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Les étapes d’un processus d’embauche nécessitent une patience et une détermination hors pair chez une personne en recherche d’emploi. Elle doit évaluer ses besoins et ses exigences au travail, mettre à jour ou concevoir un CV, rédiger une lettre de motivation, rechercher des postes, postuler et se préparer à une entrevue. Une fois sa candidature acceptée, la personne peut se sentir d’attaque à relever ce nouveau défi et être stimulée par la nouveauté qui l’attend. Toutefois, plus la date de prise de poste approche, plus des pensées qui provoquent des émotions négatives peuvent surgir. Pendant la période de probation, nous sommes plus sujets à être préoccupés par l’incertitude professionnelle et ressentir de la culpabilité au travail.
Les nouveaux employés peuvent manifester de multiples incertitudes au cours d’une intégration en emploi.
Derrière le besoin d’anticiper ce qui est imprévisible, il y a le désir d’être appréciés par ses collègues et ses supérieurs. Une étude scientifique du département de psychologie réalisée par l’Université Cornell nous explique ce qu’est le liking gap illusion, autrement dit, l’illusion de l’écart d’appréciation. La majorité du temps, nous avons tendance à croire que notre interlocuteur nous apprécie moins que ce qui en est réellement. À la suite d’une conversation, lorsqu’on se retrouve seul, nos monologues intérieurs peuvent nous amener à croire une logique peu prévisible. On se demande si nous avons trop parlé, si nous avons été ennuyeux ou bien si nous avons transgressé la ligne de ce qui est socialement acceptable. C’est cette rumination qui nous fait vivre des incertitudes face à l’image qu’on projette chez les autres. L’importance de la première impression dans un nouvel environnement de travail peut générer du stress chez une personne surtout si elle vit une perte de concordance entre ses pensées et la réalité.
L’intégration en emploi pose de multiples défis tels que l’acquisition de nouvelles connaissances. L’assimilation des objectifs et des tâches d’une nouvelle fonction peut engendrer une grande fatigue. Cependant, commettre des erreurs en période d’apprentissage nous permet d’évoluer et d’augmenter notre performance au travail. Selon une étude sur la culpabilité au travail (Berthe, B. & Chédotal, C.), celle-ci peut mener à être plus efficace au travail et d’autre fois elle peut être négative et envahissante. Généralement, la culpabilité nous permet d’ajuster nos comportements.
Le conseiller joue un rôle crucial dans l’accompagnement de ses clients en insertion et au maintien de l’emploi. Cependant, il arrive à tous que la créativité manque à l’appel au moment d’intervenir. Voici une liste d’interventions simples et efficaces pour répondre au besoin de ses clients.
1. Inviter le client à exprimer et verbaliser ses craintes à son formateur ou à son chef d’équipe
L’idée est de dissuader les interprétations qui peuvent porter préjudice à son égard. Souvent, les insécurités bloquent nos capacités à être proactif et l’on a tendance à s’isoler. Cela donne l’impression de ne pas vouloir s’intégrer au groupe et ne pas être motivé à travailler. Ainsi, le responsable pourra prendre en considération cette information et il pourra mieux accompagner l’employé dans son intégration.
2. Prendre soin de soi
En cette période de changement, il est important d’ajouter à son calendrier un rendez-vous avec soi-même! Il est important de se changer les idées pour éviter que nos pensées négatives s’emparent de notre esprit. Qu’est-ce qui vous rend heureux? Faire du sport, méditer, se promener dans la nature, visiter des amis, passer du temps en famille, etc.
3. Augmenter sa confiance en soi
Si une entreprise a engagé ce candidat plutôt qu’un autre, c’est qu’ils ont confiance en lui. Le conseiller peut réaliser une activité qui augmente la confiance et l’estime de la personne. Il peut l’aider à trouver et nommer ses forces et ses qualités. Il peut faire appel aux personnes proches du client pour réaliser l’exercice. Ce sont souvent ces personnes qui peuvent mieux voir les compétences du client. Ensuite, le conseiller explique à son client comment ses compétences peuvent être transférables au travail.
4. Communiquer avec ses collègues
Parler de ce qu’on vit avec un membre de son équipe peut aider à se sentir en sécurité au travail. La nouveauté est souvent synonyme de danger pour un individu. Dans le but de s’adapter à son environnement, il est important d’intégrer de nouvelles personnes à son réseau social.
5. Référer à une autre ressource
Si la personne n’arrive pas à contrôler et stabiliser ses émotions, que la situation devient envahissante et répétitive dans plusieurs sphères de sa vie, il est possible que le besoin soit plus grand et hors de nos compétences. On peut l’amener à parler avec son médecin de famille ou une autre ressource qu’on juge pertinente.
6. Accepter l’incertitude et le sentiment de culpabilité au travail
Il est possible de normaliser ce sentiment de culpabilité qu’on peut ressentir au travail en partageant son vécu. Le conseiller peut pratiquer l’auto-dévoilement avec prudence. L’intervention peut être utilisée si l’expérience vécue par le conseiller peut rassurer et soulager la personne. Donner des exemples de sa propre expérience de vie peut aider la personne à relativiser et améliorer sa perception de la situation.
En toute facilité, un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle doit être établi dès le début de son emploi. De cette façon, le client peut maintenir son emploi et avoir une meilleure santé mentale et un bien-être général.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Bibliographie :
Boothby, E.J. et al. (2018). «The Liking Gap in Conversations: Do People Like Us More Than We Think?» Association for psychological, 29 (11), 1742-1756. DOI:10.1177/0956797618783714
Berthe, B. & Chédotal, C. (2018). « La culpabilité au travail : La parole aux salariés. » Relations industrielles / Industrial Relations, 73(2), 295–318. https://doi.org/10.7202/1048572ar