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Cet article est le premier dans OrientAction de la série thématique «Compétences culturelles». Restez à l’affût sur OrientAction dans les jours à venir pour plus d’articles thématiques, ou inscrivez-vous à notre infolettre hebdomadaire OrientAction en bref pour recevoir les publications thématiques.
Quand tu sais qui tu es, tu sais ce que tu veux et où tu t’en vas
Les élèves francophones peuvent éprouver une tension entre le désir d’appartenir à la fois à leur communauté d’origine et à la majorité anglophone. Cette tension est particulièrement ressentie à la fin des études secondaires, soit au cours de la transition vers les études postsecondaires. C’est à ce moment-là que plus de 50 % des élèves de 12e année, inscrits dans une école secondaire de langue française de l’Ontario, songent sérieusement à poursuivre leurs études collégiales ou universitaires dans une institution anglophone. Ce pourcentage est inquiétant, car la poursuite des études postsecondaires en anglais est un facteur d’anglicisation, ce qui participe directement à l’affaiblissement des communautés de langue française.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette attraction à l’endroit des collèges ou des universités de langue anglaise.
Premièrement, beaucoup de jeunes francophones (et leurs parents) croient que les études en anglais constituent la meilleure façon de se préparer à joindre un marché du travail massivement anglophone. Deuxièmement, certains élèves ressentent un sentiment d’insécurité linguistique. Ces derniers croient qu’il leur sera plus facile d’étudier en anglais et qu’ils se sentiront plus à l’aide dans un environnement anglo-saxon. Troisièmement, il arrive encore trop souvent que le ou les programmes choisis ne sont tout simplement pas offerts en français.
Les deux premières motivations peuvent être qualifiées de croyances dysfonctionnelles. C’est-à-dire qu’elles n’ont pas d’assise dans le réel. En effet, selon l’état actuel de la connaissance produite par la recherche scientifique, la poursuite des études postsecondaires en français est un facteur de persévérance et de résilience scolaires. Car, il est beaucoup plus aisé d’étudier dans sa langue maternelle. En fait, la décision d’étudier en français est associée au bien-être psychologique.
Pas surprenant, car les études postsecondaires comportent des exigences souvent perçues comme stressantes et même angoissantes. Or, pour un francophone, étudier dans un milieu qui fonctionne dans sa langue, donc un milieu connu jusqu’à un certain point, et même familier, a le potentiel de faciliter le processus d’adaptation à son nouvel environnement scolaire. De plus, la poursuite des études postsecondaires en français contribue puissamment à solidifier l’identité ethnolinguistique et d’amoindrir le sentiment d’insécurité qui peut y être associé. En effet, les étudiants et les étudiantes inscrits dans un collège ou une université de langue française font l’expérience de la riche diversité de la grande famille francophone tant sur le plan national qu’international. Et cette expérience de la diversité permet d’accueillir sa propre identité linguistique et culturelle. En d’autres termes, l’expérience de la diversité des accents permet de vivre et d’exprimer fièrement son propre accent et tout la richesse culturelle qui est à sa source. Ainsi, étudier dans un collège ou une université francophone est un lieu où les étudiants et étudiants apprennent à célébrer leur différence.
La poursuite des études postsecondaires en français solidifie non seulement l’identité et la fierté ethnolinguistique. Elle est aussi, par voie de conséquence, un tremplin qui propulse les francophones vers le marché du travail, car la maitrise du français en milieu minoritaire nourrit un sentiment d’optimisme par rapport au projet de carrière. En conclusion, étudier en français permet d’évoluer, d’apprendre et de grandir en harmonie avec son identité et son héritage. « Quand tu sais qui tu es, tu sais ce que tu veux et où tu t’en vas ».
Une seule ombre au tableau, le fait que l’offre des programmes postsecondaires en français est pauvre comparativement à celle offerte en anglais. À cela s’ajoute l’éloignement géographique. Il reste à espérer que les gouvernements des juridictions anglophones suivront l’exemple du Québec où l’offre des programmes en anglais est abondante et généreuse.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.