Le développement de carrière des NEEF
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Le développement de carrière des NEEF

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Au cours des derniermois, les moins de 30 ans qui ne sont ni en emploi, ni à l’école, ni en formation (NEEF) ont beaucoup attiré l’attention. C’est 750 000 Canadiens dans la fleur de l’âge qui ne « participent pas au développement économique » alors que le pays est en pénurie de maind’œuvre et que des entreprises ferment faute de travailleurs.1 

Afin de mieux définir les NEEF, Statistique Canada les divise en 6 catégories, et ce, selon leur historique des 12 derniers mois : Aller à l’école (26,5 %); Travail (26,1 %); S’occuper des enfants (14,4 %); Maladie ou incapacité (11,5 %); À la recherche de travail rémunéré (8,2 %); Autres activités (13,3 %)2 

De l’ensemble, 65,5 % ne sont pas à la recherche d’un emploi, c’est une proportion importante que l’on peut analyser de plusieurs façons considérant qu’ils ont tous une histoire de vie différente pour les mener dans cette situation. De plus, la présentation de la population NEEF peut justifier les services au niveau du développement de carrière pour l’ensemble de la population, car les intervenants spécialisés en développement de carrière ont un rôle à jouer dans la prévision du « décrochage professionnel ». 

Cependant, c’est un diagnostic trop simple sur un contexte dont on ne sait encore trop peu. En effet, ce manque d’information est en partie structurel étant donné que notre contact avec les NEEF est très variable. 

Avec ce manque de statistiques, nous pouvons tout de même commencer une réflexion sur cette population. Voici deux exemples fictifs pour l’exercice.

Voyageur 

Abordons le cas d’une personne de 24 ans qui est présentement en voyage en Asie pendant une ou deux années sabbatiques. Cette personne peut faire partie des 6 catégories de NEEF; ne recherche pas de travail et peu de plans d’intégration au marché du travail auront un impact pour les prochains mois. De plus, selon le témoignage de deux personnes de moins de 30 ans à l’émission Banc Public, ce genre d’expérience permet de mieux définir nos valeurs individuelles et comment l’on veut s’impliquer d’un point de vue professionnel et social.3 

Léthargique 

L’autre cas extrême, c’est la personne qui a abandonné soit le travail ou le milieu scolaire à la suite d’un désintérêt du fond et/ou de la forme de ceux-ci. Dans ce cas, entrer en contact avec cette personne peut être difficile étant donné son rejet des milieux institutionnels. Ce rejet peut avoir plusieurs sources dont le sentiment d’échec face à ces difficultés ou l’abandon lui-même. 

Dans ce contexte, doit-on se rappeler que le désintérêt a une valeur, car il présente en soi certains intérêts4 Doit-on également repenser à nos méthodes et à l’objectif de nos organisations? C’est l’un des constats de Peter J. Robertson qui suggère que d’avoir en perspective les NEEF comme une future ressource humaine est problématique. En effet, il est préférable de mettre de l’avant une vision de justice sociale afin de concevoir et d’implémenter un style de vie significatif pour la personne.5 

Bref, les NEEF constituent un groupe hétérogène dont les besoins, les historiques et les choix d’avenir sont plus qu’incertains. Les outils d’intervention des professionnels du développement de carrière peuvent-être pertinents s’ils sont utilisés dans une perspective globale de l’accompagnement. Ajoutons que la réflexion doit également se faire sur nos missions et nos objectifs. Si nos politiques sociales s’intéressent principalement à l’intégration professionnelle de nos jeuneson peut facilement se désintéresser des autres sphères de leur vie. 

 

[1] Isabelle Dubé, « Pénurie de main d’oeuvre: 750 000 jeunes se tournent les pouces », La Presse, 22 juillet 2019, 000, https://www.lapresse.ca/affaires/economie/201907/21/01-5234665-penurie-de-main-doeuvre-750-000-jeunes-se-tournent-les-pouces.php.

[2] Statistique Canada Gouvernement du Canada, « Les jeunes ni en emploi, ni aux études, ni en formation : qu’ont-ils fait au cours des 12 derniers mois? », 13 février 2019, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/71-222-x/71-222-x2019001-fra.htm.

[3] « Jeunes mères sous pression; Étudiants en sabbatique; Edem Amegbo, maraîcher togolais », Banc public, consulté le 5 septembre 2019, http://bancpublic.telequebec.tv/emissions/emission-49/jeunes-meres-sous-pression-etudiants-en-sabbatique-edem-amegbo-maraicher-togolais.

[4] Louis Cournoyer et Lise Lachance, L’ado en mode décision: sept profils pour comprendre et aider son choix de carrière (Québec (Québec): Septembre Éditeur, 2018).

[5] Peter J. Robertson, « Identifying and Measuring Capabilities for Career Development in NEET Young People », Recherches Sociologiques et Anthropologiques 47, no 47‑2 (31 décembre 2016): 83‑99, https://doi.org/10.4000/rsa.1738.

Etienne Légaré diplômé en développement de carrière, il a travaillé en intervention auprès de personnes en situation de handicap et de personnes qui ont subi des accidents de travail. Il a ensuite été gestionnaire de projets pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap dans les régions de l’Estrie, du Centre du Québec, de l’Outaouais et de Lanaudière. Étienne Légaré est trésorier du conseil d’administration de l’Association Québécoise des Professionnels du Développement De Carrière.
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Etienne Légaré diplômé en développement de carrière, il a travaillé en intervention auprès de personnes en situation de handicap et de personnes qui ont subi des accidents de travail. Il a ensuite été gestionnaire de projets pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap dans les régions de l’Estrie, du Centre du Québec, de l’Outaouais et de Lanaudière. Étienne Légaré est trésorier du conseil d’administration de l’Association Québécoise des Professionnels du Développement De Carrière.
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