Les difficultés qu’une personne rencontre lorsqu’il s’agit de prendre une décision, dans sa vie personnelle ou professionnelle, ne se situent pas toujours dans son environnement extérieur mais bien souvent dans son expérience intérieure, c’est-à-dire notamment dans ses pensées. Car la plupart du temps, nous vivons dans notre tête qui fonctionne sans répit, nourrie de tout ce que nous avons vécu depuis notre naissance.
Un océan dans ma tête
Si je compare ma tête à un océan, des vagues, petites ou grandes y naissent constamment selon les situations vécues, les personnes impliquées et selon le contexte. Elle s’active plus intensément encore lorsque je suis confrontée à prendre une décision qui peut, parfois ou même souvent, provoquer un inconfort, que cette décision soit majeure – Dois-je quitter mon emploi? Devrais-je divorcer? – ou qu’elle ne soit que mineure – Où irais-je en vacances? Quel menu choisir pour mes invités? Bien sûr, toute décision m’amène à renoncer à certaines options. On ne peut pas tout avoir! Cependant certains choix peuvent aussi être faits pour éviter l’anxiété qui leur est rattachée, par exemple : « Je ne postulerai pas, je ne suis pas à la hauteur » ou encore « Personne n’acceptera de me rencontrer, je suis ennuyeuse. »
Alors comment me donner une vie riche et pleine de sens si ma tête me freine ou si elle me paralyse ?
Surfer pour décider
Quand tout se bouscule, je fais appel à la pleine conscience pour surfer sur mes vagues intérieures. En voici d’abord une définition simple que j’emprunte à Jon Kabat-Zinn 1: « La pleine conscience signifie être attentif d’une manière particulière : délibérément, dans le moment présent et sans jugement. »
Voyons plus précisément ce que cela signifie. Être attentif – c’est-à-dire porter attention à ce qui se passe – d’une manière particulière – ce que je pense, ce que je ressens – délibérément – bravement, volontairement – dans le moment présent – ici et maintenant, moment après moment – et sans jugement – de façon factuelle sans me critiquer ou critiquer les autres.
Si je prends conscience qu’un inconfort montre le bout de son nez, et qu’alors je me centre sur le moment présent, il y a plus de chances que j’évite de me préoccuper exagérément du futur ou de ruminer le passé. Être davantage conscient de ce qui se passe ici et maintenant contribue à me guider vers mes valeurs puisque, si je ne me sens pas bien, il y a quelque chose d’important pour moi dans ce qui se passe, sinon cela m’indifférerait totalement.
Alors quand une vague me happe et que je n’arrive plus à considérer mes pensées pour ce qu’elles sont vraiment : des pensées, et non la réalité, il est aidant d’observer en pleine conscience.
Puis, une fois connectée au moment présent et consciente de ce que ma tête me fait vivre, je peux prendre une distance face à elles. Puisque je ne peux arrêter ma tête de penser, je peux toutefois observer mes pensées pour ce qu’elles sont, des pensées.
Une façon d’être
Si je résume cet article à quelques étapes pour prendre ma décision, les voici. Je clarifie d’abord ce qui est important pour moi, ce qui donne un sens à ma vie, soit sur le plan personnel ou professionnel. Puis j’identifie les pensées qui se présentent et qui freinent ma décision pour enfin choisir soit de me laisser happer par les vagues ou de surfer sur elles à l’aide de la pleine conscience, moment après moment.
Ainsi, en devenant de plus en plus experte à observer cette lutte incessante contre mes pensées désagréables, je m’outille davantage. J’observe en pleine conscience, j’évite le ressac, je choisis et j’ose. En fait, j’apprends à surfer sur les vagues que je rencontre tout au long de mon existence pour me donner une vie satisfaisante! Et comme la pleine conscience est efficace, pour moi, dans le contexte de prise de décision, c’est également une intervention que j’utilise avec mes clients à qui je l’enseigne.
[1] Créateur du programme MBSR pour la réduction du stress.