de développement professionnel. J’ai aussi ajouté les cliniques carrières et d’orientation de chacune des universités qui permettent aux étudiants et étudiantes d’aider des personnes clientes au cours de leur formation. Les étudiants ont plusieurs possibilités :
L’Université du Québec à Montréal
Majeure en développement de carrière
- Cheminement régulier
- Cheminement préparatoire à la maîtrise en counseling de carrière destiné aux personnes ayant un baccalauréat en psychologie
Baccalauréat en développement de carrière
- Profil régulier
- Profil Honor
Maîtrise en counseling de carrière
- Profil recherche-intervention
- Profil intervention
L’Université de Sherbrooke
- Type recherche
- Type cours
Les personnes au baccalauréat en psychologie ont même la possibilité d’intégrer certaines activités pédagogiques nécessaires à l’admission d’un programme de maîtrise connexe. Les étudiants peuvent donc accélérer leur transition en obtenant un certificat dans une discipline connexe comme l’orientation. Ce site offre de plus amples informations.
L’Université Laval
Microprogramme Approche humaniste existentielle en psychothérapie
Maîtrise en sciences de l’orientation
Doctorat en science de l’orientation
Clinique de counseling et d’orientation
https://clinique-counseling-orientation.fse.ulaval.ca/a-propos/
Conclusion
Le monde du travail se complexifie et se transforme de plus en plus rapidement. Au cours des cinq dernières années, nous avons vécu une pandémie mondiale, des pénuries de main-d’œuvre et nous sommes au cœur d’une nouvelle révolution technologique avec l’intelligence artificielle. L’époque où le personnel demeurait en poste au sein de la même entreprise est révolue. Les employeurs s’intéressent de plus en plus au maintien de celui-ci et au développement de ses compétences. Les conseillers et conseillères, et plus largement, les professionnels du développement de carrière par leur champ d’intervention ont une expertise pour accompagner dans un contexte de plus en plus incertain dans lequel se construit leur carrière. Les c.o. sont notamment en mesure d’accompagner les personnes vivant avec des enjeux de santé mentale et plus récemment, ils sont en mesure de poser certains diagnostics à la suite de l’adoption du projet de loi 67 visant à modifier le code des professionnels. L’adoption de ce « projet de loi propose remplacer le terme » évaluer » par » diagnostiquer » » (De roussan et Dufour, 2024).
Et si le développement de carrière et l’orientation devenaient ta carrière? Il existe une diversité de programmes pour devenir un professionnel ou une professionnelle du développement de carrière ou de l’orientation pour des personnes provenant d’horizons diversifiés.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Références :
Audet, M. (anim.), Le Guern-Lepage, J.(anim.), Beaulieu, M.-O. (invité) et St-Denis, S. (invité) (2024, 4 nov.) Étudier en orientation… je fais quoi avec ça? – Panel de 4 étudiants en orientation (no 21) [Épisode de balado audio]. Dans Les Orientateurs explorateurs. Spotify. https://open.spotify.com/episode/73jvWrvq4NgFNHsWJnCQkb
Bernard-Poulin, B. (2024). Allo le job de rêve : oublie le 9 à 5 et gagne ta vie comme tu l’entends [livre]. Édition Logique.
David, H., Granger, L., & Colleret, M. (2023, 6 avril). Santé mentale : des formations qui répondent aux besoins de la population. Rapport du Groupe de travail sur l’optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale.
De Roussan, G. et Dufour, C. (2024, 26 sept.). Les troubles mentaux : de l’évaluation au diagnostic | OCCOQ | [Vidéo]. YouTube.
Gagnon, K. (2024, 19 août). « Étudiants en psychologie : Québec promet de nouveaux débouchés ». La Presse.
Gagnon, K. (2022, 1 novembre). « Accès au doctorat : Déséquilibre en psychologie ». La Presse.
OCCOQ [@OCCOQ] (2024, 8 novembre) Le projet de loi 67 est adopté [publication]. Facebook. https://www.facebook.com/share/p/14jPxd4iSUR/.
i Selon des statistiques fournies par Louis Cournoyer directeur de la maîtrise en counseling de carrière et anciennement directeur au baccalauréat en développement de carrière, environ 40 % des étudiants en développement de carrière auraient 24 ans et plus. On peut donc en déduire que près de la moitié des étudiants en développement de carrière aurait choisi cette voie après avoir expérimenté d’autres chemins.