La situation socioéconomique pandémique vécue dans la dernière année a grandement affecté plusieurs entrepreneurs dans tous les domaines. Certains ont investi toute leur énergie à se réinventer, à trouver de nouveaux créneaux, à trouver leur place dans cette nouvelle réalité; d’autres ont essayé tant bien que mal de survivre, tandis que plusieurs ont dû tout quitter en vendant, en cédant ou en fermant leur entreprise, faute d’énergie ou de moyens financiers.
À la suite d’une sortie entrepreneuriale, peu importe qu’elle se soit faite positivement ou non, l’entrepreneur doit rebondir, redéfinir son avenir, ses projets, son plan de carrière. Certains d’entre eux feront appel aux services d’un professionnel de l’orientation ou de la relation d’aide afin de les soutenir dans ce processus.
Il est important de bien comprendre les éléments qui différencient un entrepreneur sortant de tout autre type de clientèle afin de mieux l’accompagner.
Le passage à vide
Plusieurs entrepreneurs disent ressentir un grand vide conséquemment à leur sortie. L’entrepreneur doit faire le deuil de son entreprise et vivre toute une gamme d’émotions allant de la frustration à la nostalgie, en passant par l’isolement ou l’hyperactivité. L’entrepreneur sortant doit se reconstruire, se redéfinir, mais il vit souvent un écart important entre ce qu’il veut être et ce qu’il doit devenir.
Se redéfinir
Conséquemment à ce bilan, l’entrepreneur sortant pourra avoir une meilleure idée du projet professionnel dans lequel il désire s’investir. Incitez-le à avoir un projet précis, afin de faciliter la recherche d’emploi.
Certains entrepreneurs se présentent en disant : « Je peux faire de tout! J’ai tout fait dans mon entreprise et je veux simplement travailler. » Il est préférable de répondre différemment, par exemple : « Mon expérience précédente m’a permis de développer une très grande polyvalence, ce qui fait que je peux m’adapter rapidement à différentes demandes. Toutefois, je préfère les tâches en lien avec la représentation et le service après-vente. C’est pourquoi je postule pour l’emploi de représentant au service à la clientèle. »
Entrevue d’embauche
Un entrepreneur sortant peut avoir du mal à répondre à certaines questions d’entrevue, tout particulièrement s’il perçoit encore son aventure comme un échec. Préparez-le à ces questions :
« Qu’est-ce qui vous a amené à fermer (ou à vendre) votre entreprise? »
Astuce : Ne pas mentir, s’en tenir aux faits. Mettre en valeur la motivation à réutiliser les compétences et les apprentissages acquis en entrepreneuriat ailleurs. Il n’est pas nécessaire de cacher sa déception en lien avec sa sortie entrepreneuriale. En revanche, il est important de rassurer l’interlocuteur en misant sur les aspects d’évolution des champs d’intérêt ou des aspirations.
« Vous n’avez jamais fait ce travail. Pourquoi avoir décidé de vous diriger vers ce type d’emploi à présent? »
Astuce : Il faut mettre en valeur les forces transférables et donner des exemples de réalisations accomplies qui illustrent la capacité́ à accomplir les tâches demandées par l’employeur. Pour un poste qui semble très loin de l’expérience acquise, il peut être intéressant de souligner que la candidature se démarque donc par un profil différent qui pourrait être « un plus » dans l’équipe.
« Vous avez toujours été le patron, comment croyez-vous réagir devant l’autorité? Comment envisagez-vous le travail d’équipe? »
Astuce : il est préférable de reconnaître son tempérament et sa façon habituelle d’interagir avec les autres. L’objectif : rassurer l’interlocuteur et le convaincre que la persévérance, la passion, le dévouement à son propre projet entrepreneurial passé est transférable et qu’il sera réinvesti au sein de la nouvelle organisation en tant qu’employé.
Rebondir
Il n’y a pas de recette magique pour bien vivre la fin de quelque chose. Certains passeront à autre chose rapidement, sans regarder en arrière, alors que d’autres resteront longtemps « accrochés » à leur ancienne vie, à ce qu’ils ont perdu. Il faut encourager les entrepreneurs sortants à rester positifs, à aller de l’avant, mais surtout à trouver leur façon de bien vivre leur après-inc. dans de nouveaux projets ou au sein d’une organisation qui gagnera à les engager.
Annik De Celles, coauteure L’Après-inc. – Vivre sa sortie entrepreneuriale positivement (Septembre éditeur)