Je pense, donc je suis. (René Descartes, 1596-1650)
Détailler notre but, mettre au jour nos ressources, calculer les écarts, prévoir un plan B, un plan C, et planifier chacune des étapes pour l’atteindre, est une méthode logique pour satisfaire nos besoins et effectuer des modifications dans une direction voulue. Les conseillers connaissent l’importance cruciale des stratégies. En effet, sans stratégies tangibles, comment orienter l’action? Dans ces courts billets, je partage quelques stupéfiantes techniques (re)découvertes à l’occasion de ma quête de réponses à : Comment se fait-on du bien depuis 6000 ans, sans comprendre comment ça marche? Mes précédents billets abordaient le recadrage selon Épictète, l’accompagnement à faire face selon Marc-Aurèle. Cette fois-ci, c’est la méthode de Descartes qui s’invite.
On ne peut se passer d’une méthode pour se mettre en quête de la vérité des choses. (Descartes)
En quoi est-ce que Le discours de la méthode de Descartes (1637) est utile pour favoriser l’expression et la réalisation de ses rêves, par un client? Les buts sont l’expression tangible des aspirations du client. Or l’atteinte des buts dépend en partie des stratégies pour les réaliser, et nous devons ces étapes à Descartes; sa méthode apporte de l’ordre et divise le travail en étapes. Remontons le temps.
Descartes : la méthode comme acte volontaire d’achever
On peut dire que c’est Descartes qui a clairement décrit la méthode (déterminer les objectifs à atteindre et fixer les termes du choix à opérer). Pour Descartes, il faut d’abord réfléchir à ce que l’on souhaite, et en amont, avoir pris conscience de soi.
Cogito ergo sum! (René Descartes, 1596-1650)
Coaching orienté solutions (COS)
Pour l’essentiel, retenons qu’en COS la construction de solutions prime sur l’analyse des problèmes. Ainsi, au cours d’une séance, le conseiller met l’accent sur le développement du potentiel du client et la recherche de solutions concrètes et adaptées à chaque individu. Les résultats souhaités sont obtenus grâce à un parcours jalonné d’étapes réalisables et enrichissantes construites au sein de la collaboration (coach-client). Le COS est un accompagnement humaniste qui aide les personnes à atteindre leur objectif en prenant les commandes et en expérimentant leurs capacités d’action.
Parler de problèmes crée plus de problèmes. Parler de solutions crée les solutions. (Steve de Shazer)
Pour la petite histoire, le COS est une méthode qui découle des travaux de l’Américain Steve de Shazer, dans les années 1970, et que le COS complète avec certains outils de la programmation neurolinguistique (PNL) – cette approche créée par John Grinder et Richard Bandler dans les années 1970. Essentiellement, pour de Shazer, les solutions doivent se trouver dans les clés plutôt que dans les serrures… et le simple fait que le problème présenté par le client soit compliqué n’entraîne pas que la solution doive l’être également. En résumé, l’approche orientée sur les solutions repose sur le principe que : revenir sans fin sur l’analyse des problèmes risque de ne conduire qu’à « plus de la même chose », alors que se centrer sur les solutions fait s’ouvrir les portes. Créatif et on aime!
Protocole simplifié
L’approche orientée vers les solutions est une méthode de résolution de problèmes efficace, qui contribue à transformer nos rêves en réalité, avec une feuille de papier et un crayon. La méthode peut se résumer en trois étapes : 1- Dessiner son rêve, 2- Se faire confiance pour le réaliser, 3- Le réaliser… sans glisser dans la procrastination!
Exemple : Jade
Nous en avons tous, des rêves : rencontrer l’âme sœur, faire un tour du monde, trouver un meilleur travail, partir à son compte… Jade poursuit l’ensemble de ces rêves! En effet, avec la pandémie, son employeur a fait faillite et le confinement a fait voler en éclats son couple. Quant au projet d’un tour du monde, Jade n’en parle plus.
Étape 1 : Dessiner son rêve.
Connaître notre point de départ et mettre une image sur notre situation désirée. Supposons qu’un miracle se produise… Tu vois quoi? Tu ressens quoi? |
Jade : J’aimais la billetterie, or j’en avais fait le tour. Quant à Louis, Minet le détestait! C’est O.K. qu’il soit parti. Faut que je travaille, ça urge. Mon rêve? C’est gênant! J’ai une maîtrise en littérature qui ne sert pas. Mon rêve? Je me vois chez l’éditeur X, j’accompagne les auteurs qui peinent avec les corrections. Je me vois! |
Étape 2 : Se faire confiance pour réaliser son rêve.
Métaphore : Technique de l’échelle Quelles capacités, quels acquis, quelles forces justifient ce niveau sur l’échelle? Quelles stratégies pour affronter les obstacles? Les options? |
Jade : Mes stratégies? Je suis à 3 (sur 10) de mon rêve. Mon rêve est à 10, en haut de l’échelle. Des ressources? Oui, j’en ai : mes études, mon écoute, mon efficacité, ma rigueur. En réfléchissant, je suis plutôt à 6 sur l’échelle, j’ai des ressources, du potentiel. |
Étape 3 : Le réaliser.
Saisir et créer les occasions pour passer à l’action. Quel serait le plus petit changement possible à réaliser? Et le suivant? Quelles actions concrètes, pour gravir un autre échelon de l’échelle? Quel plan et étapes sont réalisables? Quoi d’autre? Quand? Danger de procrastination! |
Jade : J’ai noté une multitude d’actions concrètes à entreprendre pour réaliser mon rêve : des sites à explorer, des personnes à contacter, mon site à mettre à jour en m’inspirant des personnes que j’admire! Je me vois tellement!
Est-ce le bon moment? |
Conclusion
Gravir pas à pas l’échelle menant à notre rêve, ce n’est surtout pas attendre sans rien faire que la chance nous tombe dessus. Comme Descartes l’enseignait (Je pense, donc je suis.) : j’ai conscience, j’exerce ma volonté, j’applique une méthode pour parcourir la chaîne de raisons et permettre à mon esprit de me représenter ma vérité, clairement, distinctement. Et si je me trompe? Descartes voyait dans la possibilité de l’erreur l’exercice du libre arbitre; soit cette faculté de la volonté à opérer un choix en toute liberté. Hélas, que de rêves évanouis par peur de se tromper!
La pire erreur à commettre, au terme d’un COS, est de remettre à plus tard, quand ça sera le bon moment. En effet, rien ne changera si Jade n’agit pas. Et si elle faisait fausse route avec son rêve? Elle pourrait revoir son rêve, repenser ses premiers pas, et les petits pas suivants menant vers le sommet de son échelle à elle, consciente d’agir pour créer cet avenir dont elle rêve, et s’écrier, tel l’éclectique Oscar Wilde : « J’aime mieux avoir des remords que des regrets! »
Références principales
- Cavanagh, M. & Grant, A. (2010). The Solution-focused Approach to Coaching, p. 54-68, dans E. Cox et al.: The Complete Handbook of Coaching. USA: Sage.
- De Shazer, S. (2002). Clés et solutions en thérapie brève. France : SATAS, 217 p.
- Descartes, R. (1637). Le discours de la méthode. Les classiques des sciences sociales.
- d’Ortun, F. (2016). Comment on se fait du bien depuis 6000 ans sans comprendre comment ça marche. Manuel scientifique.
- d’Ortun, F. (2016). Relation d’aide. Documentation du cours enseigné à l’université.
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