Donner du sens à son travail est une quête bien sympathique, car elle signifie que vous avez transcendé les autres étapes préalables, notamment celle de travailler pour (sur)vivre. Quoiqu’étant le reflet de certains privilèges, elle n’en demeure toutefois pas moins une question cruciale pour s’épanouir dans son travail et dans la vie.
Je pourrais vous vendre une recette, mais elle serait un outrage à l’idée même de sens, car le sens, c’est une quête, c’est un chemin dont on ne peut donner que des balises. Et pour vous donner ces balises (que vous connaissez sûrement déjà, mais il est toujours bon de s’en souvenir), je vais les aborder sous un angle qui m’est cher : celui du leadership conscient.
Le leadership conscient est une forme de leadership où l’on apprend à être le leader de soi-même pour mieux servir les autres.
Le leadership conscient requiert une bonne connaissance de soi, une bonne capacité de conscience de soi et de son environnement, et la volonté de faire une différence dans son milieu. Autrement dit, le leadership conscient est le travail d’une vie. Pour le rendre plus concret, afin d’amener plus de sens et donc plus de conscience dans son travail, voici 5 piliers incontournables à privilégier :
1. Se décentrer : Les recherches sur le bonheur le démontrent¹ : l’altruisme crée le sens. Alors, pour créer du sens dans votre travail, il vous faut une conscience fine de ce que vous apportez réellement à autrui : à vos clients, à votre communauté, à vos collègues. Autrement dit, il vous faut avoir conscience de la différence que vous faites concrètement dans votre monde, aussi modeste soit-elle (nous ne sommes pas tous des chirurgiens cardiaques pour prématurés, mais nous avons tous une contribution à apporter, et elle n’a pas besoin d’être spectaculaire pour exister).
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- La question à se poser est : quelle différence faites-vous auprès de vos clients? (Ne vous censurez pas en répondant, il n’y a pas de petite ou grande différence, tout compte!)
2. Choisir son milieu : On parle ici d’adéquation. Vous êtes qui vous êtes (vous êtes la somme de vos valeurs, croyances, vision du travail, etc.) et votre milieu de travail est comme il est (on parle de culture d’entreprise, souvent influencée par les dirigeants). Quand il y a une bonne adéquation : c’est-à-dire qui vous êtes est en osmose avec votre milieu; celui-ci est donc un vecteur pour vous permettre de vous réaliser et de vous exprimer au travail. Quand il y a une inadéquation, votre milieu de travail vous entrave et vous utilisez votre énergie à vous plaindre, à vous battre contre un système qui ne vous convient pas, à changer des structures qui sont bien trop solides pour être ébranlées… et vous vous épuisez. C’est l’inverse de l’épanouissement (si c’est votre cas, lisez attentivement les points 3 et 4)
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- Dans quelle mesure y a-t-il une adéquation entre vous et votre milieu de travail?
Et le corollaire du point précédent : avoir du courage 1- de s’arrêter 2- d’aller à contre-courant si la décision vous amène à devoir changer de milieu. L’épanouissement au travail n’est pas une question de mode, c’est une question d’unicité. Ainsi, en vous posant la question de qui vous êtes vraiment et qu’est-ce qui vous fait vibrer, vous découvrirez peut-être que vous n’êtes pas à la bonne place et il faudra alors avoir le courage de changer…
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- Qui peut vous aider à faire le point? Quels sont vos modes d’introspection préférés?
4. Faire des choix en toute conscience, dont celui d’accepter que le salaire soit secondaire. Il y a des exceptions à ce que j’énonce ici mais, parfois, choisir d’avoir un travail qui procure du sens, c’est choisir de sacrifier une partie de son salaire pour joindre une entreprise qui correspond à ses aspirations profondes ou qui sert une communauté qui résonne avec soi. C’est un choix à faire en conscience de ne pas privilégier d’emblée le salaire, mais un choix qui vaut le coup d’évaluer si une occasion se présente. Et si, dans cette occasion, vous avez aussi la possibilité de côtoyer des personnes bienveillantes qui vous élèvent vers le haut dans le collectif de travail, sautez sur celle-ci, car elle va encore plus contribuer à vous permettre de vous épanouir!
5. (Le plus important à mes yeux d’existentialiste!) Utiliser vos ressources intérieures : qu’est-ce qu’une ressource intérieure? Ce sont toutes vos qualités qui vivent en vous et qui, quand elles sont utilisées, vous donnent confiance en vous. Plus vous les mobilisez – même si vous pensez pertinemment qu’elles ne sont qu’embryonnaires en vous, plus vous les solidifiez. Plus vous les solidifiez, plus vous avez confiance en vous. C’est la voie pour développer son potentiel. Vous voulez des exemples de ressources intérieures? Votre créativité, votre capacité à résoudre des problèmes, votre capacité d’entendre ce qui n’est pas dit, votre empathie, votre capacité à désamorcer des conflits, votre humour, etc. Pour moi, le chemin pour mobiliser ces ressources passe par la capacité à se reconnecter à soi. Cela pourrait faire l’objet d’un bel article, même si je ne m’y étendrai pas ici.
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- Quelles sont vos ressources intérieures qui apportent une contribution à votre travail? Ne vous censurez pas!
Pour approfondir la question du sens, si vous êtes en pratique privée, consultez l’ouvrage de Marie Ève Lécine (2020) Entreprendre en conscience : l’indispensable pour développer l’autre sens des affaires, Québec : Septembre éditeur.
1 – Voir Veilleux, Mandeville, Morin (2017). Le bonheur des gens heureux. Revue québécoise de psychologie. 38 :1.