Faire abstraction de l’IA est impossible. Une culture de l’apprentissage est essentielle pour débloquer son potentiel
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Cet article fait partie de la série thématique « L’IA dans le développement de carrière : nouveautés et perspectives ». Restez à l’affût sur OrientAction dans les jours à venir pour plus d’articles thématiques, ou inscrivez-vous à notre infolettre hebdomadaire OrientAction en bref pour recevoir les publications thématiques.
Mark Patterson présentera une série de webinaires en collaboration avec le CERIC, les 8 et 22 mai prochain, sur « IA pour le développement de carrière en 2025 ». Le webinaire sera présenté en anglais, mais un sous-titrage en temps réel généré par l’IA en français sera disponible.
L’an dernier, à la même époque, nous nous demandions dans quelle mesure l’IA – et plus particulièrement l’IA générative – serait utilisée sur le lieu de travail, si elle allait remplacer les êtres humains, et s’il était envisageable qu’elle puisse constituer une force bénéfique sur le marché de l’emploi. Aujourd’hui, l’IA a fait son entrée en scène. Nombreux sont ceux qui se sont tournés vers les outils de l’IA générative pour gagner du temps et réduire les efforts consacrés aux tâches administratives, telles que la rédaction de courriels, le résumé de documents, et la synthèse de notes de réunion.1
Si le transfert des tâches administratives est une évolution prometteuse, en particulier parce qu’il permet aux spécialistes des services d’orientation professionnelle de se concentrer sur le soutien et sur les relations avec les clients (anglais), cela ne représente qu’une infime partie des possibilités offertes par l’intelligence artificielle.
L’IA offre un potentiel énorme en matière de services de carrière, d’accompagnement professionnel, et autres domaines connexes.
En effet, des outils sont déjà disponibles pour fournir un retour d’information sur les réponses aux entretiens d’embauche (anglais), pour personnaliser les CV en fonction des offres d’emploi, pour comprendre les tendances du marché de l’emploi, et pour planifier les parcours professionnels.
Le nouveau défi consiste à favoriser un apprentissage efficace de l’IA afin de permettre une utilisation responsable et profitable de cette technologie. Il est important que les dirigeants envisagent l’IA non pas comme une technologie statique que l’on peut comprendre, mettre en œuvre, et maîtriser, mais comme une compétence qui doit être constamment mise à jour.
Les organisations doivent délibérément favoriser des cultures où l’expérimentation est encouragée, tout en étant fondée sur une compréhension des risques et des répercussions.
Les entreprises ne peuvent pas se permettre de passer à côté de l’IA
Que les dirigeants l’admettent ou non, leurs employés adoptent et utilisent déjà l’IA (anglais). C’est ce que l’on appelle l’approche « Apportez votre propre IA », dans laquelle les employés accèdent à des outils gratuits, tels que ChatGPT, et expérimentent leur potentiel d’amélioration de la productivité, d’automatisation des tâches, etc.
Si l’expérimentation peut être source d’avancées utiles, elle comporte également des risques :
- Des informations confidentielles peuvent être partagées et compromises par le biais d’outils d’IA (anglais) si les utilisateurs ne sont pas attentifs aux problèmes de sécurité des données.
- L’IA présente des préjugés qui lui sont inhérents et peut commettre des erreurs, en particulier lorsque les utilisateurs ne connaissent pas bien l’IA, et n’ont pas l’habitude de formuler des requêtes.
En revanche, certains employés hésitent tout simplement à utiliser l’IA, que ce soit par crainte des répercussions en matière de sécurité, ou par manque de compréhension du fonctionnement de ces outils. Une approche non interventionniste ne fait que creuser le fossé au sein d’une organisation, avec certains membres de l’équipe utilisant les outils à leur avantage, d’autres engendrant des risques, et d’autres encore se retrouvant complètement à la traîne.
Utilisée de manière réfléchie, l’IA peut aider un chercheur d’emploi nouvellement arrivé à s’orienter en fonction des normes culturelles lors des entretiens d’embauche, ainsi que sur le lieu de travail, ou encore aider un chercheur d’emploi en milieu de carrière à identifier des possibilités de transition vers un nouveau secteur d’activité. Si l’on veut saisir ces opportunités, il est toutefois essentiel d’être conscient des éventuels préjugés afin de pouvoir répondre aux besoins particuliers d’un chercheur d’emploi, et de veiller à la sécurité de ce dernier.
