Envisager de changer de carrière : par où commencer?
Marché du travail

Envisager de changer de carrière : par où commencer?

Temps de lecture : 4 minutes

Le monde du travail est en constant changement et nos besoins professionnels le sont tout autant. Il n’est donc pas rare que des personnes ressentent un inconfort ou vivent une remise en question par rapport à leur carrière. Pour plusieurs raisons, il est possible que les décisions prises vers 17 ou 18 ans ne nous conviennent plus aujourd’hui en fonction de notre nouvelle réalité. Les gens peuvent alors envisager de réorienter leur carrière.  

Envisager une réorientation peut stimuler à rêver et à se projeter dans un projet professionnel qui répondra à nos besoins. Cela engendre aussi son lot d’inconforts et de stress. En effet, envisager de quitter son emploi, voire son domaine, pour faire autre chose implique forcément de passer par une période de transition et d’incertitude. Le cerveau humain étant une machine de guerre conçue pour prédire et anticiper, tolérer l’incertitude n’est pas sa force! Or, cette tolérance à l’incertitude est une alliée considérable dans une transition vers un nouvel emploi. 

Dans ma pratique comme conseillère d’orientation, je constate que la plupart des gens qui demandent mon aide pour une réorientation sont passés par des étapes similaires. D’abord, ils ont ressenti un inconfort par rapport à leur emploi. Cet inconfort peut prendre une forme et une intensité variable, selon la personne, pouvant aller de l’impression d’être mûr pour des nouveaux défis à la détresse, en passant par la remise en question de son identité professionnelle. Le facteur commun est toujours que la personne sent qu’elle doit faire un changement à plus ou moins long terme pour être plus heureuse dans sa vie professionnelle. 

Être dans l’action donne l’illusion que l’inconfort que la personne ressent envers son travail pourra se régler rapidement.
Le réflexe de beaucoup de personnes qui envisagent de se réorienter consiste à regarder des sites d’offres d’emploi avec des mots clés tirés de leur domaine actuel. Cela génère des résultats qui, souvent, ressemblent à l’emploi déjà occupé et ne permet pas d’ouvrir sur d’autres possibilités. L’autre cas de figure que je rencontre souvent consiste en une surcharge de possibilités devant les listes d’emplois, que la personne ne se sent pas outillée pour gérer. Elle peut alors se sentir découragée et avoir du mal à cibler par où commencer pour éplucher ces listes d’emplois. De plus, n’ayant pas une idée claire de ses critères d’emplois, il est difficile pour elle d’analyser les offres et de repérer ce qui lui conviendrait. 

Ce réflexe d’aller directement rechercher des offres d’emploi est légitime. Être dans l’action donne l’illusion que l’inconfort que la personne ressent envers son travail pourra se régler rapidement. Et qui ne voudrait pas être rapidement débarrassé de son inconfort! Parfois, la stratégie peut bien fonctionner. Mais si le problème d’identité professionnelle est plus profond, il est aussi possible que cette démarche de recherche d’emploi augmente la confusion. 

Alors par où commencer si on envisage une réorientation de carrière? 

Un processus de réorientation est généralement plus efficace lorsque la personne prend le temps de développer ses compétences à s’orienter. Je n’entrerai pas trop dans l’explicitation de cette expression, car ce n’est pas le but de cet article, mais je pense que cette notion mérite d’être définie globalement. De façon générale, les compétences à s’orienter peuvent se regrouper en deux grandes catégories : les connaissances sur soi et les connaissances du marché du travail (Bangali, 2021). J’ajouterais également une troisième catégorie qui consiste à transposer les connaissances des deux premières catégories en stratégies d’actions concrètes.  

Le problème que je vois souvent chez les personnes qui explorent directement les offres d’emploi réside dans le fait de miser seulement sur la deuxième catégorie (la connaissance du marché du travail), mais sans avoir en tête leurs critères personnels envers leur travail (qui font partie de la première catégorie). Le fait de bien se connaître et de faire un bilan avec soi-même de ce qui est attendu, valorisé et motivant dans sa vie professionnelle est généralement relégué au second, voire au troisième plan, alors que c’est ce travail de réflexion qui permettra d’analyser les offres d’emploi.  

Cibler ses intérêts, les compétences que l’on veut déployer au travail, les valeurs qui nous importent, les critères que nous avons envers la sphère professionnelle, permet de repérer plus rapidement si une offre d’emploi semble une piste pertinente à explorer.

Cela permet également de penser en dehors de la boîte et d’envisager des endroits ou des postes qui nous plairaient, même s’il n’y a pas d’offre d’emploi affichée. Il devient ainsi possible d’imaginer des stratégies (comme utiliser ses contacts ou les réseaux sociaux) pour essayer d’obtenir le poste souhaité. 

Ce bilan avec soi-même peut se faire en faisant preuve d’introspection, seul ou à l’aide de livres conçus pour vous aider à réfléchir à votre projet de carrière. Je vous en suggère quelques-uns dans les références. Il est également possible que vous ressentiez le besoin d’être accompagné pour effectuer ce travail de réflexion sur vous et vos besoins, sur le marché du travail et pour choisir les stratégies que vous voulez mettre en place pour trouver votre nouvel emploi. N’hésitez pas alors à consulter un professionnel de l’orientation. 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre  

 

Référence :

Bangali, M. (2021). Les compétences à s’orienter. Édition Mardaga. 

Suggestions de livres pour amorcer une réflexion sur sa carrière : 

  

Ce qu’Annie aime par-dessus tout, ce sont les histoires! Naturellement intéressée par les gens et leur histoire, elle a complété un baccalauréat en psychologie pour finalement se diriger vers l’orientation de carrière. Elle a maintenant sa pratique privée en orientation qu’elle combine avec des charges de cours à l’université. Elle poursuit également ses études de doctorat en counseling et orientation sur le thème du bien-être. Depuis ses débuts comme conseillère d’orientation, elle a accompagné des centaines de personnes dans leur reconversion professionnelle.
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Ce qu’Annie aime par-dessus tout, ce sont les histoires! Naturellement intéressée par les gens et leur histoire, elle a complété un baccalauréat en psychologie pour finalement se diriger vers l’orientation de carrière. Elle a maintenant sa pratique privée en orientation qu’elle combine avec des charges de cours à l’université. Elle poursuit également ses études de doctorat en counseling et orientation sur le thème du bien-être. Depuis ses débuts comme conseillère d’orientation, elle a accompagné des centaines de personnes dans leur reconversion professionnelle.
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