Getting your Trinity Audio player ready...
|
Le cumul
Avec l’avancée en âge, les confidences reçues s’accumulent d’année en année, surtout si nous fûmes ou sommes encore perçues comme des personnes d’écoute. Le plus souvent ces confidences sont précédées d’un exorde tel que : « C’est la première fois que je partage cela avec quelqu’un » ou « Je dis ça juste à toi » ou encore « Cela doit rester entre nous ».
À ces confidences, s’ajoutent les secrets de « deuxième oreille », c’est-à-dire quand une personne récipiendaire d’un secret croule sous son poids ou se sent incapable de le garder seule et fait en sorte de le partager avec vous en répétant la promesse « bouche cousue » qui y est attachée.
Or, quand la personne qui reçoit une confidence est régie par un code de déontologie mettant l’accent sur la confidentialité, ce « mutisme » teint peu à peu toutes les autres sphères de son existence constituant alors une déformation professionnelle même si ladite confidence fut reçue dans un contexte non professionnel. Et si, en plus, cette personne voit sa profession comme une mission, cet interdit devient alors aussi impératif qu’un secret professionnel voir d’un « secret de confession ».
Enfin, ce cumul de confidences devient encore plus dense lorsque la personne écoutante jouit d’une excellente mémoire!
Des délestages nécessaires
Étant octogénaire et ayant l’entièreté du profil décrit plus haut, je vous fais part de quelques techniques auxquelles j’ai recouru pour faire du délestage.
Lorsqu’une dévoileuse ou un dévoileur d’un secret décède, je m’approche, en personne ou en esprit, de sa dépouille ou de ses restes en cas de crémation, et lui demande si je dois révéler ou non ledit secret, surtout lorsqu’un de ses parents, amis ou descendants me questionne à ce sujet après, par exemple, avoir eu vent d’une rumeur ou d’un soupçon. La plupart du temps, le message qui me parvient est « Tiens ça mort! ». Alors je lui souhaite de reposer en paix.
En revanche, si une fois réduit au silence, ladite confidence devient trop envahissante, alors j’amorce un processus de libération s’inspirant de la technique ho’oponopono, telle que décrite par Vitale dans Zéro limite (2008), technique construite autour de quatre mots : Désolé, Pardon, Je t’aime et Merci.
Étant toujours enseignant, formateur et conférencier, j’ai une autre façon d’alléger ce secret, surtout s’il me semble qu’il serait bénéfique ou instructif pour certaines personnes.
Une dernière technique pousse encore plus à fond ce processus en deux temps de décontextualisation-recontextualisation au point d’en faire une construction dite imaginaire, tel un récit ou un roman. Dans ce cas, l’autrice ou l’auteur aura beau préciser d’entrée de jeu que ce n’est qu’une œuvre de fiction ou que les noms et lieux mentionnés dans l’ouvrage furent tirés au hasard ou encore que toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé est purement fortuite, certains férus en sémiologie se feront un plaisir de détecter si derrière cette œuvre se faufile l’ombre d’une biographie, voire d’une autobiographie. Un jour, peut-être j’expérimenterai cette technique.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.