Getting your Trinity Audio player ready...
|
Ah, l’entrepreneuriat!
Plus de la moitié des gens, jeunes ou moins jeunes, qui passent par mon bureau nourrissent ce rêve, bien assumé ou enfoui. La liberté, l’autonomie, l’argent… autant d’éléments qui attirent vers ce mode de vie. Mais les risques et l’insécurité font en sorte qu’une minorité fera le saut. À travers le parcours de Nathalie – entrepreneure en formation et communication depuis une dizaine d’années – je voulais illustrer le cheminement menant à cette transition, avec ses questionnements, ses défis et ses étapes.
Nathalie, par ses expériences, a compris qu’elle ne se reconnaissait plus dans le marché du travail traditionnel. Graduellement, ses expériences lui ont rappelé l’évidence qu’elle devait façonner une carrière à son image. L’entreprenariat est devenu le parcours qu’elle devait prendre pour y arriver.
Son parcours a débuté avec une mineure en arts et sciences (psychologie et communication) ainsi qu’un baccalauréat en psychosociologie de la communication, motivée par le désir d’aider les entreprises à évoluer. Mais des circonstances externes l’ont menée vers des postes en employabilité. Elle animait des groupes et accompagnait des chercheurs d’emploi. C’est dans un poste offrant plus de liberté qu’elle a découvert un intérêt marqué pour l’entrepreneuriat. Elle a touché aux ressources humaines, aux communications, au marketing, au développement des affaires et elle a coordonné divers projets.
Avant de faire le saut, Nathalie ressentait un décalage :
« Il y avait une insatisfaction par rapport au travail et je ne comprenais pas ce qui clochait. Avec le recul, je réalise que j’avais un grand besoin d’innover et d’avoir plus de latitude. Après quelques années dans le même rôle, je sentais que j’avais fait le tour. Je me cherchais un nouveau terrain de jeu. »
D’ailleurs, ayant moins conscience de ses besoins à ce moment, elle tentait de s’adapter à un environnement qui ne lui convenait pas.
« Je constatais que mes collègues n’avaient pas la même réalité ou le même profil de personnalité. J’essayais de me modeler pour faire partie de la gang, mais à force d’éteindre une partie de moi, je devenais malheureuse. »
Elle se retrouvait davantage dans le développement de projets que dans la vie quotidienne au bureau. « J’aimais ce que je faisais, mais il manquait quelque chose. J’avais davantage le goût de gérer mes dossiers et le quotidien. En réseautage d’affaires, je me demandais souvent : pourquoi je ne suis pas à mon compte? »
Le déclic est venu d’un entrepreneur rencontré en réseautage qui lui a affirmé :
« Être entrepreneur, c’est 50 % du développement des affaires et 50 % de ton expertise. Si tu maîtrises ça, tu peux te lancer. » Alors, que ça faisait quelques années qu’elle faisait du développement d’affaires, cela lui a fait réaliser qu’elle était rendue à cette étape.
Elle s’est rendue à l’évidence :
« C’est peut-être le moment ou jamais. J’ai donc démarré mon entreprise en septembre, tout en terminant mes fonctions à temps partiel jusqu’en décembre. C’était mon coussin de départ. »
Malgré tout, l’idée de devenir entrepreneure, ne s’est pas fait sans crainte.
« Mon dieu qu’on est bien dans nos pantoufles, même si on n’est pas pleinement heureux! Le confort était tentant, que ce soit pour les conditions de travail, le salaire, la routine. Mais c’était surtout le syndrome de l’imposteur qui m’empêchait d’avancer. Je me disais : je suis qui moi pour penser que je suis capable de faire ça? »
Elle a démarré avec deux clients : une agence marketing et son ancien employeur qui lui a confié la gestion de ses médias sociaux.
