La prise de décision dans un contexte de réintégration professionnelle
Marché du travail

La prise de décision dans un contexte de réintégration professionnelle

Temps de lecture : 4 minutes

Accompagner la clientèle dans un contexte d’ambigüité professionnelle est un défi qu’il ne faut pas prendre à la légère, considérant les impacts et conséquences possibles sur la carrière, voire sur le destin professionnel de la personne concernée.

La réintégration professionnelle implique qu’un retour sur le marché du travail devient le plan d’action d’une personne ayant dû s’absenter de son emploi pour cause professionnelle ou personnelle. Que cette réintégration soit associée aux suites d’une maladie, d’un accident de travail ou de la route, d’un congé parental ou de compassion ou encore sabbatique, elle aura fort probablement des répercussions sur la carrière.

Les sentiments de doute, de peur et de manque de confiance peuvent s’immiscer dans la prise de décision et rendre cette réintégration plus difficile. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes désireuses de réintégrer le marché du travail tergiverser entre la possibilité de faire un retour aux études, d’accepter un nouvel emploi ou de partir en affaires lors d’une même rencontre. Alors, il est important de prendre le temps d’évaluer toutes les options qui sont d’intérêt pour cette personne, afin d’en déterminer les impacts, les conséquences et d’établir la conciliation avec des objectifs de carrière réalistes et gratifiants.

L’approche d’Empowerment et de responsabilisation est souvent priorisée dans un contexte de prise de décision.
En accompagnement, il est judicieux de favoriser l’imputabilité, le sentiment de contrôle sur l’objectif et l’engagement du client desservi par rapport à ses choix, à ses réalignements et aux évaluations sporadiques de la situation, pour rendre cette dernière satisfaisante à travers l’échelle du temps.

Outre le counseling et le bilan des acquis, le conseiller dispose de plusieurs outils dans son coffre pour aider son client à prendre une décision qui lui sera profitable. Entre autres choses, la conception d’un tableau illustrant les options en vue d’évaluer « les pour et les contre » respectifs des options ainsi que la création d’une liste d’objectifs à atteindre – en ordre de priorités – peuvent illustrer clairement les avantages et inconvénients à la prise de la décision.  La « matrice d’Eisenhower » peut aider à déterminer ce qui est important, par rapport à ce qui est urgent à exécuter ou à déléguer. Le Flow de Mihály Csíkszentmihályi peut aider à la prise de conscience des émotions vécues lors de la réalisation des tâches. La méthode d’analyse SWOT vise à identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces d’un projet. La Pyramide des besoins de Maslow peut permettre de revenir aux besoins fondamentaux de base, dans la prise de décision.

Peu importe les outils utilisés, plusieurs stratégies ont été expérimentées par la clientèle desservie et méritent d’être partagées pour prendre une décision gagnante :

Oser défier ses peurs et incertitudes pour se surprendre à vivre une expérience insoupçonnée malgré les multiples appréhensions. Cela demandera du courage, car les obstacles externes sont bien présents, incluant ceux créés par la personne qui souhaite prendre une décision.

Comprendre qu’il n’y a pas de situation parfaite et que certains compromis devront être négociés à travers les choix faits. La zone décisionnelle se trouve souvent dans l’espace gris entre la ligne noire et blanche du scénario idéal préalablement anticipé.

Saisir que « ne pas prendre de décision » en devient une. La personne ayant tendance à procrastiner ou à attendre que la vie se charge de prendre une décision pour elle, laisse « à la grâce des autres ou à des circonstances extérieures à elle » le soin de déterminer le destin qu’elle n’aura pas décidé ni même souhaité.

Se questionner sur les motifs à l’origine de la décision. Sont-ils intrinsèques (par ex., en lien avec les valeurs) ou extrinsèques (par ex., en lien avec les conditions salariales) et à quels besoins répondent-ils? Est-ce que ces motifs  permettent d’envisager l’émancipation ou la sécurité? Les réponses à ces questions ont certes une valeur dans le processus de réflexion.

Alléger la situation en se demandant où nous souhaitons nous retrouver dans 2 à 5 ans plutôt que dans 20 ans. Cela permet de réduire la pression sur la personne qui pourrait se sentir obligée de prendre une décision ferme et formelle pour les prochaines décennies de sa vie active sur le marché du travail.

Expérimenter « à petites doses » dans le confort de ses acquis peut se révéler une excellente façon d’acquérir des connaissances et de l’expérience dans le domaine ciblé. Réduire ses heures de travail pour intégrer des heures d’études permet un enrichissement parallèle et varié. La même formule peut s’appliquer dans le cadre d’activités liées au démarrage d’entreprise lorsqu’on préserve un emploi régulier à horaire réduit pour préparer son plan d’affaires dans le temps libéré par cette flexibilité.

Considérer chaque expérience comme étant enrichissante et favorable à la prise de décision de demain. Opter pour un regard positif des résultats à la suite de la prise de décision rend forcément le dénouement favorable. Prendre les expériences plus difficiles comme étant une leçon inhérente au succès, et la possibilité du développement des compétences rend l’expérience plus agréable et optimale.

Choisir pour soi et non en fonction des désirs des autres pour vivre en cohérence avec ses valeurs, ce que la personne souhaite réellement devenir et là où elle souhaite investir son temps et son énergie pour atteindre son objectif.

Accepter de se faire aider par un accompagnement spécialisé. Un conseiller d’orientation dispose d’outils pouvant aider à prendre une décision éclairée dans le respect des valeurs et dans la façon de s’affranchir sur le plan professionnel. Se faire aider implique également une ouverture et un engagement à faire les devoirs qui s’imposent dans la détermination et l’éclaircissement des options.

Finalement, on pourrait dire que prendre une bonne décision renvoie tout simplement à la capacité à spéculer sur un scénario de l’avenir qui est favorable, puis à s’organiser pour atteindre l’objectif. Malgré toutes les embûches, la détermination, l’agilité et la résilience à s’adapter à la réalité seront de précieux alliés au succès de la démarche. Si la somme des décisions prises tout au long de sa carrière façonne la vie professionnelle, il ne faut pas hésiter à s’y attarder et à y faire face de façon éclairée.

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.

Mélanie Grégoire est co-propriétaire de la firme BrissonLegris. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie spécialisée en réintégration professionnelle, certifiée RVP (Registered Vocational Professionnel). Elle compte plus de 20 ans d’expérience en réadaptation/réinsertion professionnelle et en gestion des invalidités. Elle est coauteur de quatre publications : Tracez votre destinée professionnelle, 2007 (Éditions UMD); À la santé de votre retour au travail, 2009 (Éditions UMD); La Destination de l’emploi, 2013 (Création Brillo); Changement de parcours, Guide d’accompagnement pour votre transition et recherche d’emploi, 2022 (Septembre éditeur).
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Mélanie Grégoire est co-propriétaire de la firme BrissonLegris. Elle est titulaire d’une maîtrise en sociologie spécialisée en réintégration professionnelle, certifiée RVP (Registered Vocational Professionnel). Elle compte plus de 20 ans d’expérience en réadaptation/réinsertion professionnelle et en gestion des invalidités. Elle est coauteur de quatre publications : Tracez votre destinée professionnelle, 2007 (Éditions UMD); À la santé de votre retour au travail, 2009 (Éditions UMD); La Destination de l’emploi, 2013 (Création Brillo); Changement de parcours, Guide d’accompagnement pour votre transition et recherche d’emploi, 2022 (Septembre éditeur).
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