Il n’est plus à faire la démonstration que la bienveillance est un antidote au stress. Mais comme rien ne vaut l’expérience, je vous propose de vous projeter dans cette mise en situation.
Vos collègues étaient inquiets et vous accueillent avec douceur et gentillesse. L’un va chercher un verre d’eau, l’autre vous propose de prendre le temps de vous déposer de vos émotions, le troisième vous rassure. On sent une réelle gentillesse de leur part pour que vous puissiez revenir doucement au calme. Le client vous sourit en vous disant que ça lui était arrivé récemment et qu’il compatit.
Comment va votre niveau de stress après cet accueil? Il va mieux.
La bienveillance n’est pas quelque chose qui s’achète, mais qui se pratique par petites touches au quotidien pour ultimement s’instaurer en culture. Pour qu’elle puisse prospérer, il faut lui donner deux conditions : un environnement où elle sera soutenue et encouragée, des personnes qui portent dans leur cœur les valeurs d’altruisme et de gentillesse. Et le tout se cultive! Je vous montre comment dans les prochaines lignes en vous communiquant les cinq piliers de la bienveillance au travail.
1. Ne plus penser en termes de « donnant-donnant »
Le donnant-donnant fragilise les organisations et leurs équipes. Il entraine une vision à court terme et utilitariste des personnes. C’est un piège que l’on a longtemps appelé « le jeu politique ».
Sous certains aspects, ce parti-pris va amener à reconnaître et prioriser les personnes qui contribuent le plus au succès de l’entreprise (les employés dont le travail est le plus en lien avec les résultats). Les personnes qui travaillent en soutien seront alors moins reconnues dans leur travail, mais aussi en tant que personne.
Pour pallier cette situation, un premier pas serait de mettre en œuvre une culture de reconnaissance existentielle pour tous, où chacun serait reconnu, encouragé, remercié pour sa présence dans le collectif. Cette reconnaissance passe par des gestes simples d’écoute, de soutien, de considération de la charge de travail, etc.
Le défi à se donner : poser un acte de reconnaissance existentielle par jour.
2. Avoir l’engagement et l’exemple de la haute direction
Ouvrez un manuel de management et vous constaterez que les personnes qui donnent le ton appartiennent à la haute direction. Elles créent les règles du jeu implicites de l’entreprise. Si elles portent dans leur cœur les valeurs de bienveillance et de santé psychologique, alors le collectif en dessous suivra leur exemple; dans le cas inverse, elles créeront une culture d’insécurité où la bienveillance n’aura que très peu de place.
La question à se poser : Quelles sont les valeurs réelles (pas celles sur papier) véhiculées par la haute direction?
3. Condamner les actes malveillants
La parole libère, et choisir de mettre des mots pour dénoncer ou expliquer un acte perçu comme malveillant est le premier pas salutaire pour changer la culture. Dénoncer un acte malveillant, ce n’est pas condamner la personne qui l’a posé, mais c’est éduquer l’auteur de l’acte en expliquant les effets de son comportement sur autrui… sans jugement et avec beaucoup de bienveillance (pour montrer l’exemple).
La question à se poser pour condamner les actes malveillants : Qu’est-ce qui m’a empêché de le faire jusqu’à présent?
4. Développer une culture tournée vers le bien commun
L’utilité perçue de son travail donne du sens, et le sens est un facteur de protection de la santé psychologique au travail. En choisissant de servir les autres, d’être dans une approche misant sur le collectif (plutôt qu’une approche centrée sur ses propres intérêts), on a là une façon (je ne dirai pas simple, car elle demande un changement de culture) de venir transformer la culture de l’entreprise.
La question à se poser quand on souhaite développer une telle culture : Comment aider encore plus mon client/mon équipe, etc.?
5. Ne jamais sous-estimer l’autobienveillance
Si l’on ne s’inclut pas dans l’équation de la bienveillance, alors il manque quelqu’un d’important. L’autobienveillance est difficile, mais salutaire quand on parle de créer un collectif de bienveillance. Elle requiert d’être capable de connaître ses limites et ses valeurs, et de les respecter. Elle est d’autant plus salutaire qu’elle donne aussi l’exemple aux autres de se traiter, eux-aussi, avec bienveillance.
Le défi à se donner : oser poser quotidiennement un geste de gentillesse envers soi.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.