Révolution numérique : de l’informatique à l’intelligence artificielle 
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L’intelligence artificielle a-t-elle sa place en éducation?

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L’intelligence artificielle (IA) a la capacité de relever certains des plus grands défis qui se posent dans de nombreux domaines, dont celui de l’éducation. De nos jours, l’IA permet le développement des pratiques d’enseignement et d’apprentissage innovantes, et ce, en accélérant les progrès en éducation. Néanmoins, tout comme l’ensemble des avancées technologiques qui évoluent dans un environnement particulièrement dynamique, parmi lesquelles nous retrouvons cette technologie, nous constatons que cela implique inévitablement de nombreux risques et défis, ainsi que de nombreux débats sur les politiques et les cadres réglementaires. De ce fait, nous constatons que les politiques gouvernementales et les diverses réglementations n’arrivent pas à suivre la rapidité de l’environnement des changements technologiques. L’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, a comme objectif de chercher à instaurer la paix en favorisant la coopération internationale en matière d’éducation, de science et de culture. L’exploitation du potentiel des technologies de l’intelligence artificielle est une priorité afin d’atteindre les objectifs tout en soutenant les entités gouvernementales.

Il existe de nombreux liens entre l’IA et l’éducation. Toutefois, il est possible de cibler trois domaines primordiaux. Dans un premier temps, nous retrouvons l’apprentissage en lien avec l’IA, tel que l’utilisation des outils d’IA dans les salles de classe. Deuxièmement, la connaissance du fonctionnement de l’IA, soit ses technologies. Pour finir, la capacité et les moyens de se préparer à l’arrivée des nouvelles technologies que l’on appelle compétences numériques et dont l’objectif est d’aider tous les citoyens à mieux comprendre l’impact potentiel de celles-ci sur leur vie.

Il y a peu de temps encore, les différentes applications de l’intelligence artificielle semblaient peu accessibles et obscures au commun des mortels. Néanmoins, ces applications évoluaient déjà au sein de certaines entreprises qui misaient sur la robotisation des usines, l’optimisation de trajets de livraison, la personnalisation du commerce de détail et la traçabilité de la marchandise.

 

L’utilisation de ces formes d’IA est appelée apprentissage profond (deep learning). L’exécution de ces tâches est caractérisée par le perfectionnement utilisant la répétition, ce qui développe la précision. Il y a une différence majeure entre l’apprentissage profond et l’éclosion des outils d’intelligence facilement accessibles, gratuits et utilisables par le grand public. Cette distinction provient du fait que l’apprentissage profond (deep learning) ne crée pas quelque chose de nouveau alors que la nouvelle génération est capable de créer de l’inédit. Il faut souligner que si l’IA est apte à créer, c’est qu’un être humain dirige la technologie.

En novembre 2022, une évolution majeure en technologie a changé la face du monde avec le dévoilement public de l’IA générative d’OpenAI, ChatGPT, reconnu par sa capacité créative. Depuis, de nombreux autres outils d’IA génératives ont été rendus disponibles.  Ils sont capables de rédiger et de reformuler des textes, de créer des images et des vidéos. Bref, ils génèrent du contenu à partir d’instructions que l’humain leur donne. C’est ce pour quoi ils ont été conçus. Cette réalité amène bon nombre de questionnements, dont certains, en lien avec l’absence de réglementation. De ce fait, n’est-ce pas cette technologie qui a permis de créer les Fakes news et de les propager, et aussi,  possiblement, de faire disparaître les trolls?

Étant donné que l’IA a un impact dans tous les secteurs, il est évident d’en conclure que le milieu de l’éducation ne fera pas exception. Il devient primordial dans un contexte de gestion scolaire d’expliquer et de comprendre qu’il s’agit d’outils qui mettent en évidence le développement effréné des technologies et leur présence dans toutes les sphères de nos vies. Cette réalité face au développement de la compétence numérique devient donc plus nécessaire que jamais. En effet, un fossé se creuse et la fracture numérique ne fera que s’amplifier. Ainsi, dans le domaine de la gestion scolaire, l’analyse prédictive pourrait permettre de signaler les retards significatifs dans les différentes sphères de développement en servant d’outil de détection précoce chez les étudiants à haut risque d’échec, voire de décrochage.

