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Que ce soit dans notre vie professionnelle ou dans notre vie personnelle, savoir écouter est un art des plus précieux. Mais qu’est-ce que l’écoute au juste? En des mots très simples, l’écoute est une disposition qui consiste à permettre à notre interlocutrice ou interlocuteur de s’exprimer en se sentant accueilli et non jugé. Ceci rejoint donc trois besoins fondamentaux : expression, reconnaissance et acceptation. C’est dire combien l’écoute s’avère importante.
Pour plusieurs d’entre nous, nous pensons qu’écouter l’autre va de soi et nous croyons bien le faire. Mais, quoi qu’on en pense, ce n’est pas une attitude naturelle. L’être humain est plutôt égocentré de nature. Sans nous en rendre compte, nous avons tendance à tout ramener à nous. Nous écoutons avec notre cadre de référence. Ce que l’autre nous confie peut éveiller en nous une expérience présente ou passée. Ou bien nous avons le réflexe d’évaluer ou d’interpréter. Nous dirigeons la conversation avec de multiples questions. Nous désirons rassurer. Nous proposons des solutions. Nous ne sommes plus chez l’autre, à l’écoute de son monde, nous sommes chez nous.
Avec de l’attention et de l’auto-observation. En effet, développons le réflexe de faire un pas de côté et de nous observer écouter. Posons-nous les questions suivantes : quand j’écoute cette personne, est-ce que je suis chez elle ou chez moi ? Si ce qu’elle me confie résonne en moi, comment puis-je revenir à elle, l’accompagner dans son expérience « unique »? Lorsque j’ai envie de lui donner des conseils, de lui proposer une solution, est-ce que je suis chez elle, dans une démarche d’autonomie, ou est-ce que je suis chez moi, dans mon désir qu’elle adopte telle posture, telle solution? Si je tente de la rassurer, est-ce que je suis chez elle, à l’écoute de son angoisse, de son mal-être, de sa peine ou bien est-ce que je suis chez moi, dans ma peur d’entendre sa souffrance?
Comme nous pouvons le constater, ce n’est pas facile ni naturel de rester chez la personne que nous écoutons. Mais il existe un moyen pour nous aider à y parvenir : la reformulation, qui consiste à résumer dans nos mots ce que l’autre vient de dire.
La reformulation nous permet de rester centrés sur la personne et sur ce qu’elle nous a confié, ce qui est bénéfique pour elle aussi.
Prenons, par exemple si une personne qui nous dit : « Je n’aurais pas dû m’emporter et lui crier après, je m’en veux tellement… » Si nous demeurons chez elle et utilisons une reformulation telle que « Tu te sens coupable, tu aurais aimé réagir autrement », nous la rejoignons dans son expérience sensible en nommant et en accueillant son émotion. À l’inverse, si nous souhaitons la rassurer en lui disant « Ça arrive à tout le monde, tu étais fatiguée », en tassant ainsi son émotion, nous ne sommes plus chez elle, mais dans notre désir de passer vite à un état moins pénible. L’aidons-nous à aller au fond des choses à partir de sa propre réflexion ?
Accompagner la personne pas à pas avec une attitude compréhensive, une volonté de saisir ou de décoder son monde à elle, en utilisant la reformulation, lui permet de mieux s’écouter et non de nous écouter, nous.
Écouter en étant chez l’autre rendra la personne plus autonome, en lui permettant de suivre son propre cheminement. Alors, gardons toujours en tête cette question : lorsque j’écoute cette personne, est-ce que je suis chez moi ou chez elle?
Pour approfondir le rôle de l’écoute, vous pouvez lire le livre L’Art de l’écoute — Développez vos habiletés en relation d’aide, publié chez Septembre Éditeur : https://www.septembre.com/products/lart-de-lecoute.