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Cet article fait partie de la série « Les CJE, une richesse d’approches et d’expertises », une initiative du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec. L’objectif est de mettre de l’avant la passion, le professionnalisme et l’ingéniosité des intervenant.es des carrefours jeunesse-emploi à travers le Québec en jetant la lumière sur leurs expertises et approches novatrices, surprenantes et diversifiées.
Ce mois-ci, nous avons interrogé Cassandra Bui, chargée de projets en entrepreneuriat et responsable des communications au CJE Sainte-Foy (Option-travail). Formée en zoothérapie, elle démystifie ce en quoi consiste cette stratégie d’intervention et nous explique comment elle l’a utilisée dans son travail.
Peux-tu nous décrire cette approche et ses caractéristiques?
Telle qu’elle est définie par la Corporation des zoothérapeutes du Québec (CZQ), la zoothérapie est une intervention :
– dirigée par un professionnel formé en zoothérapie (le ou la zoothérapeute);
– avec un animal entraîné et sélectionné (l’animal partenaire d’intervention en zoothérapie appelé aussi APIZ);
– auprès d’une personne en difficulté (le client).
L’animal devient ainsi un partenaire : il participe aux activités et prend des initiatives, permettant à la fois de faciliter la création du lien de confiance entre le client et l’intervenant, mais offrant également plusieurs expériences qui mèneront à des prises de conscience et l’atteinte d’objectifs ciblés.
La zoothérapie se réfère à la triade d’intervention (intervenant, APIZ et client). L’intervenant en zoothérapie pourrait également travailler de concert avec un autre professionnel (physiothérapeute, psychologue, orthophoniste, etc.). Dans le cas où un intervenant membre d’un ordre professionnel travaille en zoothérapie ou en partenariat avec un zoothérapeute, on peut alors parler de thérapie assistée par l’animal. Autrement, on préférera plutôt les termes d’intervention assistée par l’animal ou d’activités assistées par l’animal.
L’espèce canine est souvent la plus présente en zoothérapie, en raison de sa bonne capacité d’adaptation, sa sociabilité et son intelligence. Toutefois, plusieurs autres espèces peuvent également devenir partenaires.
Dans tous les cas, il est essentiel que l’intervenant formé en zoothérapie ait un bon lien avec son APIZ : cela rendra l’intervention plus sécuritaire et l’expérience beaucoup plus riche. On peut donc choisir l’espèce animale, mais il faut également choisir le bon individu, en fonction de sa personnalité, ses forces et ses limites.
Comment utilises-tu cette approche dans tes interventions au CJE? Dans quel contexte? Auprès de quel public-cible?
J’ai pu utiliser la zoothérapie comme stratégie d’intervention dans le cadre de nos services en persévérance scolaire du programme Créneau. En collaboration avec des intervenants dans les écoles, des élèves susceptibles de pouvoir en bénéficier ont été ciblés pour participer aux ateliers de zoothérapie, lesquels se déroulaient soit pendant l’heure du lunch, ou pendant des périodes de classe, ou encore après les cours. J’ai pu intervenir auprès de jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), d’autres luttant contre des difficultés au niveau de la gestion du stress et de l’anxiété, ainsi qu’auprès d’un groupe d’élèves en francisation. Mes interventions de groupe étaient planifiées à l’avance dans le but d’établir des objectifs propres à chacune des séances, selon les besoins des élèves. J’ai, par exemple, créé des ateliers sur l’entrée en relation et la gestion du stress, auxquels participait ma lapine Loukya. Étant un animal de proie, et donc, très sensible tant à son environnement qu’à l’énergie que dégagent les êtres qui l’entourent, elle était une partenaire idéale pour enseigner aux élèves le calme, l’authenticité et la douceur. J’ai également animé des ateliers avec Balto, le samoyède amoureux des humains, où les élèves étaient invités à mettre en place un parcours à lui faire réaliser, et donc à appliquer des stratégies d’organisation et de planification. Ce ne sont que des exemples, car les possibilités sont infinies!
Les retombées auprès des élèves ont été impressionnantes. Par exemple, un jeune avec un TSA a développé plusieurs habiletés sociales grâce aux ateliers. De nature initialement renfermée, nous l’avons vu devenir un élève à la posture fière, toujours partant pour lancer la conversation avec nous. Une autre jeune faisant face à un trouble anxieux est parvenue à développer des outils pour s’apaiser et elle a même réussi à limiter sa prise de médicaments. Les élèves en francisation, de leur côté, ont amélioré leur vocabulaire et étaient motivés de venir à l’école pour rencontrer mes partenaires poilus!
Quels sont les avantages et les défis (points de vigilance) de l’utilisation d’une telle approche?
La zoothérapie est une stratégie d’intervention encadrée par un code de déontologie. Pratiquer la zoothérapie nécessite une solide formation qui place la sécurité au centre de la pratique – il n’existe pas de risque zéro avec un animal. Au-delà de sa capacité à mettre en place une intervention sécuritaire, l’intervenant doit être couvert par une assurance responsabilité civile et professionnelle (erreur et omission en zoothérapie). Le bien-être de l’animal est également primordial. Notre APIZ ne se sent pas bien pour aller travailler? Il reste à la maison et nous employons d’autres stratégies d’intervention.
Le bien que nous apportent nos amis poilus est évident et même prouvé scientifiquement : pensons notamment à une diminution de l’anxiété et un facilitateur en matière de relations sociales. Il est toutefois important de distinguer les différentes activités pouvant se dérouler en présence d’un animal. Par exemple, le simple fait d’avoir un animal près de soi fait un bien fou, mais ce n’est pas de la zoothérapie. Il en est de même avec l’exemple d’une personne qui visite une résidence pour personnes aînées avec son chien pour briser l’isolement : cette visite animalière n’est pas de la zoothérapie non plus! Souvenons-nous que pour qu’une intervention puisse être considérée comme de la zoothérapie, il est essentiel que l’intervenant ait reçu une formation adéquate et que l’APIZ ait été entraîné.
Une intervention assistée par l’animal sera ainsi planifiée à l’avance, structurée et visera l’atteinte d’objectifs clairs chez la clientèle : c’est donc bien plus que de flatter un chien!
Et si la simple présence d’un animal nous fait du bien, on peut facilement imaginer à quel point l’impact sur le mieux-être de la clientèle peut être décuplé lorsque le tout est méticuleusement planifié par un intervenant formé. Néanmoins, notons que toutes les situations impliquant un animal, zoothérapie ou non, nécessitent des vérifications en ce qui concerne les assurances : un accident est si vite arrivé!
As-tu des outils ou ressources à partager pour ceux et celles qui aimeraient aller plus loin ?
Pour accéder aux services d’un intervenant formé en zoothérapie, consultez le sur le site de la CZQ.
Autrement, deux formations sont actuellement reconnues par la CZQ et permettent en même temps d’adhérer aux assurances collectives : l’AEC Stratégies d’intervention en médiation animale – zoothérapie offerte au cégep de La Pocatière et la formation au privé à Synergie Plumes et Poils
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.