Cette avancée technologique met en relief les possibilités de plagiat. Encore ici, le , très apprécié des personnes d’âge scolaire, est pointé du doigt par le milieu éducatif. Ces dommages collatéraux font partie intégrante de l’utilisation de l’intelligence artificielle et sont des indicateurs de la révolution numérique.
En éducation, l’un des mandats des enseignants/professeurs est de déterminer les objectifs d’apprentissage de leurs élèves. Par conséquent, ils doivent être en mesure de déterminer ces objectifs et par le fait même d’adapter leur façon d’enseigner afin de répondre aux besoins spécifiques de chacun d’entre eux. Cependant, avec plus de 20 élèves dans une salle de classe, il est quasi-impossible de personnaliser cet enseignement. D’autant plus que chaque individu apprend différemment. De ce fait, il n’est pas rare d’entendre que les milieux éducatifs ne sont pas adaptés à la réalité de tous les jeunes. L’utilisation d’un système de l’IA pourrait favoriser cet objectif en permettant d’observer et d’analyser comment un étudiant procède à une tâche assignée et de calculer le temps utilisé pour la terminer. L’IA mettrait ainsi en relief les étudiants en difficulté et le système pourrait mettre en place une stratégie d’enseignement individualisé. En ce qui a trait aux élèves qui réussissent, ledit système offrirait la possibilité d’augmenter le niveau de difficulté des apprentissages afin de maintenir l’activité stimulante. Cette rétroaction en temps réel de la situation académique des étudiants est quasi irréalisable donc il est inconcevable de l’offrir à une classe ou à un campus entier. Soulignons qu’il a été démontré que l’IA, par son offre d’outils d’apprentissage adaptatifs, propose des modifications rapides et dynamiques au sein de cet environnement, du contenu et des tâches afin de soutenir les individus à assimiler davantage et donc, à s’améliorer prestement.

Il y a autant d’avantages que d’inconvénients à utiliser l’IA au sein du milieu de l’éducation. Cependant, la première chose à développer est la compréhension et la démystification des compétences numériques tant chez les enseignants que chez les étudiants. Bien que l’intelligence artificielle se définisse comme un outil puissant de renforcement de l’éducation, ces technologies se sont déployées à des rythmes différents. Ainsi, ces dernières ont émergé l’une après l’autre, utilisées par des acteurs différents, ayant des objectifs différents pouvant même être en opposition les unes avec les autres. Le milieu de l’éducation se retrouve donc face à un écosystème d’apprentissage fragmenté ou accentué par la fracture numérique. Seul l’humain, derrière la machine pourra diriger les nombreuses possibilités et capacités de l’intelligence artificielle.

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre

 

Cet article est le deuxième dans OrientAction pour la série thématique « L’intelligence artificielle et le développement de carrière ». Restez à l’affût sur OrientAction dans les jours à venir pour plus d’articles thématiques, ou inscrivez-vous à notre infolettre hebdomadaire OrientAction en bref pour recevoir les publications thématiques.


 

 

Étudiante au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, Emilie est titulaire d’un MBA en gestion des affaires numériques, d’un certificat d’excellence pour le programme court de 2e cycle en gestion contemporaine de la TÉLUQ et d’un baccalauréat en administration concentration ressources humaines. Elle est également membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés depuis 2015. Elle cherche toujours à apprendre, à contester les silos des milieux académiques, puis de travail, et à maximiser l’utilisation des technologies. Elle s’intéresse principalement au Métavers, à la réalité virtuelle, augmentée, voire hybride. Ses recherches ont une tendance féministe, afin d’offrir des formations favorisant l’équité d’accès aux formations et aux conditions de travail.
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Étudiante au doctorat en technologie éducative à l’Université Laval, Emilie est titulaire d’un MBA en gestion des affaires numériques, d’un certificat d’excellence pour le programme court de 2e cycle en gestion contemporaine de la TÉLUQ et d’un baccalauréat en administration concentration ressources humaines. Elle est également membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés depuis 2015. Elle cherche toujours à apprendre, à contester les silos des milieux académiques, puis de travail, et à maximiser l’utilisation des technologies. Elle s’intéresse principalement au Métavers, à la réalité virtuelle, augmentée, voire hybride. Ses recherches ont une tendance féministe, afin d’offrir des formations favorisant l’équité d’accès aux formations et aux conditions de travail.