Pour l’amour du processus
Marché du travail

Pour l’amour du processus

Vous rappelez-vous le temps où l’on jouait au ballon-chasseur pour le plaisir de bouger et pour partager une expérience dans le moment présent avec nos ami(e)s? Ces genres de moments sont la plupart du temps associés à une période de jeunesse ou à nos souvenirs du passé. Si je vous demandais de nommer la dernière fois que vous aviez apprécié une activité sans vous soucier des conséquences potentielles ou sans attendre de récompenses quelconques, j’espère que vous trouveriez un moment qui ne date pas de trop longtemps. Cependant, dans la majorité des cas, plus nous vieillissons, moins nous avons tendance à accorder d’importance aux moments de plaisir et à la motivation basée purement sur nos champs d’intérêt et nos valeurs personnelles.

Que ce soit dans la sphère du travail, à l’école ou dans la pratique sportive, il est toujours pertinent de prendre un pas de recul pour se demander quelles sont les raisons qui motivent nos différentes décisions dans la vie.
Le fait de se poser des questions sur le sens que l’on accorde à nos comportements nous permet de prendre conscience de notre situation actuelle et d’évaluer si elle est en harmonie avec nos valeurs. Ce recul est bénéfique pour l’élaboration de stratégies menant au développement de l’amour du cheminement, plutôt que de simplement viser l’atteinte de résultats. 

Chez les athlètes de haut niveau, il peut arriver que la reconnaissance ou les récompenses soient de grandes sources de motivation pour rester disciplinés dans l’atteinte de leurs objectifs. Dans le monde sportif, on encadre souvent les athlètes dans une approche orientée vers les résultats. Comme les performances des athlètes sont mesurées en fonction des chiffres, des notes et des calculs de différents éléments perceptibles durant les compétitions, il peut être compréhensible que leurs objectifs soient liés à l’atteinte de résultats concrets. En revanche, cette façon de voir l’entraînement et la préparation aux compétitions peut être nuisible à l’athlète qui a tendance à baser son sentiment de satisfaction sur des caractéristiques externes, et non pas sur son propre ressenti.

Le fait de valoriser les résultats par rapport au processus peut amener une personne à développer une motivation basée sur les récompenses/punitions et à devenir dépendant de certains éléments externes pour maintenir son état de bien-être général. 

Lorsque vient le temps d’accrocher l’équipement sportif et de passer à une autre étape, il est d’autant plus important de faire preuve d’indulgence envers soi-même et de miser sur de petits objectifs réalistes. Quand un athlète vit sa transition d’après-carrière sportive, il y a plusieurs éléments qui peuvent venir influencer son expérience, positivement ou négativement. Un des éléments qui permet à une personne de faire face à cette réorientation de carrière est d’être préparée mentalement à ne plus avoir le même encadrement que lorsqu’elle pratiquait un sport à un niveau compétitif. En effet, l’athlète devra être outillé pour se créer ses propres objectifs, qui répondent à sa nouvelle réalité professionnelle, et il devra faire preuve de beaucoup plus d’autonomie dans ses prises de décision. Si l’athlète n’a pas développé sa connaissance de soi et sa capacité de faire des choix éclairés durant sa pratique sportive, il sera plus difficile pour lui de transférer ce mode de fonctionnement dans sa nouvelle carrière professionnelle. Le manque de récompenses externes, comme les médailles, la reconnaissance de l’entraîneur ou les évaluations constantes des performances, vient appuyer l’importance de focaliser son attention sur le moment présent et sur l’amour du processus.  

Lorsque nous sommes conscients de nos propres besoins, valeurs, motivations et champs d’intérêt, il est plus facile de trouver des activités professionnelles qui nous permettent d’être motivés par des éléments qui comptent vraiment pour nous. Un travail réflexif et intuitif est donc essentiel pour développer ou maintenir une appréciation du moment présent et du cheminement pour se rendre aux objectifs fixés. Il faut sortir du pilote automatique, s’écouter et avoir confiance en notre propre ressenti pour trouver ce qui procure du sens à nos yeux. Si vous pouviez faire abstraction de toutes les pressions externes qui vous entourent, que feriez-vous par pur plaisir et par amour du processus?  

Conseillère d’orientation en pratique privée ayant une expertise auprès de la clientèle d’athlètes de haut niveau. Elle détient un baccalauréat en psychologie de l’UQTR et une maîtrise en sciences de l’orientation de l’Université Laval. Membre de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation depuis juin 2018.
follow me
×
Conseillère d’orientation en pratique privée ayant une expertise auprès de la clientèle d’athlètes de haut niveau. Elle détient un baccalauréat en psychologie de l’UQTR et une maîtrise en sciences de l’orientation de l’Université Laval. Membre de l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation depuis juin 2018.