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Dans l’univers du travail, le manque de main-d’œuvre se fait durement ressentir depuis de nombreuses années, mais plus particulièrement depuis la pandémie, et les employeurs doivent faire preuve de créativité afin non seulement d’attirer les talents au sein de leurs équipes, mais également de les y maintenir. La situation est si critique que bon nombre d’entreprises doivent restreindre leurs heures d’ouverture, d’autres sont littéralement contraintes de fermer leurs portes. Les plus privilégiées passent d’interminables heures à recruter et former des employés avant de les voir brusquement quitter, parfois même sans crier gare. Sinon, ceux-ci quittent pour des promesses plus alléchantes. Le personnel est de plus en plus volatil et sélectif.
S’additionnant à la problématique du manque de main-d’œuvre, les enjeux de santé mentale des travailleurs viennent complexifier la situation.
Il faut savoir qu’un Canadien sur trois sera touché par une maladie mentale au cours de sa vie.
Dans une équipe de travail de 100 personnes, c’est un peu plus de 33 employés. À l’échelle du Québec, cela concerne donc 1 600 000 personnes1. Les différentes ressources d’intégration et de maintien en emploi font le triste constat que les employeurs suivent encore d’anciens modèles de gestion, maintenant désuets, parce qu’ils ne sont pas suffisamment inclusifs, ce qui nuit invariablement à la rétention du personnel au sein des équipes de travail. Par ailleurs, les employeurs font le constat que les défis des employés sont de plus en plus présents et ils ignorent comment gérer cette réalité qui prend une place grandissante au sein des organisations.
Or, la tendance sociétale actuelle tend définitivement vers des modèles d’inclusion, tant dans la sphère privée que dans le monde du travail. Les employeurs auraient donc tout avantage à explorer et considérer une main-d’œuvre trop longtemps délaissée, soit celle ayant certaines limitations fonctionnelles invisibles, comme dans le cas des troubles de santé mentale, en mettant en place des adaptations ou des accommodements, parfois tout simples, qui permettraient à ces employeurs d’accéder à un bassin de travailleurs compétents, motivés, engagés et disponibles.
Pourtant, les employeurs hésitent à le faire, souvent par manque de ressources ou de connaissances, et n’osent pas demander de l’aide ou ne connaissent pas les outils à leur portée. Également, le contexte et la réalité du marché de l’emploi ne leur permettent souvent pas d’entreprendre un tel processus, et la méconnaissance des moyens à mettre en place pour l’intégration des personnes ayant des limitations en emploi est flagrante. Pourtant, plusieurs organisations se spécialisent dans l’intégration et le maintien en emploi des personnes aux prises avec des enjeux de santé mentale, et ont accès à des ressources, des partenariats et des programmes qui leur seraient utiles.
Découlant du plan d’action à l’égard des personnes handicapées 2020-2023, le projet, piloté par le ministre du Travail, M. Jean Boulet, de 2020 à 2022 en collaboration avec le ROSEPH (le regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées), a permis la formation « santé mentale et travail », qui a mis la table pour les années à venir. Ce sont 300 intervenants (conseillers en emploi et agents d’intégration) dans 24 services d’employabilité qui ont été formés pour accompagner les candidats ayant des enjeux de santé mentale dans leur démarche de retour au travail.
Selon le bilan 2022-2023, « Le développement d’une formation Santé mentale et travail a été complété en mars 2023 après deux années de collaboration entre le Ministère et le ROSEPH. Cette formation augmente le niveau d’expertise des intervenants des Services spécialisés de main-d’œuvre pour personnes handicapées. Elle a notamment comme objectif d’améliorer les interventions auprès des personnes vivant avec une problématique en santé mentale dans leur cheminement vers l’emploi. Le développement de la formation a été rendu possible grâce à Concertation pour l’emploi, une mesure du Ministère qui offre aux employeurs une aide leur permettant de recourir à des services d’expertise externe pour traiter des problèmes reliés aux ressources humaines et à leur gestion2 ».
De son côté, « le Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 – S’unir pour un mieux-être collectif vise à favoriser la santé mentale optimale de la population, ainsi qu’à faciliter l’accès à des soins et services de qualité pour les personnes présentant des troubles mentaux ou des symptômes associés, et leurs proches3 ». Selon Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux : « Parmi les conclusions issues de cette grande réflexion commune, il y a l’idée qu’il nous faut apprendre à travailler de manière intersectorielle. C’est ainsi que nous pourrons répondre adéquatement à l’ensemble des besoins de la personne, en favorisant à la fois sa santé mentale et physique, mais aussi la qualité de son milieu de vie, de ses conditions socioéconomiques et sa pleine participation sociale4 ».
Parmi ceux à la portée du grand public, il y a bien entendu les différents outils, tels que les balados sur le sujet, mais aussi des sites qui regorgent d’informations pertinentes, dont celui s’adressant aux employeurs et aux chercheurs d’emploi www.engagezladifference.quebec. De leur côté, les différents SSMO (Service Spécialisé de Main-d’œuvre) du Québec sont les meilleures ressources pour conseiller, guider, informer, sensibiliser et accompagner tous ceux qui souhaiteraient s’engager pour l’inclusion des gens ayant un trouble de santé mentale en milieu de travail. Quand elles font partie des écosystèmes professionnels, non seulement elles contribuent de manière significative aux objectifs de l’entreprise, mais elles favorisent également une culture d’acceptation, de respect et de collaboration au sein de l’équipe. Leur inclusion en emploi crée un environnement où la diversité est célébrée, où chacun est encouragé à s’épanouir selon ses propres talents et où les différences sont perçues comme des atouts plutôt que des obstacles.
En tant que société, on pense que c’est notre devoir de créer des espaces de travail inclusifs, où chaque personne a la possibilité de s’épanouir et d’y contribuer pleinement. L’inclusion, c’est un pas important vers une société plus juste, équitable et harmonieuse, où chacun a sa place. Travaillons ensemble pour construire un avenir où l’inclusion n’est pas seulement un objectif, mais une réalité tangible pour tous.
1 https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/maladie-mentale-canada-infographie.html
2 www.quebec.ca/gouvernement/ministere/emploi-solidarite-sociale/publications/plan-daction-a-legard-des-personnes-handicapees-2023-2024
3 https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-914-14W.pdf
4 https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2021/21-914-14W.pdf
Pour consulter le SSMO de votre région : https://roseph.ca/nos-membres/repertoire-des-membres/
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.