L’intelligence artificielle s’invite dans la pratique des conseillers et des conseillères d’orientation du Québec
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Présentes dans tous les débats, les applications issues de l’intelligence artificielle (IA) ne laissent aucune profession indifférente — et celle des conseillères et conseillers d’orientation (c.o.) n’y échappe pas. Actifs dans des milieux aussi variés que l’éducation, l’employabilité, la réadaptation ou la santé mentale, les c.o. voient certaines de leurs tâches et responsabilités transformées par l’essor de l’IA.
Par exemple, elles permettent d’améliorer le traitement du texte (analyse, traduction), d’optimiser les interactions (agents conversationnels, assistants numériques), de faciliter la reconnaissance vocale et faciale, de simuler diverses situations (avatars) et de soutenir la prise de décision. Bien que les applications qu’offre l’IA soient nombreuses, la recherche scientifique de leur impact sur la profession demeure étonnamment rare.
L’OCCOQ enquête sur l’intégration de l’IA dans la profession
Très peu d’études se sont penchées sur la manière dont les c.o. eux-mêmes vivent l’intégration de l’IA dans leur pratique quotidienne. Une lacune notable, alors que les questionnements au sein du milieu se multiplient. C’est dans ce contexte qu’une enquête en collaboration avec l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ) a été menée afin de mieux comprendre la réalité du terrain (résultats complets présentés dans le Magazine L’orientation de l’OCCOQ). Au total, 317 conseillers d’orientation ont participé à l’enquête. Parmi eux, 79 % sont des femmes, ce qui reflète leur proportion au sein de l’Ordre, où elles représentent 83 % des membres. Les répondants offrent un échantillon diversifié en termes de secteur d’activité, d’âge, d’ancienneté et de répartition géographique. Qu’y apprend-on? Tout d’abord on constate que plus de la moitié des conseillers et conseillères ayant participé à l’enquête utilisent des applications issues de l’IA dans leur quotidien, que ce soit pour les assister dans la rédaction de cv, de lettres de référence, la rédaction de notes, le développement de situations d’entrevue, la prise de rendez-vous automatisée ou la téléconsultation. Des applications permettant des simulations de contextes d’emploi par la réalité virtuelle sont également du nombre, mais utilisées dans une proportion moindre.
Entre efficacité et préoccupations
Le sondage met en lumière un rapport contrasté des c.o. face aux applications issues de l’IA.
Plus les c.o. utilisent des applications d’IA, plus ils les perçoivent comme utiles et favorisant leur efficacité au travail.
Toutefois, les enjeux soulevés varient en fonction du secteur. Par exemple, le secteur de la réadaptation et de la santé affichant davantage de préoccupations en matière de confidentialité, potentiellement en raison de la vulnérabilité de la clientèle. Par ailleurs, les c.o. partagent des préoccupations dominantes dans le cadre de leur travail telles que la crainte de la déshumanisation du métier et une pression accrue pour être plus performant.
Poursuivre la recherche sur les défis des conseillers et conseillères d’orientation
Seules des données empiriques collectées auprès des c.o. permettront de poursuivre des discussions rigoureuses pour réfléchir à leurs besoins. Cette enquête constitue une première étape vers une compréhension empirique des effets de l’IA sur la profession. Pour nourrir une réflexion constructive et mieux cerner les besoins des conseillers d’orientation, il devient essentiel de poursuivre cette démarche. Plusieurs questions restent à explorer : comment les gains d’efficacité apportés par l’IA influent-ils sur le rythme quotidien des c.o.? Comment ces derniers exercent-ils leur jugement professionnel face à des outils dont les bases sont souvent opaques? Quelles nouvelles tâches émergent et comment l’identité professionnelle des c.o. évolue-t-elle?
Ce sont autant de questions qui méritent d’être explorées, tant auprès des c.o. du Québec qu’à l’échelle du Canada.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.