Au secondaire, les jeunes sont poussés rapidement à prendre une décision qu’ils croient être pour la vie, alors que c’est souvent au cours du chemin que l’objectif se spécifie.
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Histoire de transition professionnelle : il faut parfois du temps pour être prêt à faire le bon choix pour soi

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Selon une étude réalisée par Academos (2024), seulement 4 étudiants sur 10 (41 %) sont prêts à faire un choix de carrière¹. Au secondaire, les jeunes sont poussés rapidement à prendre une décision qu’ils croient être pour la vie, alors que c’est souvent au cours du chemin que l’objectif se spécifie. On sous-estime combien la phase d’exploration est importante dans un choix. Ce sont les expériences qui aident une personne à se faire une meilleure idée de qui elle est et de devenir davantage prête à assumer ses intérêts et sa personnalité.  

Assumer. C’est ce que Florence a dû faire pour que son existence ait plus de sens pour elle. Après avoir fait des choix sans conviction et vécu un début de vingtaine à errer sans véritable but, c’est justement à travers ses expériences qu’elle s’est rendue à l’évidence qu’elle devait faire un choix difficile, mais l’assumer jusqu’au bout.   

Je trouvais l’histoire de Florence intéressante pour ces jeunes et moins jeunes qui errent sans avoir de véritable élan et qui cherchent leur place en faisant des choix sans grande conviction. Ce fut le cas de Florence qui a eu cette sensation de flotter pendant son secondaire et une partie de sa vingtaine alors qu’elle était en phase exploratoire sans même le savoir. Voici l’histoire de son parcours et de sa transition.  

Florence se souvient que lorsqu’est venu le temps de réfléchir à son avenir, elle n’a jamais vraiment su ce qu’elle voulait faire.

L’enfance est un terrain riche pour trouver de l’information sur soi alors que les intérêts naturels sont encore clairs, puisqu’ils n’ont pas été envahis par la pression sociale, le désir de plaire ou une expérience négative. Florence, de son côté, a été allumée par la musique à un très jeune âge. Le piano était son instrument principal. Elle a alors fait tout son primaire en musique classique, où cette discipline faisait partie de son quotidien. Après ces années où elle a enchainé effort et rigueur, elle s’est juré qu’elle ne toucherait plus à un piano de sa vie.   

Elle a alors poursuivi son adolescence sans véritable intérêt. D’ailleurs, Florence se souvient que lorsqu’est venu le temps de réfléchir à son avenir, elle n’a jamais vraiment su ce qu’elle voulait faire. « Je regardais la liste des programmes universitaires et je suis tombée par hasard sur le programme en télévision. C’était le programme qui avait l’air le moins pire pour moi, pas celui qui m’intéressait le plus… », précise-t-elle. 

Elle a réussi à entrer dans ce programme du premier coup alors que d’autres peuvent s’y prendre à plusieurs reprises. Alors qu’elle voyait des gens heureux d’être choisis, Florence se demandait ce qu’elle faisait là. Tout comme lorsqu’elle était au cégep en cinéma, elle ne se reconnaissait pas malgré le plaisir qu’elle pouvait ressentir.  

Parallèlement à cela, Florence a renoué timidement avec la musique. Elle faisait partie d’un groupe où elle était claviériste et choriste, et côtoyait des gens qui assumaient vouloir faire cela de leur vie. « J’admirais ces gens-là, mais je me disais que ce ne serait jamais moi. Je n’ai pas les compétences même si j’aimerais ça », avoue-t-elle.  

C’est lors de ses deux stages universitaires dans les émissions musicales Star Académie  et En direct de l’univers  qu’elle a réalisé qu’il y avait quelque chose qu’elle ne pouvait plus repousser. « Quand je suis allée sur les plateaux, je me sentais un peu jalouse des artistes. Je me rappelle du feeling. J’allais les conduire à leur loge ou je leur apportais à manger, et je me disais que je ne pouvais vivre ça toute ma vie. Je me disais que moi aussi j’étais capable d’aller sur scène. Que moi aussi j’aimerais essayer », affirme-t-elle. 

Le retour aux études  

C’est pendant la pandémie que Florence s’est retrouvée face à un choix. « Je me souviens que j’étais vraiment malheureuse. Mon chum de l’époque m’a demandé :  Si tu enlèves toutes les barrières, qu’est-ce qui te ferait plaisir? Qu’est-ce que tu aimerais faire? Naturellement, j’ai répondu : « …de la musique! » Il lui a alors dit que deux options s’offraient à elle, soit retourner aux études ou construire son chemin par elle-même dans le monde musical. Florence, qui venait de terminer un baccalauréat, n’avait jamais pensé que le retour aux études était une option à 26 ans. Cependant, en voyant que se lancer directement était trop insécurisant pour elle, le retour aux études est devenu l’évidence malgré ses responsabilités financières.  

Ainsi, elle a plongé dans cette nouvelle aventure non sans défi et sans sacrifice. Le plus grand défi étant de pouvoir subvenir à ses besoins parallèlement à la formation. Cela lui a occasionné une surcharge à un certain moment en jumelant études et emplois. Par contre, c’est à travers ces expériences de travail qu’elle a découvert de nouvelles possibilités de gagner sa vie dans le monde musical qu’elle ne voyait pas auparavant. « J’ai découvert qu’il y a différents moyens de vivre de la musique sans que ce soit nécessairement de la scène. L’enseignement s’est naturellement ouvert à moi et cela a beaucoup de sens, car j’ai toujours aimé le contact avec l’humain. »  

Le sentiment d’être enfin à sa place 

Pour la première fois de sa vie, Florence a le sentiment d’être à sa place. « Les gens avec qui j’étudie, on se comprend vraiment. On a les mêmes objectifs et même si on a une bonne différence d’âge, les jeunes m’inspirent tellement. » 

 « Maintenant, quand je finis un chiffre, je me sens utile, à ma place et bonne dans ce que je fais, alors qu’avant je pouvais souvent me sentir imposteur. » 

Un autre indice qui lui démontre qu’elle a fait le bon choix est son envie d’aller au travail. « Maintenant, quand je finis un chiffre, je me sens utile, à ma place et bonne dans ce que je fais, alors qu’avant je pouvais souvent me sentir imposteur. Mon travail m’amène davantage de positif alors qu’avant il me tirait beaucoup plus de jus. » 

À l’adolescente qu’elle était, qui a mis de côté le piano, elle lui donnerait ce conseil avec émotion : « Garde ça proche de toi et assume que c’est ça que tu veux faire même si en ce moment tu es écœurée. Ça va rester ta passion pour toujours et ne la mets pas de côté. Assume ce que tu veux faire, qui tu veux être et arrête d’essayer de vouloir être dans un moule. Essaie simplement de te plaire à toi. » 

Maintenant qu’elle se sent à sa place, il est plus facile pour elle de garder le cap dans les moments de doutes. « Même si je doute et que j’ai des bas, il n’y a rien d’autre que je me vois faire. Je dois donc assumer jusqu’au bout et trouver une façon de construire mon propre chemin », affirme-t-elle. 

À l’adolescente que j’étais, je lui dirais :

« Assume ce que tu veux faire, qui tu veux être et arrête d’essayer de vouloir être dans un moule. Essaie simplement de te plaire à toi. Assume-toi! » 

Pour construire son propre chemin, elle se crée de petits objectifs atteignables. « Cet été, mon objectif était de me mettre à l’horaire quelques spectacles; ce que j’ai fait. L’an prochain, je veux augmenter du double. Ça me garde une ligne directrice et ça me permet de voir que c’est moins pire que je ne le pensais. »  

Florence entame sa dernière année de formation tout en enseignant la musique et en continuant à performer pour de petits ou grands événements. Elle souhaite trouver son identité artistique pour éventuellement sortir un album. Au-delà de ces souhaits, elle aimerait simplement se rapprocher toujours un peu plus de la personne qu’elle souhaite être et s’assumer encore plus personnellement et professionnellement.  

  1. Academos (2024), Gen Z – Comprendre les aspirations professionnelles des jeunes en 2024 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.    

Avant tout passionnée par les parcours et les contacts humains, Mélanie possède une expérience de plusieurs années en orientation auprès d’une clientèle adulte et adolescente, étudiante ou professionnelle, jeune ou établie. Son travail dans ces domaines lui a donné la chance d’intervenir individuellement ou auprès de groupes en pratique privée, dans les écoles et dans les organismes. Les textes qu’elle propose sont des portraits de personnes qui ont vécu des transitions de carrière dans différents contextes de vie. Le but étant d’inspirer, de se reconnaître et de mieux se comprendre à travers les questionnements et les étapes que peut occasionner ces périodes qui génèrent souvent de la houle à l’intérieur de soi comme à l’extérieur. Mélanie y apporte également mon regard comme conseillère d’orientation.
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Avant tout passionnée par les parcours et les contacts humains, Mélanie possède une expérience de plusieurs années en orientation auprès d’une clientèle adulte et adolescente, étudiante ou professionnelle, jeune ou établie. Son travail dans ces domaines lui a donné la chance d’intervenir individuellement ou auprès de groupes en pratique privée, dans les écoles et dans les organismes. Les textes qu’elle propose sont des portraits de personnes qui ont vécu des transitions de carrière dans différents contextes de vie. Le but étant d’inspirer, de se reconnaître et de mieux se comprendre à travers les questionnements et les étapes que peut occasionner ces périodes qui génèrent souvent de la houle à l’intérieur de soi comme à l’extérieur. Mélanie y apporte également mon regard comme conseillère d’orientation.