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Même quand tout semble « revenir à la normale », il se joue à l’intérieur quelque chose de plus profond, plus fragile : un combat invisible.
Celui de la confiance à rebâtir.
Pas seulement la confiance des autres.
La sienne.
Quand la confiance s’effrite
Un arrêt, qu’il soit lié à un épuisement professionnel, à une maladie ou à toute autre raison, vient souvent ébranler ce qu’on croyait acquis :
- nos repères professionnels;
- notre capacité à livrer;
- notre sentiment d’utilité;
- notre rôle dans l’équipe;
- notre identité au travail.
Et ce doute, il n’est pas toujours visible.
On revient. On sourit. On dit que ça va.
Mais à l’intérieur, quelque chose tient encore par un fil.
Reprendre le travail, c’est alors faire face à toutes ces questions, souvent en silence.
Et espérer que personne ne remarque à quel point on doute de soi.
Comment rebâtir sa confiance, concrètement?
Il n’existe pas de raccourci.
Mais il existe des chemins plus doux et puissants.
Nommer ce qu’on ressent, d’abord à soi-même, puis à quelqu’un de confiance. La peur. La gêne. La pression. Ce n’est qu’en accueillant ce qui est là qu’on peut commencer à le transformer.
Célébrer les petites victoires du quotidien : une tâche complétée, une interaction positive, une prise de parole, un « j’ai tenu toute la journée ». Ce sont elles qui reconstruisent les bases.
- Revoir ses standards de performance – ce n’est pas reculer que de fonctionner autrement. C’est s’adapter pour durer.
- Demander du feedback constructif, pas du perfectionnisme. On ne bâtit pas sa confiance avec des jugements, mais avec des regards bienveillants.
- S’autoriser les hauts et les bas – la confiance ne revient pas en ligne droite. Elle avance, recule parfois, puis repart. Ce n’est pas une faiblesse. C’est humain.
Et parfois, c’est en accompagnant d’autres personnes qu’on se surprend à retrouver un peu de sa propre solidité.
Le rôle clé des collègues
On sous-estime trop souvent l’impact que l’entourage peut avoir dans cette reconstruction.
Un collègue bienveillant peut devenir un point d’ancrage. Un leader attentif, un repère.
Voici ce que les collègues peuvent faire pour soutenir, avec justesse et respect :
- accueillir sans interroger – pas besoin de poser de grandes questions; un simple « content de te revoir » sincère suffit souvent;
- inviter sans insister – proposer de se joindre à une pause-café ou à une réunion informelle, mais respecter le rythme de l’autre;
- valider les compétences, sans exagérer – reconnaître un bon coup, une contribution utile, un effort; juste; humain;
- éviter les comparaisons ou les maladresses – du genre « moi aussi j’étais fatigué »; chaque parcours est unique, chaque retour aussi;
- créer un climat où l’erreur est permise – la confiance renaît là où on peut respirer sans crainte.
Et du côté des gestionnaires? Soutenir un retour, ce n’est pas organiser un comité d’accueil. C’est offrir de la clarté, de la souplesse et de l’écoute. Ne pas présumer. Demander : « De quoi as-tu besoin pour reprendre doucement, à ton rythme? » Cela peut tout changer.
Rebâtir ensemble
La confiance n’est pas seulement une affaire intérieure. C’est aussi une affaire collective.
Et si on veut des milieux de travail humains, résilients et durables, il faut apprendre à soutenir les retours — sans jugement, sans pression, mais avec bienveillance.
Revenir, ce n’est pas juste reprendre sa place.
C’est tenter de renaître là où l’on s’était éteint un peu.
Et ça demande du courage.
Et un regard qui dit : tu es toujours le bienvenu.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre