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Ce texte est un extrait de la plus récente publication du CERIC D’une carrière militaire à un emploi civil : Guide de l’intervenant en développement de carrière 2e édition, par Yvonne Rodney.
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Si Kevin écrivait un manifeste, il serait audacieux et un peu sombre, mais l’histoire incarnerait la discipline, l’intégrité et l’excellence. Après avoir touché le fond, pour ainsi dire, ce sont ces valeurs qui sous-tendent aujourd’hui sa vie d’entrepreneur, de mari, de père et de citoyen. Sans oublier le soutien. Kevin est convaincu que la trame de sa vie serait très différente sans le soutien de sa femme et des personnes avec lesquelles il peut être totalement honnête.
La décision de Kevin de s’engager dans les FAC était d’ordre pratique : il n’avait pas obtenu son diplôme d’études secondaires et son beau-père, qui avait passé cinq ans dans l’armée, lui avait recommandé de le faire. Après vérification, il a découvert qu’en tant que sapeur de combat, il aurait le choix entre de nombreuses options dans les métiers militaires. À 18 ans, il s’est donc engagé. À l’âge de 19 ans, il a été déployé en Afghanistan, où il a appris à s’amuser en marchant 15 kilomètres par jour malgré la peur. Il a ensuite effectué une mission en Ukraine, mais après huit ans d’hypervigilance quotidienne, il a été diagnostiqué comme souffrant d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). À l’époque, son partenaire lui avait conseillé de demander de l’aide, mais comme un vrai soldat, il a tenu bon, déterminé à aller jusqu’au bout.
En 2018, Kevin a été démobilisé pour raisons médicales en raison de problèmes de gestion de la colère qui s’aggravaient. N’ayant pas terminé ses études secondaires, il ne savait pas quoi faire, et la nature du travail qu’il avait effectué pendant son service l’avait rendu si hypervigilant qu’il était devenu extrêmement dépressif et suicidaire, négligeant sa santé et son apparence. Effrayé à l’idée de sortir, il se sentait pris au piège. Alors, pour changer, Kevin a décidé de se laisser pousser la barbe. Cela ne s’est pas bien passé. La barbe a provoqué des démangeaisons, une sécheresse et une desquamation de sa peau. Incapables de trouver sur le marché des produits répondant à ce problème, lui et sa femme ont fini par créer leur propre entreprise de fabrication de produits respectueux de la peau.
« Prendre soin de mon apparence a eu un impact considérable sur ma santé mentale », explique Kevin.
La mise au point de produits destinés à aider les autres et la création d’un nouveau personnage « barbu » lui ont donné une raison d’être. Son entreprise est devenue l’une des premières entreprises appartenant à des vétérans à vendre des produits aux FAC, et ce en l’espace de six mois. Mais ce n’est pas tout. Kevin a formé une nouvelle communauté avec d’autres vétérans et d’anciens militaires. Cette communauté lui a donné une nouvelle mission et une nouvelle équipe. Ainsi, il a pu intégrer dans l’entreprise les uniformes, les compétences analytiques et la discipline – autant d’éléments appris dans l’armée. « Nous nous efforçons de nous améliorer dans notre travail. »
L’entreprise de Kevin a créé son propre programme d’ambassadeurs, une équipe construite sur le modèle de la structure militaire, mais avec une différence. « Nous sommes tous vulnérables. Mon rôle est de leur donner la permission d’être vulnérables. »
Il ne savait en effet pas que les compétences qu’il avait acquises dans l’armée pouvaient être transférées pour devenir entrepreneur. « Beaucoup de vétérans ne savent pas ce qu’ils ont », regrette-t-il. Pour lui, être à l’aise dans l’inconfort, garder l’esprit critique, accepter le stress et croire que l’on peut toujours trouver un moyen de surmonter les obstacles et d’accomplir le travail – tout cela est essentiel pour réussir en tant qu’entrepreneur. Ce sont également les meilleures leçons qu’il a apprises depuis la transition : « S’adapter et persévérer. Il existe un moyen de contourner le problème. Il faut juste être créatif. »
Kevin aimerait que les entrepreneurs vétérans bénéficient d’un soutien financier plus important. Bien qu’il existe des fonds pour les vétérans qui souhaitent faire des études, il pense que ceux qui, comme lui, ne sont pas doués pour les études n’ont pas accès (par l’intermédiaire de l’armée) à des fonds pour les aider à créer une entreprise.
Son conseil aux personnes en transition est le suivant :
- Tournez-vous vers un nouveau réseau de soutien – une équipe qui vous donnera de l’énergie et de l’autonomie.
- Soyez honnête avec les gens.
- Ayez dans votre entourage des personnes avec lesquelles vous pouvez avoir de vraies discussions sans jugement.
- Assurez-vous de ne pas avoir peur de demander de l’aide. « Je ne peux pas me soucier plus de toi que tu ne te soucies de toi-même. »
« Beaucoup de vétérans n’aiment pas qu’on leur dise « merci pour votre service » », note Kevin en guise de conclusion. « Il s’agit d’un signe de respect, mais cela les fait grimacer. C’était leur travail, alors soyez conscients qu’ils ne savent souvent pas comment réagir à cela. »
Et ces mots résument bien ce qu’il ressent : « Si j’avais été seul, sans ce soutien, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. »
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
