LE HÉROS ET SA MISSION DOIVENT VAINCRE L’INATTENDU
La démarche d’intervention que je préconise depuis les dernières années pour la réussite d’un RAE inclut les revirements de situation et les ajustements, mais n’entrevoit pas nécessairement les effets d’une pandémie. Pourtant l’incidence de la COVID-19 sur le projet d’un RAE peut influencer les prises de décision et aussi l’accomplissement et même l’aboutissement du projet.
D’emblée, divers scénarios peuvent être vécus : partons du fait que la situation ciblée dans cet article sera celle d’un projet de RAE établi avant l’annonce de la pandémie et déjà amorcé avant le confinement. Ainsi, nous pourrons faire ressortir les contrecoups de manière plus spécifique et aussi les pistes de solution à proposer aux élèves qui viendront vous partager leurs difficultés et leurs remises en question.
LA RÉSILIENCE : un concept utile
Dans les situations les plus contrariantes où la motivation peut être affaiblie et la persévérance court-circuitée par de mauvaises nouvelles, des échecs ou encore des difficultés financières ou familiales, la résilience peut devenir un élément de succès. La relation entre les facteurs de risque (la conciliation étude-travail-famille, les tâches ménagères, un déménagement, etc.) et les facteurs de protection (les ressources financières, la santé, les collègues de classe, etc.) font alors la différence dans la capacité de rebondir et de faire face à l’adversité. Dans le contexte où les cours sont momentanément interrompus ou offerts en mode à distance plutôt qu’en présence, il s’agit d’un revirement de situation qui peut tourner au cauchemar même pour les plus optimistes.
La durée des études est souvent un enjeu au moment de prendre la décision de retourner sur les bancs d’école. Si la durée est prolongée involontairement par des circonstances qui étaient imprévisibles, il est certain que les conséquences seront perçues comme négatives ou du moins déstabilisantes. À cet égard, les facteurs de protection viennent faire une différence dans la tolérance et surtout l’adaptation au changement.
Pour être flexible et résilient dans ce contexte, il peut être important d’identifier les facteurs de risque et de protection qui peuvent avoir une incidence sur le RAE.
Que vous soyez intervenant ou étudiant, vous pouvez utiliser un simple tableau à deux colonnes avec l’inscription, d’un côté, des facteurs de protection ou éléments positifs qui contribuent à soutenir le RAE malgré la pandémie et de l’autre côté, les facteurs de risque ou les « pièges » dans lesquels il ne faut pas tomber. Ainsi, vous pourrez prendre conscience des moyens à mettre en place pour renforcir votre résilience.
LE TEMPS : au-delà des échéanciers
En raison des obligations familiales ou personnelles, la plupart des personnes souhaitent que le RAE se fasse sur une période limitée afin d’accéder au marché du travail le plus rapidement possible. Cependant, dans un contexte où l’économie a été complètement chamboulée par le confinement, les conséquences sur le taux de chômage et les débouchés professionnels se font sentir et peuvent créer des inquiétudes. Dans cette perspective, il est raisonnable de s’informer convenablement des effets sur le secteur d’activité où le RAE se réalise et aussi de prendre en considération le fait que d’ici à ce que le diplôme soit obtenu d’autres changements pourraient survenir ou de bonnes nouvelles pourraient être annoncées.
Pendant ce temps, il est préférable de se concentrer et de mettre son énergie sur les travaux à réaliser, sur les questions à poser aux enseignants pour comprendre les notions plus abstraites ou plus difficiles et aussi sur la planification des devoirs et l’étude à faire. Avant tout, il faut essayer de demeurer positif quant au choix de programme effectué et se rappeler pour quelles raisons le choix avait été fait puisqu’avec les nouvelles façons de faire, la pédagogie des enseignants qui n’est pas toujours au point ou encore pire, les outils technologiques moins accessibles et la solitude ressentie par l’isolement du chacun chez soi, les personnes faisant un RAE peuvent avoir oublié les motivations du départ qui les ont amenées à la décision d’effectuer ce dit RAE.
LES ÉMOTIONS : y porter attention
Lorsque l’incertitude et l’imprévu surgissent, il peut y avoir un peu plus de vulnérabilité au stress, à la peur et au doute. Si tel est le cas, il se peut que la peur d’échouer ou l’anxiété de performance soient amplifiées. Pour certains, le fait d’être à distance les rebutent à ce point où ils n’osent pas poser de questions et passer des commentaires pendant les cours. Cette situation peut augmenter les problèmes de compréhension de la matière qui s’accumulent et deviennent un obstacle significatif lors de l’étude. Le « héros », au centre de son histoire, doit réévaluer les moyens qu’il se donne pour accomplir sa mission. Il est important alors de rassembler ses forces et d’identifier ses ressources. Même si les collègues et les enseignants sont à distance, ils sont là et peuvent contribuer à la motivation scolaire et à la compréhension de la matière. Il peut être intéressant de préciser avec l’enseignant le type d’examen dont il sera question, si ce n’est pas déjà fait, pour mieux cibler la préparation nécessaire à celui-ci.
Si le stress persiste, il est très utile de rencontrer les ressources de l’école pouvant vous écouter et vous aider dans ce que vous vivez. Vos proches sont peut-être déjà très préoccupés par leurs propres difficultés ou défis et, par conséquent, ils pourraient ne pas être d’un bon soutien et d’un grand réconfort comme ils auraient pu l’être avant la pandémie. Ce qui demeure alors important, c’est la communication de vos inquiétudes et surtout des actions que vous tentez de mettre de l’avant, tant bien que mal, pour accomplir votre RAE. Il peut être intéressant de consacrer du temps à vos proches pour comprendre ce qu’ils vivent aussi de leur côté dans ce contexte de pandémie, car ils demeurent, avec vos enseignants, vos principaux alliés pour traverser les périodes de découragement. Ils pourront, entre autres, donner leurs idées sur des moyens à utiliser pour faciliter la conciliation famille-études. De plus, les lieux où vous accomplissez vos travaux doivent être propices à la concentration et à la révision. Lors des périodes de pointe (mi-session, fin de session), votre entourage peut même vous donner un coup de main dans certaines tâches scolaires (en corrigeant des travaux longs, en servant de public pour les exposés oraux). Malgré les efforts et les sacrifices, le RAE devient un objectif atteignable, même en temps de pandémie.
Référence :
Lyne Rhéaume et Sara Savoie. C’est décidé, je retourne aux études! : Une histoire dont vous êtes le héros (2017) Septembre éditeur. 171 pages. Récipiendaire du Prix de l’Orientation 2018 « Impact sur le public »