Les connaissances sur le cerveau et les neurones augmentent continuellement. Plusieurs modèles théoriques coexistent : cerveau droit, cerveau gauche, cerveaux reptilien, émotionnel, cortical ; cerveau filaire… Les cellules nerveuses seraient également présentes dans notre cœur et nos intestins. Nous sommes reliés au monde par un réseau complexe. En quoi ces théories pourraient-elles être utiles en orientation et en développement de carrière?
Les connaissances semblent transitoires cependant la pluridisciplinarité ouvre le regard et enrichit les perceptions. Elles influencent nos perceptions donc nos évaluations et nos interventions concernant les intérêts, les valeurs, les aptitudes, les croyances, les intentions, les objectifs, etc.
Curieusement les 3 situations de survie, de maintien, de développement font écho aux 3 cerveaux reptilien, émotionnel et cortical. Le premier renvoie au système de survie qui est le résultat d’un apprentissage ancien maintenant automatisé. C’est un système au fonctionnement binaire, rapide, grossier et néanmoins efficace. Lorsqu’il est activé, il accapare nos ressources pour tenter de nous garder en vie. Ainsi nous avons survécu depuis la nuit des temps. De nos jours, les dangers préhistoriques dans notre vie professionnelle se font rares et pourtant les menaces émotionnelles, relationnelles, physiques, du moins perçues comme telles, peuvent déclencher notre système de survie. Si ce système fonctionne souvent et longtemps il épuise dangereusement nos ressources et réduit nos perceptions positives. Un déclenchement excessif de ces mécanismes de survie peut même être fatal à un individu et à une organisation.
Par conséquent, il convient d’aider nos clients à s’extraire dès que possible de cette situation. Lorsque nous, clients ou nous-mêmes, sommes en situation de survie au travail nous avons besoin de dépasser d’une manière ou d’une autre cet état de survie pour trouver rapidement un équilibre émotionnel via le soutien social, le sommeil, l’activité physique, la respiration, le soin thérapeutique…
L’équilibre organisationnel est lui aussi nécessaire pour, si ce n’est se développer, au moins se maintenir en santé. Lorsque nous quittons le système de survie nous avons besoin de gérer le rétablissement essentiellement par le repos, une alimentation saine et éventuellement des soins médicaux. Si nécessaire des consultations et une technique neuro-organique de type EMDR (ou IMO), EFT ou SE (Somatic Experience) ou encore de TRE (Tensions Releasing Exercices) peuvent être bénéfiques. Vient ensuite un maintien dans une zone dynamique située entre sous-activité et suractivité. Aussi, il semble important que chacun puisse définir sa propre zone de maintien avec ses propres limites et ses propres besoins. Nous pouvons travailler à nous maintenir avec une posture confortable si ce n’est ergonomique, des pauses, pourquoi pas la sieste, une respiration profonde, une attitude constructive, une éventuelle renégociation de l’activité, en privilégiant des valeurs telles que la qualité du travail. Nous pouvons nous développer en nous appuyant sur différentes ressources environnementales notamment le Codéveloppement professionnel, la supervision ou toute autre approche en intelligence collective mais aussi à l’aide du focusing (recentrage sur le sens corporel) par exemple.
Alors il apparaîtra peut-être nécessaire de jongler entre survie, maintien et développement?
« Se maintenir » n’a rien à voir avec un procédé mécanique de conservation et encore moins avec une situation statique. C’est un processus d’équilibre évoluant entre sous-régime et sur-régime. Il réclame donc de l’énergie (99 % de l’énergie de notre organisme). Le maintien est continuellement dynamique. Parfois nous perdons l’équilibre et nous pouvons l’accepter avec bienveillance. Nous en trouverons peut-être un plus satisfaisant mais il restera dynamique.
« Se développer » représente dans son deuxième sens croître qualitativement. Dans une organisation cela peut passer par promouvoir les conditions qui permettent aux individus de développer leurs forces, leurs compétences, leurs potentiels, de s’autoévaluer sans risque, d’apprendre de leurs erreurs, d’évoluer dans une ambiance de travail constructive, de faire des choix satisfaisants, d’exercer dans des conditions de travail décentes, d’accéder à plus d’autonomie, de pouvoir réaliser un travail de qualité. Cela passe aussi par la capacité de l’organisation à combler certains besoins, en stimulant notamment la qualité des relations entre collaborateurs et avec les partenaires.
Pour l’individu « se développer » peut représenter le fait de pouvoir accéder à de meilleures conditions de travail et de meilleures qualités d’expérience, de pouvoir s’accepter davantage, de pouvoir être honnête et réduire ses défenses psychologiques en toute sécurité, de pouvoir vivre davantage le moment présent, de percevoir plus de richesses et de subtilités dans ses relations, d’avoir un niveau d’autonomie approprié dans la conduite de sa vie professionnelle, d’être, si besoin, plus libre au quotidien et plus responsable de ses choix de carrière.
Tout au long de la vie, nous passons d’une situation à l’autre selon les circonstances et opportunités, selon le stade de développement individuel et la phase de développement de l’organisation, selon l’organisation du travail et les déterminants personnels, selon les décisions personnelles et organisationnelles, au fond selon l’interaction individu-environnement et la dynamique Individu-Étude-Travail. De ce point de vue, la vie professionnelle ressemble à une partie de jonglage : survie, maintien, développement? Cerveaux reptilien, émotionnel, cortical? Neurones du cerveau, du cœur, de l’intestin? Dynamique Individu-Étude-Travail? Nous choisissons nos balles de jonglage selon nos connaissances et nos croyances. Parfois nous laissons tomber une voire 2 balles et un système s’emballe mais nous ne pouvons nous débarrasser de ces balles. Que nous le voulions ou non la vie est instinct de survie, recherche d’homéostasie et impulsions de croissance (ah encore 3 autres balles!). Connaissances et croyances influent sur l’orientation et le développement de carrière. Ces théories ne sont que des modèles qui peuvent nous aider à mieux nous connaître pour choisir consciemment notre orientation et notre développement de carrière.