Quand le parent dit non…
Éducation

Quand le parent dit non…

Temps de lecture : 4 minutes

Travailler un projet d’orientation avec un jeune, c’est aussi parfois avoir le spectre du parent derrière les décisions de ce jeune. Tous les parents ne sont pas engagés de la même façon dans l’orientation de leurs enfants. Parmi ceux qui s’impliquent, certains vont approuver, valider ou pas, le projet du jeune. Certains feront part de leur avis à leur enfant, qui en parlera au conseiller d’orientation, alors que d’autres demanderont à rencontrer le C.O.. Ces derniers veulent comprendre le projet de leur enfant et savoir ce qui va se passer ensuite. Parfois, le parent n’est pas convaincu par le projet de son enfant, émet des doutes ou le refuse catégoriquement. Il vous est donc déjà arrivé d’entendre des phrases telles que : « Il ne fera pas d’études aussi longues », « Cette filière d’études est pour les marginaux », « Mais qu’est-ce qu’il va faire avec ce diplôme ? » ou « Ce n’est pas ce que nous envisagions pour lui. » 

De prime abord, on pourrait penser que le parent ne pense qu’à lui, à son confort personnel, qu’il ne veut pas le bien de son enfant, qu’il est égoïste et ne se met pas à la place du jeune. Or, derrière ces remarques, il peut y avoir de la peur. Des peurs pour son enfant qu’il faudra cerner pour aider le parent à se rassurer et, par le fait même, pour aider le jeune. Bien souvent, les parents veulent éviter à leur enfant ce qu’ils ont eux-mêmes vécu : détresse psychologique dans certains programmes, frustration, difficulté à trouver un emploi, précarité, etc. Leurs peurs sont légitimes et traduisent leur désir de protéger leur enfant. Derrière ces remarques et ces refus, il y a parfois un papa ou une maman qui s’inquiète, et qui peut éprouver une ou plusieurs peurs telles que : 

      • la peur que son enfant ne trouve pas de travail; 
      • la peur qu’il échoue dans ses études;  
      • la peur qu’il soit malheureux, qu’il souffre dans cette voie; 
      • la peur de ne pas pouvoir payer les études de son enfant et de le décevoir.  

Une fois la peur ou les peurs nommées, il faudra mettre des actions en place pour rassurer le parent, qu’il soit physiquement présent au bureau ou non.

Certes, la démarche d’orientation appartient au jeune, mais rassurer le parent, l’aider à mieux comprendre les informations, c’est aussi aider le jeune.

Nous le savons, dans un processus d’orientation, ils ont un rôle très important auprès de leurs enfants. Ils ne remplaceront pas le conseiller d’orientation, mais ils peuvent écouter, soutenir leurs jeunes et être un bon support de motivation.  

Ainsi, si un parent ne veut pas que son enfant s’oriente dans une voie parce qu’il n’y a pas de travail, et si la dynamique familiale s’y prête, il pourra le soutenir dans son enquête sur les débouchés, les salaires et les stages associés à la formation. Les parents ont aussi besoin d’informations concrètes et actualisées, mais donner des chiffres sur l’insertion professionnelle des finissants ne suffit pas toujours à les rassurer (ou rassurer un jeune). Le conseiller d’orientation pourra donner les ressources d’information et les guider dans l’exploration de leur environnement. Le parent pourrait, par exemple, aider son enfant à interroger un travailleur du domaine afin de savoir comment il a trouvé son emploi. Même si le taux de placement n’est pas très élevé, il y a toujours des personnes qui travaillent dans le secteur convoité. Il pourra l’aider dans sa réflexion concernant des stratégies possibles pour mieux se placer. Il pourra l’accompagner aux sessions de portes ouvertes des établissements de formations et discuter avec le personnel et les finissants.  

Bien souvent, les parents veulent éviter à leur enfant ce qu’ils ont eux-mêmes vécu : détresse psychologique dans certains programmes, frustration, difficulté à trouver un emploi, précarité, etc.
Également, si un parent a peur que son enfant ne soit pas à la bonne place dans un cursus scolaire, il pourrait visiter l’établissement avec celui-ci et discuter avec les autres élèves de ce qu’offre cette école. Le jeune pourra participer à élève/étudiant d’un jour ou jaser avec un étudiant du programme. Il pourra ainsi expliquer à ses parents quels sont les supports offerts aux étudiants, ou encore les activités qui l’intéressent dans sa nouvelle école. Il aura plus d’arguments pour convaincre ses parents. Le parent doit savoir que le projet de son enfant est ancré dans la réalité et qu’il a pensé à plusieurs plans d’actions possibles.  

En conclusion, il est assez anxiogène pour un parent de savoir que son enfant peut se retrouver sans projet ou emploi à la prochaine rentrée ou après avoir obtenu son diplôme. Savoir que son enfant a plusieurs plans possibles pour financer ses études, améliorer son insertion professionnelle, sa performance scolaire ou encore pour bien se sentir dans sa nouvelle école peut contribuer à rassurer le parent et à le rendre plus enclin à accepter le projet d’orientation. Il est donc important que le parent puisse aussi comprendre les informations liées à l’orientation de son enfant. Lorsque cela est possible, faire participer le parent au travail d’orientation de son enfant peut être un bon moyen d’ouvrir un espace de parole entre le jeune et son parent pour dépasser le refus de ce dernier.   

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.   

 

Référence : 

Bennecib, Ingrid. (2022). Les quatre saisons de l’orientation: bien accompagner son ado vers son choix de carrière, Septembre éditeur. 

Les quatre saisons de l'orientation

Ingrid Bennecib possède un diplôme en psychologie et est membre de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ). Depuis plusieurs années, elle accompagne les jeunes et les adultes dans la définition de leurs projets de formations ou de carrière. Elle a une expérience de travail dans des milieux variés tels que l’université, les agences de placement, le milieu scolaire ou encore le communautaire. Grâce à sa créativité, elle conçoit des outils et supports pédagogiques qui correspondent au profil de ses clients afin de les aider à mieux se connaître. Elle est l’auteure du livre : « les quatre saisons de l’orientation, bien accompagner son ado vers son choix de carrière », paru chez Septembre éditeur, en 2022.
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Ingrid Bennecib possède un diplôme en psychologie et est membre de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ). Depuis plusieurs années, elle accompagne les jeunes et les adultes dans la définition de leurs projets de formations ou de carrière. Elle a une expérience de travail dans des milieux variés tels que l’université, les agences de placement, le milieu scolaire ou encore le communautaire. Grâce à sa créativité, elle conçoit des outils et supports pédagogiques qui correspondent au profil de ses clients afin de les aider à mieux se connaître. Elle est l’auteure du livre : « les quatre saisons de l’orientation, bien accompagner son ado vers son choix de carrière », paru chez Septembre éditeur, en 2022.
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