Soutenir la construction de l’identité personnelle et professionnelle des élèves à l’aide d’une approche centrée sur les forces

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Adolescence et développement identitaire

L’adolescence est une période charnière amenant chaque individu à se différencier et à développer une connaissance plus approfondie de soi et du monde environnant. Ce travail de consolidation identitaire permettra éventuellement au jeune de réfléchir à son identité vocationnelle soutenue par cette représentation de soi et de ses potentialités.

Chaque adolescent progresse dans ces réflexions à son propre rythme. Tel que le souligne Forner (2001)¹, « comme les personnes entrent dans cette période [l’adolescence] et en sortent à des âges (chronologiques différents), des décalages apparaissent qui font artificiellement apparaître décidées celles dont le développement est précoce, et indécises celles dont le développement est plus tardif. » Il ajoute, si « la plupart des jeunes résolvent leurs problèmes de carrière, avec ou sans l’aide d’un tiers, mais pour une minorité, cette résolution ne se fait pas. » Les conseillers d’orientation intervenant en milieu scolaire sont habitués à recevoir dans leur bureau ces adolescents qui, avec un haussement d’épaules, avouent n’avoir aucune piste en lien avec leur avenir professionnel. Si certains, grâce à la proposition d’un cadre de travail et d’une méthode plus structurée d’aide à la prise de décision, parviennent à analyser, synthétiser, évaluer et comparer les différentes options possibles pour en retenir une jugée plus satisfaisante et réaliste, force est de constater que pour d’autres, le cadre et la méthode ne suffisent pas.

Les acteurs gravitant autour de l’élève se présentant comme indécis pourraient ainsi avoir le réflexe de penser que celui-ci n’est tout simplement pas prêt à réfléchir à la question de son avenir scolaire et professionnel, qu’il n’a pas la « maturité vocationnelle », vocable utiliser par certains pour commencer ce travail de réflexion qui finira bien par débuter tôt ou tard. Après tout, il est désormais reconnu que l’indécision peut représenter une stratégie adaptative viable si elle est considérée comme une période d’exploration et d’expériences à tenter pour se mettre à l’épreuve et apprendre à mieux se connaître. L’indécision représente alors une stratégie adaptative, puisque l’adolescent demeure en action, ouvert et curieux en lien avec ses potentialités, et non replié dans une attitude d’évitement face aux questions identitaires et vocationnels à venir. Forner (2001)¹ rappelle toutefois qu’« il n’apparaît pas qu’à l’adolescence le fait de prendre de l’âge soit, à lui seul, suffisant pour lever l’indécision, qui diminue surtout à l’approche d’un palier d’orientation » et que, bien que certains élèves se disent relativement à l’aise avec cette période moratoire et développementale d’indécision, d’autres peuvent ressentir davantage d’inquiétude et d’anxiété pour lesquelles ils chercheront à être accompagnés.

 

Accompagner les adolescents dans leur développement identitaire : les approches centrées sur les forces

• Comment pouvons-nous ainsi accompagner les adolescents dans la construction de leur identité, notamment ceux qui ne parviennent pas à développer une représentation stable de soi de manière autonome?
• Comment aider ces adolescents à développer une représentation de soi plus claire et à se doter de vocabulaire pour parler de soi et de ses potentialités – premiers jalons du projet vocationnel?

Ces questionnements représentent le quotidien des conseillers d’orientation en milieu scolaire et différents ouvrages, outils et tests psychométriques existent à la fois pour mieux comprendre le profil décisionnel de la personne et pour lui permettre de mieux se connaître. Outre les objectifs travaillés dans le cadre de démarches de counseling individuelles, il est également possible pour un milieu de soutenir la construction de l’identité personnelle et professionnelle de manière plus globale et universelle à l’aide, notamment, d’une approche centrée sur les forces. L’équipe du service aux élèves de mon école en a fait l’expérience lorsque, dans le cadre de la Semaine de la santé mentale, un kiosque proposait aux élèves intéressés d’énumérer leurs principales forces de caractère à l’aide d’un questionnaire inspiré de l’ouvrage Character Strengths and Virtues de Peterman et Seligman (2004)². L’activité a provoqué un grand engouement et il était possible de lire, notamment sur le visage des élèves du premier cycle secondaire, une fierté d’identifier ces forces de caractère qui les distinguent. Pour quelques élèves ce fut notamment un élément déclencheur pour faire la demande de services d’orientation, curieux de savoir ce qu’ils pouvaient continuer d’apprendre sur eux-mêmes. J’ai également appris qu’une école primaire de mon centre de services scolaire avait fait de ces vingt-quatre forces de caractère un cadre de référence, un vocabulaire partagé par l’ensemble des membres de l’équipe-école pour être à l’affût et souligner aux enfants leurs forces distinctives. Le jeu de cartes TOTEM³ est également un outil ludique apprécié des élèves pour enrichir la représentation et la connaissance de soi.

En tant que conseillère d’orientation auprès d’élèves du secondaire qui franchissent ces premiers paliers d’orientation, je constate régulièrement l’impact positif que peuvent avoir les activités et outils centrés sur les forces qui s’inscrivent dans le courant de la psychologie positive. En plus d’étayer la connaissance de soi et de développer un vocabulaire pour se décrire avec un sentiment de fierté, ils génèrent de l’espoir et le désir de poursuivre cette quête de différenciation et de consolidation identitaire.

 

Références

¹ Forner, Y. (2001). « À propos de l’indécision ». Revue Carriérologie, 8 (2). [En ligne] https://www.carrierologie.uqam.ca/index.php/2001/a-propos-de-lindecision/

² Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. Washington, DC: American Psychological Association; New York: Oxford University Press.

³ Jeu de cartes TOTEM. https://store.totemteam.com/fr

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.