Éducation

Réussite scolaire : les croyances qui conditionnent notre réalité

Temps de lecture : 4 minutesLes travaux remarquables de Thérèse Bouffard, chercheure au département de psychologie de l’UQAM, montrent que les élèvent qui croient en leur capacité de réussir sont en fait ceux qui réussissent.  Ses recherches démontrent qu’il est possible que deux élèves ayant la même capacité intellectuelle et la même facilité naturelle à apprendre aient des expériences scolaires très différentes.  Le premier échouera à ses cours et finira par abandonner l’école parce qu’il n’a pas confiance en sa capacité de réussir.  Le second, qui au contraire croit en sa capacité, poursuivra ses études avec succès. Mieux encore, un élève peu doué, mais plein de confiance en ses capacités pourra mieux réussir qu’un élève ayant plus de capacités intellectuelles, mais dépourvu de cette confiance.

Le sentiment d’efficacité personnelle ou sentiment de compétence

Le sentiment d’efficacité personnelle réfère à la façon dont une personne évalue sa capacité à effectuer avec succès ses tâches et ses apprentissages.  Il peut s’agir de tâches scolaires bien sûr, mais aussi de toute autre tâche ou apprentissage : domestique, récréative, sociale, professionnelle.  Lorsque je rencontre quelqu’un motivé par un objectif, il démontre de l’enthousiasme, car il est convaincu d’y arriver s’il entreprend les actions requises.  Au contraire, une personne qui se croit incapable ou qui doute de sa capacité à atteindre une cible, perd rapidement de l’intérêt envers l’objectif.  Elle se met alors à la recherche d’un nouveau but, puis d’un autre encore, jusqu’à ce qu’elle puisse associer à l’objectif une dimension atteignable, même si dans les faits, elle a tout ce qu’il faut pour réussir.

Croyances et réussite

Le sentiment d’efficacité personnelle est un fondement de la motivation.  Et celle-ci est un vrai gage de réussite, peu importe les capacités réelles d’une personne.  En fait, la motivation est fondée sur le sentiment que l’on a de sa compétence.  Une personne qui se sent compétente est habitée de pensées nourrissantes en lien avec la tâche ou l’action visée.  Ces pensées-sentiments forment une croyance, un ancrage positif qui conduit à un lot de résultats positifs envers les tâches à accomplir.  Au contraire, si les pensées-sentiments sont nourris par le doute ou le dénigrement, cette croyance engendrera son lot de résistances et de répercussions improductives.  La motivation est donc le résultat de « pensées-sentiments », sans lien nécessaire avec les capacités connues ou réelles.  Ainsi, parmi ceux qui réussissent, nombreux sont ceux qui se croient meilleurs qu’ils ne le sont.

Étude sur les décrocheurs
Selon les travaux de madame Bouffard, les décrocheurs scolaires seraient donc surtout ceux qui croient que, quels que soient leurs efforts, ils ne réussiront jamais à l’école.  Personne n’est venu au monde avec le sentiment de sa propre compétence et de sa capacité à réussir.
On l’apprend des autres, particulièrement de nos parents et de nos professeurs ou entraîneurs.  Par exemple, lorsqu’on complimente nos jeunes pour leurs réussites, ils apprennent qu’il leur est possible d’atteindre les objectifs qu’ils se donnent.  Souvent, comme parent, on a le compliment facile dans la petite enfance alors que les apprentissages sont très observables, quantifiables, successifs et évolutifs.  Bravo pour avoir bien lavé tes mains!  Pour avoir bien mangé!  Félicitations, tu as réussi tout seul à vélo!  Et ainsi de suite…  Dans la petite enfance, il y a eu une variété de moments remplies de bravos.

Arroser l’adolescence avec des renforcements positifs 

Arrivé à l’adolescence, il est facile comme parent, de tomber dans le piège qui consiste à arroser les mauvaises herbes au lieu des fleurs.  Néanmoins, les exclamations suivantes demeurent encore de mise et surtout, toujours efficaces :  Je suis fière de toi!  C’est vraiment bien.  Ça me rend heureuse.  Je savais que tu y arriverais!  Tu as fait un travail excellent.  C’est toute une amélioration!  A te regarder faire, ça semble facile!  Tu apprends vite!  C’est mieux que jamais!  Merci de ne pas avoir oublié!  Félicitations!

