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Quand un parent d’élève souhaite lui-même se reconvertir
Le présent billet vise à rebondir sur celui, récent, de Jacques Limoges « Au gré des missions internationales » et à faire un lien avec mon précédent billet « Reconnaissez le génie de vos parents, mais faites votre vie! » Lorsqu’un parent d’élève accompagne son enfant dans son orientation scolaire, il n’est pas rare que cet accompagnement le renvoie à lui-même. Les questions que le parent pose à son enfant peuvent lui revenir comme un boomerang et, alors, le déprimer ou le booster!
« Qu’est-ce que tu aimes faire de ton temps? » = « Qu’est-ce que j’aime faire… »
« Qu’est-ce que tu aimerais faire plus tard? » = à vous de compléter avec « Je » …
« Qu’est-ce qu’il est important de réaliser dans ta vie ? » = …
« Qu’est-ce qui te laissera des regrets si tu ne le fais pas? » = …
« Qu’est-ce que tu aimerais résoudre comme problèmes dans la société? = …
« À quel genre de solutions aimerais-tu te consacrer ou dans quel secteur? = …
« Quel genre d’adulte as-tu envie de devenir? = …
« Quel style de vie as-tu envie de mener? = …
« Quelles valeurs as-tu envie de développer? » = …
Lorsqu’un parent d’élève vient avec son adolescent en entrevue de counseling d’orientation, ce qui se passe peut réveiller des souvenirs, des projets oubliés, des deuils, des deuils non faits, des regrets, des frustrations, des déceptions, mais aussi ranimer des projets personnels ou professionnels. Mais il arrive que le parent se censure parce qu’il adhère à l’idée convenue que son enfant a la vie devant lui et a la croyance que lui, le parent, a sa vie derrière lui. Cette croyance peut être remise en question. Alors, il arrive qu’un parent d’élève reparte avec l’idée qu’il a aussi une vie devant lui.
Il arrive que le counseling d’orientation prévu pour l’adolescent éveille un désir de reconversion ou de reprise d’activités chez un parent. En France, il existe deux grands dispositifs pour accompagner les adultes : le conseil en évolution professionnelle et le bilan de compétences. L’une ou l’autre de ces prestations, ou les deux prestations délivrées successivement, débouchent éventuellement sur une reconversion, autrement dit sur une formation certifiante financée avec le Compte Personnel de Formation (CPF) ou le dispositif Projet de Transition Professionnelle (CTP) pour les salariés du secteur privé. Voir ses enfants construire leurs projets et donc se préparer à quitter le nid peut être une autre occasion pour un parent d’avoir envie de faire le point.
Connaître les dispositifs mis en œuvre en France pourrait intéresser des lecteurs québécois.
En France, lorsqu’un adulte est reçu au CIO (Centre d’Information et d’Orientation), service public d’orientation qui accueille gratuitement tout public en recherche de solutions d’orientation, le psychologue peut lui conseiller de se faire accompagner par un conseiller en évolution professionnelle. Le conseil en évolution professionnelle est un service d’accompagnement individuel gratuit offert à tous les actifs. L’accompagnement peut être réalisé en présentiel ou à distance. Une plateforme régionale centralise les demandes et les renvoie vers une structure de proximité qui réalise cette prestation.
Si le projet professionnel n’est pas suffisamment construit ou précis, ou s’il n’y a pas de projet défini à l’issue de cette prestation, le conseiller en évolution professionnelle peut lui recommander de faire un bilan de compétences et si le salarié le souhaite ou est d’accord, alors il doit s’adresser à un autre organisme qui réalisera cette prestation de bilan de compétences qui durera jusqu’à 24 heures. Alors que le conseil en évolution professionnelle est gratuit, le bilan de compétences est payant, y compris dans les organismes publics. Le salarié peut utiliser le montant disponible sur son Compte Personnel de Formation pour régler en totalité ou, si le montant est insuffisant, en partie, le coût du bilan de compétences. Lorsque l’écart entre le coût du bilan de compétences et le montant disponible sur le Compte Personnel de Formation est trop important pour le salarié, celui-ci aura tendance soit à abandonner ou à différer dans le temps son accompagnement pour réunir les fonds nécessaires, ou encore à demander une réduction du temps d’accompagnement pour en réduire le coût.
Si, à l’issue du conseil en évolution professionnelle et d’un bilan de compétences, le projet professionnel n’est toujours pas défini, la réglementation n’a pas prévu de dispositif pour accompagner plus en profondeur ces salariés qui se retrouvent alors démunis, en grande difficulté et sans interlocuteurs référencés. Certains organismes de bilans de compétences proposent, moyennant finances supplémentaires et personnelles, des prestations complémentaires très inégales.
Si le projet professionnel est suffisamment bien ficelé, le bénéficiaire, salarié depuis au moins deux ans du secteur privé, peut alors se tourner vers un organisme de formation.
– Le bénéficiaire peut financer lui-même sa formation avec un apport personnel à tout moment, mais il n’aura aucun revenu, sauf si son employeur décide de le payer!
– Il peut utiliser le montant disponible sur son Compte Personnel de Formation. Alors le coût de la formation sera réglé en partie ou en totalité, mais si sa formation se déroule sur son temps de travail, il lui faudra l’accord de son employeur, ce qui est plutôt rare s’il s’agit d’un projet de reconversion. L’employeur le payera dans de rares cas. Quand cela est possible, le bénéficiaire suivra sa formation en dehors du temps de travail, mais une reconversion implique le plus souvent une formation à temps plein.
– Il peut demander une prise en charge totale ou partielle du coût de la formation et un maintien de son salaire à l’organisme paritaire Transitions Pro. Dans ce cas, le salarié doit monter un dossier en ligne appelé Projet de Transition Professionnelle. L’organisme Transitions Pro accepte environ la moitié des dossiers (en Occitanie 900 dossiers sont acceptés sur 1800 dossiers déposés). Les formations financées par Transitions Pro excèdent très rarement les 1200 heures, soit une année.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.