Le coworking : de nouvelles modalités de travail et développement des territoires

Coworking, espace de travail partagé, tiers-lieu, le coworking est évoqué de diverses manières et c’est une pratique que plusieurs associent à l’économie collaborative. Créé en premier lieu par des hackers de la Silicon Valley pour échanger plus facilement des données et des savoir-faire informatiques, l’espace de travail partagé s’est propagé dès les années 1990 essentiellement aux travailleurs autonomes pour finalement prendre son plein essor dans les années 2000, sous le nom de coworking(Krauss et Tremblay, 2019).

Le coworking est un espace ouvert ou semi-ouvert pouvant posséder quelques bureaux fermés, mais qui permet à des personnes d’horizons plus ou moins divers de socialiser, de travailler et collaborer dans un cadre propice au travail, mais confortable, et ce, sans être de la même entreprise. Ces espaces sont souvent gérés par un propriétaire qui meuble son espace avec du mobilier professionnel, mais aussi des canapés, des fauteuils, voire des salles de jeux, et très souvent un bar et une cuisine pour faciliter la restauration des coworkers.

Selon nos recherches, c’est d’ailleurs souvent dans la cuisine, au moment de la pause-café ou du lunch, que les échanges d’informations, de connaissances ou de réseaux se font.

L’accès à Internet est évidemment offert dans ces endroits, mais souvent aussi d’autres équipements que l’on ne peut pas toujours s’offrir à domicile : grands écrans de visioconférence, salles de réunion équipées, imprimantes commerciales à grande capacité, ou autres.  

Les coworkers sont des locataires qui peuvent venir dans l’espace spontanément, pour une journée, ou qui possèdent un forfait pour plusieurs semaines ou plusieurs mois, afin d’avoir une adresse professionnelle. L’avantage réside dans la flexibilité de la location, un loyer moindre, mais aussi la possibilité de rencontrer d’autres personnes. Alors qu’on y trouvait surtout des travailleurs autonomes auparavant, de plus en plus de télétravailleurs recherchent ce genre d’espace pour sortir de l’isolement du télétravail.  

Les espaces de coworking peuvent présenter certaines originalités pour attirer les locataires; ainsi, certains se distinguent en créant un décor atypique, d’autres proposent des formations sur diverses questions professionnelles, incluant l’entrepreneuriat, d’autres enfin organisent des événements pour renforcer les liens et tenter de développer les collaborations entre coworkers et avec l’espace. Certains services peuvent également être offerts tels que des douches, un stationnement (pour vélos ou voitures, selon l’endroit). 

Les espaces collaboratifs se sont d’abord installés dans les métropoles, mais ils sont de plus en plus fréquents dans des villes de taille petite ou moyenne. Alors que ces espaces ont connu des difficultés pendant la pandémie, et que certains ont dû fermer temporairement ou de manière définitive, au Canada et ailleurs, il semble qu’ils se multiplient depuis 2021. En effet, les espaces de travail étant en transformation profonde avec le télétravail et le travail hybride (2-3 jours en présentiel et le reste à domicile ou ailleurs), de plus en plus de télétravailleurs sont intéressés à travailler quelques jours dans ces espaces. Aussi, certaines entreprises ont réduit ou fermé leurs locaux, ou résilié leur bail, et ont réservé des espaces de travail en coworking pour leurs salariés. Cela se faisait déjà beaucoup en Europe, mais moins au Canada. La tendance se développe maintenant. 

Depuis la pandémie, le modèle de coworking s’est parfois transformé. Certains offrent un peu plus de bureaux fermés qu’avant, suivant la demande de très petites entreprises qui veulent y regrouper 3 à 10 employés, par exemple.  Elles développent aussi parfois une autre activité dans le même local, ou à côté, pour assurer la viabilité de leur entreprise : café, vente de produits, location des locaux pour de l’événementiel. Si les espaces en région sont moins connus que ceux en métropole, nous avons constaté que les publics sont différents : plus de petites entreprises et de travailleurs autonomes en région, un peu plus de salariés et de télétravailleurs dans les métropoles. Les espaces de coworking sont donc en développement dans un contexte de transformation globale de l’organisation du travail, avec le télétravail et les modalités hybrides. Les références ci-dessous permettent de mieux comprendre le phénomène, dont nous continuons à suivre le développement. 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

  

Références 

Krauss et D.-G. Tremblay (dir.), Tiers-lieux – travailler et entreprendre sur les territoires : Espaces de coworking, fab labs, hack labs… (p. 143-156). Rennes / Québec : Presses universitaires de Rennes / Presses universitaires du Québec.

Scaillerez, A. et Tremblay, D.-G. (2016). « Les espaces de coworking : les avantages du partage ». Revue Gestion de HEC Montréal, 41(2), 90-92.

Scaillerez A. et Tremblay, D.-G. (2017). « Coworking, fab labs et living labs – État des connaissances sur les tiers-lieux ». Territoire en mouvement, Revue de géographie et aménagement, (34).

Tremblay, Diane-Gabrielle (2020) « Le télétravail et le coworking: Enjeux socio-territoriaux dans la foulée de la pandémie de Covid 19 ». Organisation et Territoire. Vol. 29, no 2,  juin 2020. P.159-162. 

Tremblay, D.-G. et Scaillerez, A. (2020). « Coworking spaces : New Places for Business Initiatives ? » Innovation-Journal of Innovation Economics and Management. 2020/1 (n° 31) pp. 39-67.