Rester présent, confiant et … encourageant

L’énergie du jeune à l’adolescence, cumulé à la variation dynamique des taux d’hormones, peuvent parfois refroidir certains parents.  Ceci peut conduire à ignorer les réussites ou les considérer comme allant de soi. Le moindre petit échec est, au contraire, facilement réprimandé.

Je crois sincèrement que plus on est informé sur la réalité de cette tranche de vie importante de notre jeune, plus on arrive à mieux tolérer certaines de ses réactions ou comportements.  Et lorsqu’on se remet à le complimenter sur différentes petites choses :   son habillement, sa coiffure, ses derniers achats, etc., plus on se met en piste vers de plus grands compliments :  ses choix d’amitiés, ses options scolaires, son choix d’orientation, son choix d’appartement et tous ses grands engagements qu’il n’hésitera jamais à vous partager s’il sait profondément qu’à chaque fois, vous savez l’encourager.

Le sentiment d’efficacité personnelle chez l’adulte

Modifier ce sentiment relève de l’éducation et de la thérapie.  Développer ce sentiment de compétence peut améliorer le succès, augmenter la confiance en soi, et le goût de s’attaquer à de nouveaux projets.  Le sentiment de compétence est donc une variable particulièrement importante du fonctionnement humain. Il est un facteur clé de la motivation à apprendre, tant au plan académique que professionnel.  Il conditionne aussi les états affectifs face aux défis de la vie quotidienne, sociale, professionnelle.  Lorsqu’on n’a pas reçu l’aide nécessaire pour le développer étant plus jeune, il n’est pas trop tard pour s’y mettre.  Transformer ses croyances, c’est tout à fait possible et même nécessaire à une vie satisfaisante et épanouie.  Et comme ça fait toujours beaucoup de bien de prendre soin de soi, n’hésitez pas à transformer tout ce qui limite vos possibilités.

Références

Bouffard, Thérèse, La clé de la motivation scolaire, Télé Québec, 2011

https://www.youtube.com/watch?v=FsXtXkBJzIA

Dionne, Marie-Sylvie (2011).  Le défi d’orientation :  guide du parent zen, Éditions Parachute Carrière.

Cet article est paru à l’origine sur le site Orientaction.ca le 15 janvier 2018.

Marie-Sylvie Dionne est andragogue et conseillère d’orientation chez Parachute Carrière. Elle a développé une approche clinique auprès d’une clientèle diversifiée : accidentés de la route et du travail, victimes d’actes criminels, adultes en épuisement professionnel ou en transition de carrière et jeunes en quête d’un projet professionnel. Madame Dionne cumule plus de 25 ans d’expérience en tant que consultante organisationnelle auprès d’une variété d’entreprises confrontées à des rationalisations d’effectifs. Elle a dirigé une entreprise de conseillers en relations industrielles et présidé plus de 50 comités de reclassement et d’aide à l’adaptation des travailleurs issus de 12 secteurs économiques du Québec. Conférencière et chargée de cours à l’université puis au niveau collégial durant 10 ans, madame Dionne est l’auteure de plusieurs ouvrages ou outils. Blogueuse au Huffington Post depuis 2014, elle a créé la MEIP (méthode entrepreneuriale d’insertion professionnelle) et lancé en 2017 Kitdecoaching.com, un site d’outils pratiques pour optimiser l’intervention auprès des clients.
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Marie-Sylvie Dionne est andragogue et conseillère d’orientation chez Parachute Carrière. Elle a développé une approche clinique auprès d’une clientèle diversifiée : accidentés de la route et du travail, victimes d’actes criminels, adultes en épuisement professionnel ou en transition de carrière et jeunes en quête d’un projet professionnel. Madame Dionne cumule plus de 25 ans d’expérience en tant que consultante organisationnelle auprès d’une variété d’entreprises confrontées à des rationalisations d’effectifs. Elle a dirigé une entreprise de conseillers en relations industrielles et présidé plus de 50 comités de reclassement et d’aide à l’adaptation des travailleurs issus de 12 secteurs économiques du Québec. Conférencière et chargée de cours à l’université puis au niveau collégial durant 10 ans, madame Dionne est l’auteure de plusieurs ouvrages ou outils. Blogueuse au Huffington Post depuis 2014, elle a créé la MEIP (méthode entrepreneuriale d’insertion professionnelle) et lancé en 2017 Kitdecoaching.com, un site d’outils pratiques pour optimiser l’intervention auprès des clients.
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