Getting your Trinity Audio player ready...
|
Les parents sont sortis des bancs de l’école il y a plusieurs années. Évidemment, ils ont encore des souvenirs de leur passage au secondaire ou au collégial. Toutefois, comme ils disent souvent, les choses ont changé, ils ne s’y retrouvent plus, ils ne comprennent plus le système. Ils sont encore plus mélangés si leur jeune souhaite étudier dans une voie qu’eux-mêmes n’ont pas connue. À ce contexte, s’ajoutent parfois les repères culturels qui ne sont plus les mêmes.
Les parents d’ici ou d’ailleurs doivent composer avec des informations qui ne sont plus justes telles que le taux d’employabilité par programme, le salaire par profession, les nouvelles formations ou encore l’évolution des métiers.
C’est un sacré défi que de se remettre à jour lorsqu’on n’est pas soi-même spécialiste en information scolaire et professionnelle. Le parent et l’élève sont vite noyés par la masse d’information et se demandent souvent par quoi commencer. Alors comment aider son jeune dans son orientation lorsque les repères économiques, sociaux et culturels ont changé?
Si la famille vient d’arriver, elle devra se familiariser avec son nouveau rôle de parents et d’élèves au Québec. Qu’est-ce que l’école attend de l’engagement des parents et des élèves? Comment doivent-ils se positionner ? Qu’est-ce que la famille peut attendre des intervenants scolaires? Lorsqu’on est nouvel arrivant, il faut se réapproprier ces nouveaux rôles sociaux. Au Québec, le ministère de l’Éducation définit cette relation par une collaboration école/famille. La participation du parent, québécois ou immigrant, dans l’éducation de son jeune est donc tout à fait légitime.
Pour une relation gagnante entre l’école et la famille, intervenants et parents devraient se rappeler que le rôle du parent et de l’école est différent selon la culture et le pays. Parler la même langue ne veut pas dire que l’on se comprend et que l’on partage le même cadre culturel. Les intervenants scolaires ne sont pas forcément formés à l’interculturalité et le parent va sûrement mettre beaucoup de temps à intégrer sa nouvelle réalité. Le parent ne devrait pas hésiter à demander ce qu’on attend de lui et poser des questions lorsqu’il ne comprend pas. De la même façon, l’intervenant ne devrait pas hésiter non plus à demander comment les choses fonctionnaient dans le pays d’origine du jeune.
Une des premières choses à faire pour tous les parents est de voir s’il est possible d’obtenir un rendez-vous avec un intervenant de l’école secondaire de leur ado.
Les parents pourraient rencontrer un conseiller d’orientation, un directeur d’école ou un directeur de niveau, par exemple. Ce premier rendez-vous les aidera à comprendre le système scolaire, le fonctionnement de l’école et surtout les dates importantes à ne pas manquer. Le meilleur outil sera un échéancier pour garder en tête les dates limites et les actions à poser. Que faut-il faire, et quand? Ainsi, ils pourront obtenir des informations sur l’envoi des bulletins de notes, les réunions pour les parents, les choix de cours, les admissions au cégep, les portes ouvertes des établissements scolaires, etc.
Si l’ado est déjà au cégep, il ne sera sûrement pas possible de s’entretenir avec un intervenant, les services étant réservés aux étudiants. Toutefois, plusieurs cégeps organisent des réunions avec les parents en début d’année scolaire pour démystifier le cégep, parler du rôle de parent et donner des conseils sur la transition secondaire-collégial. Et si le parent ne peut être présent pour cet événement, alors il peut visiter le cégep de son jeune à l’occasion des portes ouvertes ce qui lui permettra de mieux connaitre les services offerts.
En plus de l’aide apportée par l’école, plusieurs ressources peuvent soutenir les parents dans ce défi.
L’association des parents d’élèves peut être une bonne source d’information. Plus spécifiquement, les nouveaux arrivants peuvent se rapprocher de leur communauté déjà établie au Québec afin de créer des liens avec d’autres parents qui ont aussi été confrontés à l’orientation scolaire de leurs enfants dans une nouvelle culture. Fréquenter un organisme communautaire permettra aux parents d’avoir de l’aide sur leur recherche d’emploi, leur propre retour aux études. S’aider soi-même en comprenant le marché de l’emploi et de la formation au Québec, c’est en quelque sorte aider ses enfants. Ces réseaux seront l’occasion de retrouver un lien social qui a été perdu en quittant le pays d’origine. Enfin, l’association des parents d’élèves de l’école pourra aiguiller tous les parents.
La collecte d’informations à la source (écoles, cégeps, forums) ainsi que le soutien du réseau social sont de bonnes choses par lesquelles commencer. Pour mieux connaitre la réalité des métiers, avoir une meilleure représentation des conditions de travail, rien ne vaut l’entrevue avec un professionnel. Les réseaux amical, professionnel ou sportif, par exemple, peuvent servir de base de contacts pour répondre aux questions du jeune. Mais s’il n’y a pas de réseau parce que la famille vient d’arriver, alors il ne faudra pas hésiter à solliciter les organismes communautaires tels que les CJE, les maisons des familles, l’association des parents d’élèves, et même l’école qui propose parfois un programme de mentorat.
Au-delà de la collecte d’informations, du degré de connaissance du monde socio-économique, et quel que soit le pays d’origine de la famille, il est toujours important d’entamer une conversation sur le sujet avec son enfant. Le parent n’a pas besoin de bien connaitre le système scolaire pour soutenir son jeune dans sa prise de décisions. Et il sera important d’en discuter avec lui, car le laisser seul avec ses questions et ses doutes, d’autant plus si le Québec est nouveau pour lui, risque de créer beaucoup d’anxiété.
Enfin, rappelons-nous que la responsabilité de l’orientation ne repose pas uniquement sur les épaules du parent. L’élève doit aussi faire sa part et pourra consulter le conseiller d’orientation de son école, intégrer des clubs ou associations avec d’autres jeunes du même âge.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Référence :
Bennecib, Ingrid. (2022). Les quatre saisons de l’orientation: bien accompagner son ado vers son choix de carrière, Septembre éditeur.
Texte initialement publié le : 28 juin 2023