Dans un monde complexe et en profond changement marqué par l’intégration de plus en plus rapide de l’intelligence artificielle, l’émergence de nouvelles attentes de la part du personnel ainsi que la vitesse à laquelle le monde du travail change, le sens du travail est au cœur des préoccupations.
Marché du travail

De quelle façon les gestionnaires peuvent-ils aider leur personnel à trouver du sens au travail?

Getting your Trinity Audio player ready...
Introduction 

Dans un monde complexe et en profond changement marqué par l’intégration de plus en plus rapide de l’intelligence artificielle, l’émergence de nouvelles attentes de la part du personnel ainsi que la vitesse à laquelle le monde du travail change, le sens du travail est au cœur des préoccupations. 

Le sens du travail prend une place différente aujourd’hui dans les priorités des travailleurs et travailleuses, spécialement pour la génération Y et Z. Il doit avoir un sens avant tout, et ne doit pas empiéter sur la qualité de vie et la vie personnelle. 

Le rôle des gestionnaires évoluant lui aussi dans ce même contexte, les attentes des employés face à ceux-ci sont en concordance avec cette évolution – les gestionnaires doivent être à l’affût des signes de détresse, veiller aux risques psychosociaux et veiller davantage au bien-être, à la santé et la sécurité de leurs équipes. 

 
Décoder le sens au travail et ses différentes dimensions 

Estelle Morin, psychologue et chargée d’enseignement au HEC Montréal, définit le sens au travail comme la corrélation entre le bien-être psychologique d’une personne et son engagement affectif dans l’organisation1. En d’autres mots, c’est l’effet de cohérence entre le travail d’une personne et les valeurs qu’elle porte. Cette corrélation se traduit par plusieurs dimensions, telles que l’utilité du travail, la rectitude morale du travail, les occasions d’apprentissage et de développement, l’autonomie, la reconnaissance et la qualité des relations. 

Dans une perspective de ressources humaines, cela se traduit par le développement de compétences, l’autonomie offerte dans un poste, le développement de carrière, l’alignement entre les valeurs personnelles de l’employé et celles de l’organisation, la capacité à contribuer directement aux objectifs de l’organisation et à la santé organisationnelle. Les pratiques RH doivent donc favoriser ces dimensions qui créent un environnement de travail propice à l’émergence et au maintien du sens au travail. 

 

Le rôle crucial des gestionnaires dans le sens au travail 

Les gestionnaires, en tant que piliers de l’expérience quotidienne des employés, jouent un rôle déterminant dans le sens au travail. Parmi leurs nombreux chapeaux, ils doivent mettre en œuvre plusieurs pratiques essentielles. D’abord, clarifier et communiquer régulièrement la vision et les objectifs à l’équipe, en établissant des liens explicites entre les tâches individuelles et la mission globale de l’organisation. Ensuite, favoriser l’autonomie décisionnelle en déléguant des responsabilités et en encourageant les initiatives. L’autonomie étant un facteur névralgique dans le fait de rester ou non dans une organisation, il est essentiel de s’y pencher. Cela passe par la confiance que les gestionnaires accordent à chaque personne, pourvu que cette confiance soit la résultante d’un équilibre entre la liberté d’action et la bienveillance dans l’encadrement.  

Les gestionnaires doivent également créer des occasions d’apprentissage et de développement professionnel adaptées aux aspirations de chaque membre de l’équipe.

Cela passe donc par une compréhension marquée et véritable des besoins et aspirations de chaque personne. La reconnaissance est elle aussi au centre des préoccupations – elle doit être personnalisée et régulière (faite de façon formelle et informelle), et doit nourrir positivement la contribution de chaque personne. L’instauration d’une culture de rétroaction est l’une des stratégies à utiliser pour venir combler ce besoin. 

Enfin, il est essentiel de favoriser une culture organisationnelle saine, éclairante et sécuritaire psychologiquement, où les erreurs sont normalisées et où le dialogue constructif est fortement encouragé. Les gestionnaires soutiennent l’expression des préoccupations et des idées, ce qui nourrit directement le sentiment d’appartenance et de contribution individuelle et collective. 

 

Défis et obstacles potentiels 

La mise en place de pratiques visant à donner du sens au travail peut sembler simple sur papier, mais n’est pas sans embûches. Les gestionnaires faisant déjà face à plusieurs défis dans leur quotidien pourraient voir le sens au travail comme une responsabilité supplémentaire, alors qu’il s’agit en réalité d’une opportunité privilégiée d’affirmer leur leadership.  

Un premier défi pourrait concerner l’alignement entre les valeurs organisationnelles et les valeurs de l’employé.

En effet, lorsque ces deux aspects sont en décalage, les gestionnaires peuvent éprouver des difficultés à établir des liens significatifs avec les membres de l’équipe au niveau des rôles et responsabilités, mais aussi au niveau du sens au travail. 

Un deuxième défi, relié au premier, peut concerner les différentes perceptions possibles. En effet, la diversité des perceptions vient directement influer sur la valeur associée à une dimension – par exemple, certains valorisent l’impact social, d’autres l’innovation et d’autres, la qualité des relations de travail. En ce sens, les gestionnaires doivent composer avec ces différentes perceptions et devoir être des « caméléons » pour adapter leur approche. 

Finalement, les contraintes temporelles peuvent elles aussi être un défi. La création de sens nécessite du temps, de l’espace et des échanges plus « planifiés », ce qui peut être difficile à préserver dans un contexte où les urgences opérationnelles fusent. 

 

Conclusion 

Le sens au travail est aujourd’hui fondamental et les gestionnaires d’aujourd’hui ne peuvent y échapper. La posture du gestionnaire doit nourrir ce sens, en alignant des tâches individuelles et collectives, en favorisant l’autonomie, en créant des opportunités de développement et en instaurant un climat psychologiquement sécuritaire. Considérer le sens au travail devient un avantage concurrentiel majeur pour attirer et retenir les talents. Les gestionnaires qui réussiront à transformer cette réflexion en actions concrètes contribueront significativement non seulement au bien-être de leurs équipes, mais également à la performance saine et durable de leur organisation.  

 

Références

[1] MORIN, Estelle. Sens du travail, santé mentale au travail et engagement organisationnel, rapport de recherche scientifique, HEC Montréal, 2008. 

Avec plus de 10 ans d’expérience combinée en RH et en communication, j’accompagne les PME en croissance désireuses de réellement placer les humains au cœur de leurs stratégies organisationnelles. Travailler en co-création et placer la connaissance de soi au service de votre organisation sont les lignes directrices qui qualifient mon travail.
×
Avec plus de 10 ans d’expérience combinée en RH et en communication, j’accompagne les PME en croissance désireuses de réellement placer les humains au cœur de leurs stratégies organisationnelles. Travailler en co-création et placer la connaissance de soi au service de votre organisation sont les lignes directrices qui qualifient mon travail.
Latest Posts
  • Dans un monde complexe et en profond changement marqué par l’intégration de plus en plus rapide de l’intelligence artificielle, l’émergence de nouvelles attentes de la part du personnel ainsi que la vitesse à laquelle le monde du travail change, le sens du travail est au cœur des préoccupations.