Dans un premier blogue paru à l’automne 2018, j’abordais l’exploration de l’accompagnement à distance en orientation dans la pratique des conseillers en développement de carrière et en orientation. Je soulignais que malgré le fait que les intervenants en orientation ont été parmi les premiers praticiens dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines à utiliser et intégrer les technologies du numérique (principalement pour des fins de diffusion d’information), peu de conseillers s’étaient activement engagés dans l’accompagnement à distance. Dans ce blogue, je continue cette réflexion, mais en l’entretenant par le biais de la dimension déontologique de l’accompagnement à distance. J’aborderai la responsabilité de l’intervenant à se tenir à jour dans sa pratique, la protection des renseignements personnels et la pratique du développement de carrière et de l’orientation au-delà des frontières habituelles d’intervention du conseiller.
Disons d’emblée que nos collègues américains ont une longueur d’avance sur nous au Canada, dans la réflexion déontologique portant sur l’accompagnement à distance. Les principales associations américaines dans le domaine du développement de carrière et du counseling, notamment la National Career Development Association (NCDA) et l’American Counseling Association (ACA) ont ajouté dès la fin des années 90, une section à leur code d’éthique respectif de manière à aborder la question de l’intervention à distance et de l’utilisation des technologies dans l’intervention. L’Association canadienne de counseling et de psychothérapie (ACCP) vient récemment de lancer un guide portant sur l’utilisation des technologies en counseling et l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec est en voie de le faire. Mes propos aujourd’hui sont principalement inspirés des codes d’éthique de la NCDA et de l’ACA.
D’entrée de jeu, on reconnaît que l’exercice du développement de carrière ne se limite plus à des entretiens en personne, en face à face. D’un point de vue déontologique, on part du principe que le conseiller a la responsabilité de s’informer, de se former à l’intégration grandissante des technologies de l’information (TIC) dans sa pratique afin de mieux servir ses clients. Cette intégration des TIC à sa pratique s’accompagne également d’une réflexion sur les défis que cela peut amener au niveau de la confidentialité des conversations entre la conseillère et le client, et la protection des renseignements. Le conseiller a une responsabilité d’expliquer les avantages et les désavantages de l’utilisation des TIC et/ou de l’accompagnement à distance et d’informer le client des mesures qui ont été prises pour protéger les informations personnelles. Généralement ce type d’explication pourrait se retrouver dans un formulaire de consentement éclairé. On pourrait par exemple informer le client des méthodes d’encryptage et d’entreposage des données.
S’il y a des doutes quant à la protection des renseignements, il est du devoir du conseiller d’en informer le client.
L’intervention à distance peut amener à se poser des questions au niveau d’une pratique qui va aller au-delà des frontières du lieu de résidence du conseiller, en particulier si votre profession est réglementée, comme c’est le cas pour les conseillers d’orientation du Québec. La question se pose afin de déterminer si l’assurance responsabilité du conseiller couvre l’exercice de la profession au-delà de la frontière où le permis de pratique s’applique.
En conclusion, l’accompagnement à distance en développement de carrière et en orientation est une modalité que l’on devrait voir de plus en plus apparaître dans nos pratiques. Toutefois prenons quelques instants pour le planifier à partir d’une réflexion d’ordre déontologique!
Références :
American Counseling Association (2014). ACA Code of Ethics. Récupéré sur Internet le 25 avril 2017 sur le site: http://www.counseling.org/docs/ethics/2014-aca-code-of- ethics.pdf?sfvrsn=4
National Career Development Association (2015). NCDA Code of ethics. Récupéré sur Internet le 11 mars 2017 sur le site : http://ncda.org/aws/NCDA/asset_manager/get_file/3395
Ce texte a été publié initialement sur OrientAction le 13 mai 2019.