Pour les personnes qui travaillent en tant que spécialistes des services d’orientation professionnelle, il est également important de se rappeler qu’un grand nombre des clients que vous servez seront amenés à occuper des postes dans lesquels ils devront utiliser régulièrement l’IA. Il est donc d’autant plus important pour les personnes travaillant avec des chercheurs d’emploi de comprendre le caractère évolutif de l’IA.
Comment exploiter au mieux l’IA?
En 2024, Magnet a lancé MagnetAI, un centre de ressources accompagné d’une série de webinaires destinés à aider les PME, les organisations communautaires, les éducateurs, et les travailleurs, à s’orienter face à l’adoption de l’IA.
Notre message principal est le suivant : étant donné l’étendue et l’évolution constante de l’IA, l’approche idéale en matière d’adoption est celle qui permet aux équipes de comprendre le fonctionnement des outils pertinents, d’identifier et d’utiliser ces outils dans le cadre de leur travail, d’avoir la possibilité de partager ce qu’elles ont appris, et de poser des questions dans un contexte de collaboration.
Les organisations devront faire preuve de souplesse dans leur façon d’aborder l’adoption de l’IA, tout en gardant à l’esprit quelques principes clés :
- Développer les connaissances : Parallèlement aux applications pratiques de l’IA, les équipes devront comprendre les fonctions de l’IA. Il est important de prendre le temps de comprendre les fondements des grands modèles de langage, leur fonctionnement, et la façon de réfléchir de manière critique à des questions, telles que les préjugés et la sécurité des données.
- Décomposer : Les cas d’utilisation de l’IA étant a priori infinis, il est facile de se sentir dépassé, de se laisser distraire, et de se décourager par un tel déluge d’informations. Les organisations devront prendre les devants pour trouver des moyens simples par lesquels l’IA peut ajouter de la valeur à leurs activités, et encourager leurs équipes à essayer cette technologie. Ce degré d’ouverture contribuera également à surmonter les obstacles psychologiques pour ceux qui sont encore réticents à utiliser l’IA. L’idéal serait d’investir dans des formations ou dans des ateliers structurés.
- Garder le contact : Faites en sorte de maintenir une communication fréquente et ouverte. Que vous communiquiez par le biais de bulletins d’information internes, de réunions régulières de groupes de travail, ou d’outils tels que Slack et Microsoft Teams, votre organisation aura besoin d’un espace pour partager ses découvertes et ses ressources, poser des questions, faire part de ses préoccupations, et trouver ensemble des solutions.
Ces trois piliers constituent la base de ce que Magnet a appelé le modèle du marché de l’apprentissage – un centre d’apprentissage réactif élaboré avec l’aide de dirigeants sectoriels. Au cours de l’élaboration et de la mise en œuvre de MagnetAI, notre objectif a toujours été de fournir aux organisations un guichet unique d’outils et d’informations fiables répondant à un besoin essentiel.
Nous encourageons les organisations à recourir à ces trois piliers pour réfléchir à la manière dont elles pourront créer leurs propres centres d’apprentissage internes, et collaborer avec d’autres acteurs du secteur des services d’orientation professionnelle, afin de créer des opportunités mutuellement bénéfiques de perfectionnement des compétences.
Contrairement à l’approche « Apportez votre propre IA », ces principes offrent une base aux dirigeants et aux membres de leur équipe, pour collaborer et affronter la croissance de l’IA de plein fouet, relever les défis au fur et à mesure qu’ils se présentent, et récolter le plus d’avantages possible pour leur organisation.
Perturbation ou opportunité?
Alors que les discussions au sujet de l’IA progressent, il est important de reconnaître qu’elle représente à la fois une perturbation et une opportunité. L’impact de l’IA ne se limitera pas aux outils d’IA, mais se conjuguera à d’autres types de technologies (robotique, fabrication, analyse de données, commerce électronique), ce qui suscitera des changements exponentiels. Dans les années à venir, ces dynamiques simultanées nous obligeront à comprendre et à nous adapter en permanence.
Plus notre compréhension des outils d’IA sera approfondie, plus nous aurons la possibilité de stimuler la productivité, et d’enrichir le soutien que nous offrons aux Canadiens. C’est pourquoi j’encourage ceux d’entre nous qui travaillent dans les secteurs de l’éducation, de la formation, et de l’orientation professionnelle, à considérer l’IA comme une compétence que nous pourrons développer et mettre en œuvre, afin d’ajouter de la valeur aux services que nous fournissons, et favoriser notre développement professionnel.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