« J’ai compris que pendant des années, j’étais en étude de marché sans le savoir. Tu lances tes services, tu ajustes, tu testes. »
« II fallait que j’aille au bout et que j’arrive à un point où ce n’était plus possible de retourner en arrière. J’avais besoin de ce parcours-là. »
Elle savait que ce serait exigeant, mais pas à ce point.
« Ce n’est jamais garanti. Tu dois toujours t’ajuster, te former, chercher des clients. Elle était consciente malgré tout de ce qui l’attendait. Je savais que pour avoir un terrain de jeu avec cette latitude-là, je devais avoir les responsabilités qui viennent avec. Je devais entretenir mon terrain de jeu et la gestion de mon entreprise tout en prenant soin de moi pour être capable de prendre soin de mon entreprise. »
D’ailleurs, la pandémie a bousculé son équilibre. Malgré beaucoup de temps et d’énergie investis, elle a réalisé qu’elle pouvait perdre des acquis selon les circonstances extérieures. Elle souligne : « Heureusement, j’avais déjà cinq ans comme entrepreneure et j’avais déjà de nombreux clients dans le domaine de la formation. Il y avait plein de choses qui changeaient et nous ne savions pas trop ce qui s’en venait. Les remises en question ont été plus grandes à ce moment-là. »
Cette période a aussi été révélatrice.
« Je sautais d’un projet à l’autre, toujours attirée par le prochain projet qui brille. J’ai réalisé que je devais trouver un équilibre entre passion et stabilité. C’est là que j’ai redécouvert la puissance de mettre en place une routine et que j’ai adopté un outil de gestion de priorités. »
Bien qu’elle ait trouvé sa place comme entrepreneure, avec le recul, Nathalie sait qu’elle n’aurait pas pu faire ce changement plus tôt. Elle affirme : « J’avais besoin d’apprendre à me connaître, de faire des essais, d’aller faire du réseautage d’affaires qui m’amène à développer des relations soutenues, d’agir malgré la peur… II fallait que j’aille au bout et que j’arrive à un point où ce n’était plus possible de retourner en arrière. J’avais besoin de ce parcours-là. »
Les doutes reviennent encore parfois, mais elle a appris à s’en distancer en se posant les bonnes questions comme : « Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce que j’ai besoin d’apprendre? Y a-t-il des choses que j’ai besoin de faire pour évoluer? Est-ce que je devrais me trouver un emploi? Elle revient alors au même constat : « Cette liberté-là, je ne la retrouverai pas dans un emploi. Maintenant, j’ai suffisamment de stabilité et de maturité pour être capable de prendre des décisions et de faire des choix qui me conviennent. C’est un grand privilège. En emploi, on n’a pas toujours cette latitude et ce n’est pas toujours nous qui décidons de nos clients et des mandats qu’on va faire. »
« En vieillissant, ce que tu mets de côté sur une tablette te rattrape. Au fil de mon évolution personnelle et à force de faire face à qui j’étais pour avancer, l’entreprenariat est devenu une évidence. »
Nathalie est fière de son parcours. « Malgré les bouts difficiles, si ça se termine, je n’ai pas de regret parce que je l’ai fait! C’est un exploit extraordinaire quand je regarde mon parcours personnel et professionnel. La petite fille en moi qui croyait difficilement en elle n’aurait pu imaginer vivre ce genre de réussite. Pendant un certain temps, je n’étais pas tout à fait connectée à moi et j’étais davantage en mode survie et en mode exécution. En vieillissant, ce que tu mets de côté sur une tablette te rattrape. Au fil de mon évolution personnelle et à force de faire face à qui j’étais pour avancer, l’entreprenariat est devenu une évidence. »
Malgré les risques de l’entreprenariat, Nathalie a trouvé une façon de créer son propre chemin en devenant le capitaine de son propre navire. Il en faut du courage pour sortir de sa zone de confort et oser faire le pas sur une route inconnue et sans garantie. Pour Nathalie, ce choix lui a permis de vivre, malgré tous les défis, une vie qui lui ressemble.